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Quand les médias fatiguent le citoyen

L’information court d’un téléphone portable à un écran d’ordinateur, de la télévision à la radio, en passant par la presse écrite. Le citoyen est sommé, avec les réseaux sociaux, de prendre position avec la même intensité sur les petits faits et les grands maux de notre société. Incapable de digérer ces informations continues, il sature, et se retrouve dans un état d’anxiété. Tel est le constat dressé, dans l’enquête « Les Français et la fatigue informationnelle, mutations et tensions dans notre rapport à l’information », réalisée par Guénaëlle Gault et David Medioni pour la Fondation Jean-Jaurès, Arte et l’Observatoire Société & Consommation.

Car, en vingt ans, note l’étude, le paysage médiatique a complètement éclaté. Là où, auparavant, la presse écrite, le journal télévisé et la radio se renvoyaient la balle, il y a aujourd’hui une myriade de chaînes, dont certaines pratiquent l’information en continu, et les réseaux sociaux. Pour s’informer, note l’étude, les Français utilisent « 8,3 canaux différents et 3,2 quotidiennement. Trois canaux dominent : le journal télévisé de 13 heures ou de 20 heures (89 % s’informent en général par son intermédiaire), les réseaux sociaux (83 %) et la radio (82 %)  ». Selon le même sondage, « 29 % des Français témoignent d’un attachement fort à la consommation d’informations, 49 % d’un engagement moyen, 22 % d’un engagement faible ». Les plus engagés, indique l’étude, « montrent un profil plutôt urbain, aisé et intéressé par les enjeux politiques ». Ce qui est compliqué, c’est donc la « fragmentation » de l’information, d’un journal télévisé à une émission de talk-show, en passant par Internet. Du coup, 53 % des Français souffriraient de fatigue informationnelle, dont « beaucoup » pour 38 %.

Pour la Fondation Jean-Jaurès, cette pathologie est un enjeu de santé publique et de démocratie. « Les personnes souffrant de fatigue informationnelle souffrent aussi plus que les autres de stress, de dépression ou d’addiction », notent les auteurs. D’autant qu’elles peuvent avoir la tentation de se mettre en retrait de l’information pour se protéger, ce qui croise « la fatigue démocratique et la fatigue généralisée des Français ». Les deux auteurs préconisent de se saisir des états généraux du droit à l’information, voulus par le président de la République, pour trouver des solutions collectives. Et, en attendant, de débrancher nos écrans pour mieux revenir à nous. Ca. C.