France
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Quand la Cour des comptes voyage en Absurdistan 

La recommandation de la Cour des comptes indique que la France doit « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques ». La Cour ajoute que le ministère de l’Agriculture « n’a pour le moment pas suffisamment pris en compte les liens entre la taille du cheptel et les engagements climatiques que ce soit dans son plan climat ou dans son plan stratégique national pour la future politique agricole commune. La Cour estime que la filière bovine serait responsable en France de 11,8% des émissions d’équivalent CO2 en raison du méthane imputable à rumination. Elle disait cela, le jour où le gouvernement publiait un texte indiquant que le réchauffement global en France atteindra en 2100 +4°C de plus qu’au début du XIXème siècle. L’agriculture émet entre 19 à 20% des émissions de gaz à effet de serre en France. Cela veut dire que 80% proviennent d’autres secteurs qui sont par ordre d’importance les transports, le bâtiment et l’habitat, l’industrie, la production électrique et le traitement des déchets. Mais l’agriculture est vitale dans notre pays qui compte près de 70 millions d’habitants désormais. Certes, nous pouvons et devons réduire le bilan carbone de nos assiettes en mangeant moins de viande. On peut la remplacer partiellement par des végétaux riches en protéines, comme le pois chiche, la lentille et le haricot sec.Mais pourquoi la Cour des Comptes a-t-elle choisi de ne préconiser que la réduction du cheptel bovin en occultant des sujets comme l’indispensable rénovation des passoires thermiques et la réduction des transports routiers ? La Cour indique que le gouvernement devrait »définir en rendre publique une stratégie de réduction du nombre de vaches élevées en France« . Ce nombre a diminué d’environ 10% et de 830.000 têtes en France entre 2017 et 2021, au point que les importations sont en forte hausse de même que les prix de la viande dans les magasins. Pierre Moscovici, actuel président de la Cour des Compte, a contribué à ce recul quand il défendait le libre-échange à Bruxelles.

Les oublis suspects de l’ex Commissaire européen 

De novembre 2014 à novembre 2019, il était commissaire européen aux Affaires économiques et financières, mais aussi à la Fiscalité et à l’Union douanière au sein de la commission présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Junker. En 2019, un accord de libre-échange été négocié entre la Commission européenne et les pays de Mercosur. Il leur permet d’accroître leurs exportations de viande bovine en Europe avec un droit de douane de seulement 7,5%. S’y ajoutent les exportations de soja, de céréales et de sucre de canne qui concurrence le sucre de betteraves en Europe.La sortie des quotas laitiers, qui régulaient la production laitière en Europe depuis1984, est intervenue en 2015, quand Moscovici était commissaire. Mais dès 2014, le nombre de vaches laitières avait augmenté en Europe dans les pays comme l’Irlande, les Pays Bas et la Pologne ce qui a fait baisser le prix du lait et celui de la viande bovine en France durant plusieurs années de suite. Durant toute l’année 2021, le kilo de carcasse d’une vache laitière de réforme oscillait entre 2,70€ et 3,40€ sur le marché de Cholet. Il est actuellement supérieur à 4,50€. Pendant cinq années de prix bas, les éleveurs de vaches laitières, mais aussi dans les races à viande, ont vendu plus de vaches que souhaité afin de ne pas trop s’endetter. Plus récemment, en raison d’une offre nationale inférieure, à la demande cela se traduit aussi par une hausse du prix de la viande d’environ 16% dans les linéaires de la grande distribution.

Des importations en hausse de 23% en 2022

Dans une lettre ouverte datée du 23 mai et adressée à la Première ministre, la Fédération nationale bovine (FNB) de la FNSEA rappelle que les bovins français sont essentiellement nourris à l’herbe et que les prairies stockent du carbone, »une spécificité de plus en plus rare à l’échelle de la planète« . Elle ajoute que face au recul de la production française »les importations de viandes bovines ont bondi de plus de 23% en 2022, par rapport à 2021, une tendance qui se poursuit sur les premiers mois de 2023. Et les accords de libre-échange en cours de négociation ou de ratification pourraient amplifier ce phénomène dans un avenir proche. En offrant, au passage, de nouveaux débouchés porteurs pour l’élevage industriel en « feedlots » (1) tel qu’il est majoritairement pratiqué dans d’autres régions du monde. Les éleveurs américains ou brésilien, bien qu’engraissant, pour la plupart, leurs bovins à grands coups d’antibiotiques dans des fermes usines de 30.000 places, semblent poser moins se problèmes que nous, éleveurs français!« , écrit la FNB en visant le président de la Cour des comptes. Nous publierons demain d’autres réactions suscitées par cette prise de position ubuesque de la Cour des comptes.

Faudra-t-il recourir aux tickets de rationnement ?

 Sauf à rétablir les tickets de rationnement comme au sortir de la seconde guerre mondiale, on voit mal comment la réduction du cheptel bovin en France sera compatible avec la demande en viande bovine, mais aussi en produits laitiers, sachant que la moitié environ des vaches sont traites deux fois par jour. François Hollande nomma Pierre Moscovici pour succéder à Michel Barnier comme commissaire de nationalité française à Bruxelles au moment ou Manuel Valls succédait à Jean-Marc Ayrault à Matignon. A son retour de Bruxelles, Moscovici a été nommé à la Cour des comptes par le président Macron. Il y perçoit une rémunération brute de plus de 15.000€. Comme il est né en 1957, cette somme s’ajoute probablement à une pension de retraite encore plus élevée pour cet ancien haut fonctionnaire, qui fut aussi député ou ministre pendant 18 ans avant d’être commissaire européen. Moscovici ne risque donc pas les privations alimentaires malgré la hausse du prix de la viande. Il n’en va pas de même pour les millions de personnes, salariées et retraitées, qui perçoivent moins que le SMIC à la fin de chaque mois.