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Quand la France redécouvre les vertus du protectionnisme

Economistes et responsables politiques évitent le terme, connoté à la Seconde Guerre mondiale, mais c’est bien une politique donnant la priorité à l’économie européenne qu’entend proposer Emmanuel Macron.

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Près de deux ans après son investiture, c’est encore Joe Biden qui dicte l’agenda européen. Célébré pour son plan de relance à 2 000 milliards de dollars (environ 1 908 milliards d’euros) au sortir de la pandémie de Covid-19, voilà le président américain passé « du mauvais côté de la force » avec l’Inflation Reduction Act (IRA), selon les propos du ministre de l’industrie français, Roland Lescure, qui s’exprimait le 16 novembre lors d’une conférence organisée par Business France.

Ce texte, qui prévoit près de 400 milliards de dollars de dépenses, va subventionner massivement les industriels américains avec des clauses de préférence nationale, incitant au passage les entreprises européennes à localiser leur production aux Etats-Unis, où elles profiteraient en sus des bas prix de l’énergie.

La France tente, depuis, de structurer une réponse autour d’un « Buy European Act », dans l’espoir de préserver les entreprises européennes en même temps que l’objectif de souveraineté industrielle, au cœur du second mandat d’Emmanuel Macron. Remettant ainsi au goût du jour une forme de protectionnisme auquel l’Europe, Allemagne en tête, refuse absolument d’avoir recours.

Embarrassés

Le chef de l’Etat évite toutefois d’utiliser ce terme très connoté. « En France, le protectionnisme, c’est mal », résume Hakim El Karoui, essayiste et consultant, dont l’ouvrage L’Avenir d’une exception (2006) dénonçait les risques de délitement social inhérents au libre-échange. « On considère implicitement que c’est ce qui a mené à la seconde guerre mondiale. Ce n’est pas du tout dans la culture politique et économique des élites françaises. » Pourtant, même le Medef a changé de discours sur la politique commerciale, rappelle-t-il. « On parle de réciprocité, mais dans les faits, ça n’est jamais appliqué. Alors qu’en en substance, ce que Joe Biden dit aux Européens, c’est : “Faites pareil”. »

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Les économistes sont eux aussi embarrassés à l’idée du protectionnisme, associé aux rentes, quand le libre-échange favorise la concurrence et les prix bas pour le consommateur. « On n’a pas idée du consensus des économistes contre Arnaud Montebourg » à l’époque où il défendait le « made in France », souligne François Geerolf, professeur d’économie à UCLA (Californie), qui rappelle au passage que « Joe Biden s’est entouré d’économistes hétérodoxes ».

Le sujet est pourtant éminemment politique : « Une usine qui ferme, c’est une permanence RN qui ouvre », a coutume de dire le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Plusieurs économistes américains, comme Dani Rodrik à Harvard, ou David Autor au MIT, ont montré que les zones les plus exposées à la concurrence de pays à bas salaires sont les plus susceptibles de se polariser politiquement. Mais tandis qu’une partie de la communauté des économistes anglo-saxons a évolué dans le sillage de la victoire de Donald Trump puis du Brexit en 2016, peu d’universitaires français se sont penchés sur le sujet, craignant d’être récupérés par l’extrême droite, qui a fait sienne l’idée de la préférence nationale. « Le seul fait de dire que la désindustrialisation est un problème vous exclut du consensus des économistes, regrette François Geerolf. Jusqu’ici, tenir ce discours, c’était tenir un discours populiste. »

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