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Qatar : Macron hors jeu [Le point de vue de CL]

Qatar : Macron hors jeu [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Eric DECOUTY - e.decouty@charentelibre.fr, publié le 27 novembre 2022 à 22h08, modifié à22h08.

Retrouvez notre éditorial du lundi 28 novembre.

Si les Bleus brillent sur les terrains qataris, la politique française se perd chaque jour davantage dans la confusion jusqu’à s’y fourvoyer. Passons sur les saillies de Noël, Le Graët trouvant toutes les vertus à l’Émirat. En fin de...

Si les Bleus brillent sur les terrains qataris, la politique française se perd chaque jour davantage dans la confusion jusqu’à s’y fourvoyer. Passons sur les saillies de Noël, Le Graët trouvant toutes les vertus à l’Émirat. En fin de règne et accablé par les affaires, le patron du foot français n’est plus que le petit télégraphiste de Gianni Infantino, le tout-puissant président de la fédération internationale. Plus graves sont en revanche les déclarations successives d’Emmanuel Macron et de plusieurs de ses ministres. Elles attestent toute à la fois d’incohérence, d’hypocrisie et même d’un cynisme que la logique du « en même temps » ne peut servir à justifier.

Examinons quelques-unes de ces sorties. La semaine dernière, le chef de l’État ose sans barguigner affirmer qu’il « ne faut pas politiser le sport », autrement dit ne pas profiter de la Coupe du monde pour dénoncer l’exploitation des travailleurs immigrés ou le non-respect des droits des homosexuels, pour ne citer que deux exemples des pratiques politiques du régime local. Pourtant trois jours plus tard, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports semble corriger la doctrine présidentielle, non pas en arborant comme sa collègue belge le fameux brassard arc-en-ciel interdit symbole de la défense des droits LGBT, mais en invitant courageusement les joueurs à « utiliser les espaces de liberté » pour défendre les droits humains. Enfin comme si le pouvoir n’était plus à une volte-face près, Emmanuel Macron s’est fendu ce samedi d’un tweet se félicitant des changements politiques en cours dans l’Émirat, apportant au passage son soutien aux autocrates en exercice.

Chacun sait que le sport est un outil politique. La Coupe du monde en cours n’y échappe pas. Pour les démocraties elle doit être le moyen de peser sur le régime pour que l’universalité du football soit aussi celles des droits de tous les individus. Pas un responsable n’ignore qu’elle est aussi un instrument diplomatique. Le rapprochement historique entre l’Émir du Qatar et le prince héritier saoudien, dans les tribunes d’un stade en est la dernière preuve. Mais par ses circonvolutions et ses contradictions, la France semble avoir renoncé à ce moyen d’influence politique aux noms d’intérêts économiques et financiers. Il serait de la dernière lâcheté de passer la balle de la responsabilité aux seuls joueurs.