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Procès du drame de Millas : « Déni de réalité » ou « conviction », la conductrice du car face aux psychiatres

Au tribunal correctionnel de Marseille,

Sans aucun doute, depuis le début du procès de l’accident de car de Millas il y a neuf jours maintenant, jamais le tribunal n’avait aussi bien avancé dans la compréhension, si ce n’est des faits, dans celle de l’attitude de la prévenue, Nadine Oliveira.

Et celle-ci est due à l’exposé de la médecin psychiatre Françoise Grau-Espel qui a expertisé la conductrice du car, jugée à Marseille pour homicides involontaires dans le cadre de l’accident à un passage à niveau qui a coûté la vie à six enfants et sérieusement blessé 17 autres. Nadine Oliveira souffre « d’un déni de réalité associé à une dissociation traumatique », a expliqué la psychiatre qui s’est entretenue avec la conductrice au tout début de l’année 2018, soit un mois après l’accident.

Force est de constater que la prévenue n’avait pas réellement avancé dans son parcours thérapeutique jusqu’à l’audience, tournant en boucle sur les barrières étaient fermées, affirmant ne pas avoir grillé ce jour-là un stop et ne pas rouler à vive allure, autant d’éléments mises à mal par les expertises.

Le déni de réalité est « un refus de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient qui constitue une protection nécessaire devant la réalité si angoissante qu’elle peut provoquer un effondrement psychique », a-t-elle défini. L’experte psychiatre s’est fondée sur le récit de l’événement par Nadine Oliveira, dans lequel la conductrice « ne se dissocie pas des enfants dans l’accident (…) Elle est tellement traumatisée qu’elle lie tout ce qui s’est passé à elle, elle se vit comme victime et pas comme accusée », a complété la psychiatre qui évoque son « égocentrisme » découlant de ce syndrome psychotraumatique. Mais c’est sa conclusion qui a le plus fait écho aux jours vécus dernièrement dans la salle de la caserne du Muy : « elle va s’effondrer cette femme et quand la dissociation va passer, ça va être terrible ».

Le malaise de la conductrice comme aveu ?

Forcément, tous dans la salle, de la tribune aux bancs des avocats ou des familles, ont pensé à jeudi dernier lorsque poussée dans ses retranchements sur ce que la conductrice appel son « trou noir », celle-ci s’est effondrée, menant à son hospitalisation à la suite d’un infarctus. « Quelles peuvent être les conséquences physiologiques d’un effondrement ? », a demandé le tribunal.  « Ulcère, infarctus du myocarde », a répondu la médecin psychiatre. « On pourrait être tenté d’avoir un jugement sur son comportement » était intervenu le procureur, faisant état de l’attitude Nadine Oliveira, refusant d’endosser la moindre responsabilité dans ce drame. « Je pense qu’elle ne peut pas dire que la barrière était fermée, elle tellement choquée. Ce qu’elle peut dire c’est qu’elle est victime avec les enfants », a poursuivi Françoise Grau-Espel.

Une hypothèse nuancée par son confrère, le docteur Capdeville, qui a parlé de « conviction » et qui s’est entretenu avec Nadine Oliveira à trois reprises au cours de l’année 2019.

Toujours est-il que cette journée d’audience et les éléments portés à la connaissance du tribunal semblent satisfaire aussi bien les parties civiles que les avocats de la défense. Pour le premier, cela les conforte dans l’hypothèse que Nadine Oliveira est bien fautive et que son malaise est son aveu, le jour où elle a réalisé qu'elle était bien prévenue et non vicitme dans cette affaire. Pour les seconds, cela démontre que leur cliente, qu’ils doivent aller voir à l’hôpital en fin de journée, ne ment pas. Le procès doit encore se poursuivre pendant 10 jours avec notamment, le témoignage des familles de victimes.