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Qu’est-ce que les Brav-M, ces unités de police décriées pour leurs méthodes musclées ?

Créées en mars 2019 durant le mouvement des Gilets jaunes, les Brav-M font l’objet de critiques depuis plusieurs jours dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites, des critiques venant notamment d’une partie de la classe politique.

Leurs agents sont facilement reconnaissables : des binômes de policiers en uniforme sur une moto. Les Brav-M (brigades de répression de l'action violente motorisées) sont des unités de police décriées pour leurs méthodes d’intervention musclées. Elles se retrouvent au cœur de l’actualité ces derniers jours, mises en cause récemment dans plusieurs affaires de violences policières dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites.

Dernier fait d’actualité : la révélation d’un enregistrement sonore d’une intervention de police lors d'une manifestation à Paris le 20 mars, que Le Monde et le média en ligne Loopsider se sont procuré. On y entend des menaces et des intimidations proférées par des policiers contre de jeunes manifestants.

Dans un enregistrement sonore d’une vingtaine de minutes que Loopsider s’est procuré, plusieurs policiers des Brav-M menacent et intimident sept jeunes gens interpellés lundi soir après une manifestation contre la réforme des retraites. Voici une partie de ce document édifiant. pic.twitter.com/dvWDZbGQSb

— Loopsider (@Loopsidernews) March 24, 2023

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a annoncé vendredi avoir saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "Évidemment que ces propos sont inacceptables (...), qui déontologiquement posent des problèmes très graves", a déclaré l'ancien secrétaire d'État sur France 5, ajoutant être, "comme tout le monde, très choqué".

"Intervenir vite"

Ces brigades naissent en mars 2019, en plein mouvement des Gilets jaunes (débuté dès novembre 2018). "L'idée était de pouvoir intervenir vite, là où les grosses compagnies ne passent pas ou sont trop lourdes avec leurs kilos de matériel", a expliqué à l'AFP le commandant de police Patrick Lunel, qui a participé à leur création.

Les Brav-M comportent aujourd'hui six sections de 18 opérateurs et autant de motards, soit 92 équipages, un chiffre voué à monter jusqu'à 150 d'ici les Jeux olympiques de Paris, d'après le commissaire qui les dirige, Stéphane Boscariol.

Les Brav-M portent une tenue et un casque de motard, un gilet tactique, un marquage police, une radio de transmission et une arme de poing (SIG-Sauer). Chaque agent est aussi équipé d'une caméra-piéton, qu'il déclenche individuellement et qui est remise en fin de service. Son équipement emblématique reste la matraque télescopique ou des bâtons dit "gommes", des modèles courts plus pratiques sur la moto. Chaque agent est équipé de grenades lacrymogènes à main et de grenades de désencerclement GENL. Chaque section comprend également quatre porteurs de bouclier et un tireur de LBD, et dispose d'un lanceur "cougar" pour les grenades de longue portée.

Comparaison avec les "Voltigeurs"

Plus mobiles que les compagnies de CRS ou les gendarmes mobiles, les Brav-M se déplacent en convoi dans Paris et sa petite couronne pour intervenir au cours de manifestations, sur des violences urbaines, des dégradations ou des actions de dispersion mais aussi en soutien d'unités en difficulté. Elles peuvent procéder à des interpellations, en allant chercher "dans la foule" des personnes remises ensuite à des officiers de police judiciaire.

Dans une vidéo tournée en immersion, la préfecture de police précise que ces unités de choc ont notamment pour mission de "bloquer les départs de cortèges sauvages" et "contenir les manifestants".  Sauf risque imminent, les Brav-M n'interviennent que sur ordre de la salle de commandement, selon son encadrement. Hors manifestations, elles viennent en aide aux commissariats dans la lutte contre les violences urbaines ou sur les contrôles routiers.

Dans la vidéo de la préfecture, les agents des Brav-M indiquent ne pas vouloir être comparés aux "Voltigeurs", du nom de cette brigade de police motorisée opérationnelle entre 1969 et 1986. Créée au lendemain des événements de Mai-68, celle-ci avait été dissoute après l’affaire Malik Oussekine.

Deux enquêtes judiciaires

Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes cette semaine et confiées à l'IGPN à la suite de deux plaintes visant des policiers des Brav-M. La première a été déposée par une femme qui a reçu un coup de matraque le 18 mars de la part d'un policier casqué alors qu'elle semblait immobile, coincée contre un mur, avec d'autres personnes dans le quartier de Châtelet, selon une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux. La seconde concerne le coup de poing asséné par un policier au visage d'un manifestant lundi soir, capté par une vidéo largement relayée sur Internet.

Dans un courrier adressé mercredi au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, trois députés de La France insoumise (LFI) – Thomas Portes, Antoine Léaument et Ugo Bernalicis – ont demandé le "démantèlement à titre provisoire de la Brav-M". Une pétition a également été déposée jeudi sur le site de l’Assemblée nationale pour demander le démantèlement de ces unités.

Le préfet de police Laurent Nuñez a toutefois indiqué samedi sur France Info que le démantèlement des Brav-M n'est "évidemment pas à l'ordre du jour". "Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l'opprobre sur toute une unité qui, ces dernières années, et singulièrement en ce moment, prouve toute son utilité", a insisté le préfet.

Avec AFP