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Quartiers populaires : pas de transition écologique sans justice sociale

Comment harmoniser les politiques écologiques et sociales ? Comment remettre la société dans une dynamique de progrès et de justice ? Rendez-vous pour deux journées de débats à la cinquième édition de Solutions Solidaires, les 1er et 2 février à Bordeaux, en partenariat avec le département de la Gironde.

Le combat pour l’écologie ne remplace pas le combat contre les inégalités, il le rejoint. Car ce sont toujours les plus pauvres et les plus fragiles qui ont le plus à subir les désordres climatiques. C’est vrai dans le sud de la planète, mais c’est vrai aussi dans le nord, en Europe, à l’échelle même d’un pays. C’est vrai en Seine-Saint-Denis, territoire populaire, dense et urbanisé.

Il y a maintenant vingt ans, la canicule de 2003 faisait des ravages en Seine-Saint-Denis, deuxième département le plus touché de France métropolitaine alors même qu’il en est le plus jeune. Pourquoi ? Certes, les personnes âgées qui restent sur notre territoire sont souvent plus abîmées par la vie et par des métiers usants. Mais, au même titre qu’un grand nombre d’habitantes et habitants des quartiers populaires, elles résident aussi dans des passoires thermiques, ces logements très mal isolés, très inconfortables en été comme en hiver, et qui consomment beaucoup d’énergie. A quoi s’ajoutent aussi les effets d’îlots de chaleur qui jouent à plein dans des territoires bétonnés.

Transition écologique salvatrice

En Seine-Saint-Denis, on estime que 40 % de la population est en situation de précarité énergétique et peine donc à payer ses factures d’énergie et à se chauffer, en raison notamment de la vétusté du bâti. Et pour cause : près de 66 % des logements de la Seine-Saint-Denis ont été construits avant 1975, soit avant l’adoption des premières normes de réglementation thermique en France.

En 2050, il fera en Seine-Saint-Denis aussi chaud qu’à Séville, avec environ 4 °C de plus. L’injonction au «chaque geste compte» – une sobriété par ailleurs pratiquée au quotidien et de façon contrainte par les catégories populaires, qui sont ainsi les moins émettrices de carbone – ne suffira pas. Face à cette urgence environnementale, de vrais changements structurels s’imposent dès aujourd’hui pour protéger nos villes et nos quartiers populaires, pour protéger des habitantes et habitants qui appellent réellement à une transition écologique salvatrice, mais sans opposer fin du mois et du monde. C’est le choix politique clair que nous leur devons, et qui doit se traduire par des investissements massifs et non des rustines.

C’est un vaste et puissant plan de rénovation thermique qu’il nous faut lancer. Une politique écologique et populaire, qui réconcilierait de nombreux enjeux : économiques en créant des emplois dans le bâtiment, sociaux en baissant la facture des ménages, et environnementaux en diminuant les émissions carbone. Il y a de la marge : sur 5 millions de passoires thermiques, seules 2 500 rénovations ont été réalisées l’an dernier avec le dispositif du gouvernement Maprimerenov. Nous devons aller plus loin, en généralisant le «zéro reste à charge», en orientant les aides aux ménages vers des travaux de rénovation globale et en accompagnant davantage les plus modestes tout au long de ces démarches.

Remettre à flot les transports collectifs

Faisons également revenir la nature en ville ! Des investissements sont nécessaires pour renforcer ce que l’on appelle les «trames vertes» et les «trames bleues», qui sont nos meilleures alliées pour rendre notre cadre de vie respirable. Découvrons les rivières et les ruisseaux enterrés et permettons à chaque habitant et habitante d’une agglomération de disposer d’au moins 12 m2 d’espace vert dans son quartier. En Seine-Saint-Denis, on en compte moins de 10, et certaines villes dépassent à peine un mètre carré par habitant.

Attaquons-nous à la pollution de l’air, autre véritable fléau dans les villes populaires. Plutôt que d’instaurer brutalement des Zones à faibles émissions, nous devons remettre à flot nos transports collectifs, aujourd’hui en grande difficulté, et les développer dans les territoires sous-dotés, qui sont sans surprise ceux qui accueillent les plus précaires.

L’heure n’est plus aux tergiversations. Car le coût de l’inaction politique est chaque jour de plus en plus élevé et pèse d’abord sur les catégories populaires.