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Procès du Rio-Paris : Air France et Airbus relaxés ? Réponse... dans quatre mois

Près de cinq mois. C'est le temps que les familles des victimes de la catastrophe du Rio-Paris, survenue il y a treize ans, devront encore attendre avant de connaître le verdict de ce procès hors normes qui a pris fin jeudi. Après neuf semaines d'audience que La Tribune a suivies et décryptées dans ses éditions spéciales, le tribunal se prononcera le 17 avril 2023 sur le sort d'Airbus et d'Air France, jugés pour homicides involontaires depuis le 10 octobre.

Les deux industriels ont répondu à des interrogatoires pour tenter d'évaluer le niveau de responsabilité de chacun. Aussi, il aura été question des sondes Pitot, dont le givrage avait été pointé comme l'une des causes du décrochage fatal de l'AF447 survenu en pleine nuit, le 1er juin 2009. Il avait emporté les vies de 216 passagers et 12 membres d'équipage.

Aussi, l'enregistrement issu des boîtes noires, retrouvées à près de 4.000 mètres de fond après deux ans de recherches dans une zone de reliefs sous-marins considérables, a été diffusé pour la première fois, à huis clos, le 17 octobre.

Le parquet a requis mercredi en creux la relaxe des deux entreprises, après une procédure judiciaire de plus d'une décennie, marquée par un non-lieu en 2019, avant qu'un procès ne soit ordonné en 2021.

> LES EDITIONS SPECIALES - Catastrophe du Rio-Paris :  un procès hors normes

Treize années de questionnements

Dans l'A330 se trouvaient des personnes de 33 nationalités différentes, notamment 72 Français (61 passagers et 11 membres d'équipage), 58 Brésiliens et 26 Allemands.

Le procès a aussi été l'occasion pour les proches des victimes de prendre la parole pendant une semaine, partageant leur souffrance depuis plus de 13 ans, leur manque aigu des disparus et pour certains leur intense colère.

Airbus fait appel au droit

Au dernier jour du procès, la défense d'Airbus a plaidé, comme celle d'Air France la veille, la relaxe, demandant au tribunal d'« appliquer le droit et seulement le droit » en rendant une « décision humainement difficile, mais techniquement et juridiquement justifiée ».

« On est sur un lieu d'antagonisme entre l'émotion et la raison », a-t-il estimé. « La vérité peut parfois ne pas apaiser. Il vous appartiendra d'appliquer le droit et seulement le droit », a-t-il poursuivi, demandant au tribunal de prononcer « une décision qui sera humainement difficile, mais techniquement et juridiquement justifiée : une décision de relaxe ».

Me Simon Ndiaye a débuté sa plaidoirie, au lendemain des réquisitions en creux de relaxe du parquet qui a estimé ne « pas (être) en mesure de requérir la condamnation » d'Airbus et d'Air France, jugés pour homicides involontaires depuis le 10 octobre.

A l'issue de neuf semaines d'audience, la 31e chambre correctionnelle du tribunal de Paris mettra sa décision en délibéré jeudi après-midi : elle tranchera dans plusieurs mois sur la responsabilité ou pas des entreprises dans cette catastrophe qui a coûté la vie à 228 personnes, de 33 nationalités différentes, le 1er juin 2009.

De leur côté, les avocats des parties civiles ont soutenu la culpabilité des entreprises, estimant que les pilotes avaient fait « tout ce qu'ils pouvaient » mais qu'ils n'avaient pas été préparés à la panne des sondes de vitesse Pitot.

Les pannes des sondes en question, et les choix des pilotes

Airbus est soupçonné d'avoir « sous-estimé » la gravité de cette panne, qui avait connu une recrudescence au cours des mois précédant l'accident, et de ne pas avoir pris des « mesures d'urgence » pour informer les compagnies aériennes.

Air France est quant à elle poursuivie pour ne pas avoir suffisamment formé et informé ses équipages à la défaillance des sondes Pitot et à ses conséquences dans le cockpit.

Dans les mois qui ont précédé le crash, il y avait eu une recrudescence de pannes de ce type, sur une à deux sondes pour un même avion. Mais pour Airbus, « à l'époque des faits, personne ne relevait de dangerosité » significative, « dans tous les cas connus à l'époque, il y avait eu une maitrise de la trajectoire ».

L'avionneur est aussi soupçonné de ne pas avoir pris de « mesures d'urgence » à destination des compagnies aériennes, afin qu'elles forment et informent mieux leurs équipages sur le sujet.

« Il y a eu une réaction active de la part d'Airbus pour informer les compagnies, rappeler les éléments utiles des entrainements, attirer l'attention sur l'effet de surprise », a fait valoir l'avocat.

Se défendant de vouloir « blâmer les pilotes, accabler les morts », il est néanmoins revenu sur le déroulement du vol, mettant en exergue l'absence d'évitement de la zone de turbulences, la répartition floue des responsabilités au sein de l'équipe des pilotes.

« Les pilotes disposaient d'informations essentielles permettant de reconnaître et d'identifier la situation », a-t-il assuré.

« Les raisons pour lesquelles l'équipage n'a pas réagi de façon adéquate » restent « inexpliquées », a-t-il conclu. « Cela restera peut-être un mystère, mais cela ne peut pas être la base d'une condamnation ».

(Avec AFP)

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