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Procès du magicien pour viols : « On s’attendait à ce qu’il fasse profil bas et il rayonne ! »

Les parties civiles retenaient leur souffle quand l’accusé a rejoint le box. Il était 9 h 30, ce vendredi matin. Cheveux rasés sauf sur le sommet du crâne, petit bouc au menton, chemise noire, le trentenaire a cherché une contenance en arborant un petit sourire. Ce rictus a eu le don de faire bouillir quelques parents. « On s’attendait à ce qu’il fasse profil bas et il rayonne ! », fulminait un père de famille, quelques minutes plus tard.

Une liste de victimes fournie au juge

Ce papa est l’une des 43 parties civiles de ce procès longuement attendu. « Nous avons l’avantage que l’accusé reconnaisse les faits, de sorte que le débat pourra, peut-être, être davantage axé sur le ressenti des victimes », espérait Me Olivier Pacheu. L’affaire avait éclaté en décembre 2017, à la faveur d’une plainte déposée, à Rennes, par une fillette. Convoqué par la police, celui qu’elle désignait comme son agresseur sexuel avait, dans les heures précédant son placement en garde à vue, multiplié les coups de fil à ses connaissances pour dire qu’il « avait fait quelque chose de mal ». Rapidement, le suspect avait reconnu de nombreux actes pédophiles, et fourni une liste de ses victimes au juge d’instruction.

« Les enfants se trouvaient ainsi à sa portée »

Vingt-sept victimes, âgées de 4 à 13 ans, pour la plupart des fillettes âgées de 5 à 7 ans, furent finalement dénombrées, au grand dam des parents. Tous ces adultes étaient tombés sous le charme de l’accusé. Souriant, affable, jouissant d’une grande popularité auprès de leurs enfants, cet auto-entrepreneur avait une carte de visite idéale : « Magicien, sculpteur de ballons », comme il l’a énoncée devant la cour. Grâce à ce sésame, il animait anniversaires et mariages, puis gagnait la confiance des familles jusqu’à être invité à demeure. « Les enfants se trouvaient ainsi à sa portée », résume Me Gwendoline Ténier, autre partie civile.

« Les parents portent une culpabilité immense »

L’enfant défendu par Me Ténier avait 7 ans lorsqu’elle a été abusée. Aujourd’hui âgée de 12 ans et demi, elle était présente, ce vendredi. « Elle assistera aux moments forts de l’audience. Elle les laissera dans un coin de sa tête. Dans quelques années, ce seront peut-être des éléments clés pour répondre aux questions qui sont les siennes ». L’avocate pointe un autre enjeu, pour les parents cette fois : « Mes clients, qui portent une culpabilité immense, aimeraient élucider la manière dont l’accusé a été en capacité de renouveler autant de fois des actes aussi graves. Cela peut s‘apparenter à un mode opératoire, de façon que la confiance lui soit systématiquement donnée », complète Me Angélique Ténier.

20 ans de réclusion encourus

Compte tenu de la longueur des débats, présidée par Frédéric Digne, et qui vont durer jusqu’au 14 octobre, cinq jurés supplémentaires ont été tirés au sort aux côtés des six titulaires chargés de juger l’accusé. En récidive, il encourt 20 ans de réclusion. Au cours de ses cinq années de détention provisoire - délai exceptionnellement long -, seules sa mère et l’une de ses sœurs lui ont rendu visite.