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Quand Rungis achalande la musique en duos de pianos

Fondé en 2020 par les pianistes Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, le Rungis Piano-Piano Festival a donné, en première française, le « Concerto n° 2 pour deux pianos et orchestre », de Victor Babin.

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Né en 2020 en pleine pandémie sous l’égide du duo de pianistes Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, le Rungis Piano-Piano Festival se consacre prioritairement – il est pour cela unique en son genre – aux œuvres pour deux pianos ou pour piano à quatre mains. Un répertoire méconnu tant l’instrument roi reste, via la période romantique, associé au symbole de l’artiste virtuose et solitaire, capable de galvaniser un auditoire en pâmoison (Liszt en est la figure de proue).

Il existe bien, au XVIIIe siècle, le délicieux Concerto en mi bémol majeur KV 365, que Mozart composa en 1779 pour lui et sa sœur Nannerl, mais c’est dans la seconde partie du XIXe et au XXe siècle que la littérature pour duo de pianos a connu une certaine envolée, comme en témoigne le très enlevé et humoristique Concerto en ré mineur pour deux pianos et orchestre que la princesse de Polignac commanda en 1932 à Francis Poulenc.

En témoigne également, jeudi 29 septembre, au Théâtre de Rungis (Val-de-Marne), lors de la troisième édition du festival, la création française par Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle du Concerto n° 2 pour deux pianos et orchestre, de Victor Babin (1908-1972), pianiste et compositeur russe qui forma avec sa femme, l’Ukrainienne Vitya Vronsky (1909-1992), l’un des duos de pianos les plus célèbres du XXe siècle. Bien que les Vronsky-Babin aient été en leur temps honorés par le fabricant de Steinway de la distinction « Steinway Immortals », ce sont deux grands Shigeru Kawai de concert qui ont pris place sur le plateau. Autour d’eux, l’Orchestre national d’Ile-de-France.

Carrefour d’influences

Située à un carrefour d’influences telles celles de Prokofiev, Rachmaninov et Chostakovitch, mais aussi de la musique française, l’œuvre de 1956 se déploie en quatre mouvements. Un « Moderato » de tendance néoclassique, écriture légère, foisonnante et colorée, privilégie d’abord l’alternance entre tutti et solistes, tandis que le « Molto vivo e ben ritmico » qui suit en appelle à l’énergie « motorique » d’un Prokofiev, avec ses batteries de rythmes martelés, sa puissance de feu et une cadence réservée aux solistes, non sans une certaine ironie à la Chostakovitch.

En tout début de soirée, ce sont des jumelles de 24 ans, Chiara et Fiona Alaimo, qui ont ouvert le bal avec la partie « Jeunes Talents »

Ouvert par le pupitre des violoncelles, le magnifique « Intermezzo », large élégie confiée aux cordes ponctuée par les vents rêveurs (le basson de Frédéric Bouteille), n’est pas sans évoquer Samuel Barber et Aaron Copland (rappelons que le duo Vronsky-Babin, qui a obtenu la nationalité américaine, fut contraint de s’exiler aux Etats-Unis en 1937). Davantage dans la veine d’un Poulenc que d’un Bach, le « Finale alla Fuga » clôture cette partition avec panache. En bis, Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, couple à la ville comme à la scène depuis dix ans, ont enchanté l’auditoire avec la transcription de la Romance op. 21 n° 7, de Rachmaninov, par Victor Babin, dont le Russe fut le mentor en Amérique.

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