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Protectionnisme : America First, une très ancienne doctrine

De Donald Trump à Joe Biden, un consensus protectionniste s’impose. Un retour à l’isolationnisme du XIXe siècle.

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Avec Donald Trump, les Européens avaient redécouvert les droits de douane américains. Avec Joe Biden, ils expérimentent les charmes des aides d’Etat. Cet été, ils n’ont pas réagi : le Chips Act et l’Inflation Reduction Act (IRA), tous deux promulgués en août, subventionnent massivement l’industrie des microprocesseurs et des énergies renouvelables. Mais les Européens eux-mêmes n’avaient-ils pas fait pareil juste avant, inondant de subventions, en France et en Allemagne, la gloire déchue Intel et le secteur de l’énergie ? Sauf que dans ce monde qui émerge, les Américains laissent sur place les Européens, avec 280 milliards de dollars (267 milliars d’euros) pour le Chips Act, 370 milliards de dollars pour l’IRA.

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La bascule trumpiste était d’abord économique – récupérer les emplois industriels délocalisés pour séduire l’électorat ouvrier blanc. Celle de Biden est nationaliste, après que les Etats-Unis ont découvert qu’ils ne produisaient plus sur leur territoire les microprocesseurs à application militaire les plus avancés (ils sont fabriqués par le taïwanais TSMC ou le coréen Samsung). M. Biden parachève le concept lancé par M. Trump : le « Make America Great Again » est devenu le « Build it Back in America », construisez-le en Amérique. Le président démocrate se vante même de faire ce que Trump n’a pas réussi : se lancer dans un vaste plan de subventions d’usines, auquel ne croit d’ailleurs pas toujours Wall Street, comme en atteste le cours boursier catastrophique d’Intel. Toutefois, l’Amérique partage ce consensus : il est temps de rapatrier les chaînes de valeur stratégiques, et l’Europe désindustrialisée fait figure de victime collatérale.

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Le phénomène marque une rupture majeure avec l’Amérique libre échangiste d’après 1945 et signale un retour à l’isolationnisme du XIXe siècle. Lors de sa naissance, la jeune fédération américaine se divise en deux clans, le Nord républicain qui veut protéger son industrie naissante des manufactures anglaises, les plus performantes du monde, et le Sud démocrate, qui plaide pour le libre-échange, pour exporter tabac, riz et coton. Les droits de douane sont alors la seule ressource de l’Etat fédéral. Des batailles homériques au Congrès font augmenter les droits jusqu’à 62 % en 1830 puis les font descendre à 20 % en 1859, à la veille de la guerre de Sécession. Les Républicains du Nord, le parti d’Abraham Lincoln, assimilent le libre-échange à l’esclavagisme. En 1860, la valeur des esclaves est de 50 % supérieure à tout l’investissement manufacturier et ferroviaire américain, explique Douglas Irwin, dans une histoire monumentale du commerce américain (Clashing over Commerce, a History of US Trade policy, the University of Chicago Press, 2017, non traduit), que reprend largement cet article.

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