France
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Quels sont les secteurs d’activité qui dépendent le plus des travailleurs immigrés ?

EN UN GRAPHIQUE – Les travailleurs immigrés en France occupent en moyenne un emploi sur dix, mais la proportion peut monter à quatre sur dix dans certains secteurs.

« Aujourd’hui, soyons lucides, est-ce qu’on pense sincèrement que la restauration, les travaux agricoles et beaucoup d’autres secteurs tournent sans immigration ? (…) La réponse est non ! », a affirmé Emmanuel Macron au Parisien, alors qu’il était interrogé sur le futur projet de loi immigration, qui doit être présenté par le gouvernement début 2023 et qui a fait l’objet d’un débat à l’Assemblée nationale, mardi 6 décembre.

Les travailleurs immigrés sont surreprésentés dans certains secteurs d’activité. Ainsi, près de quatre employés de maison sur dix (38,8 %) sont issus de l’immigration, d’après la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, qui dépend du ministère du travail), une proportion quatre fois plus élevée que la part des immigrés dans la population en France, estimée à 10,3 %.

Dans l’ensemble de la population active, le taux d’emploi des immigrés est inférieur à celui des non-immigrés (56,1 % contre 65,8 %). Pourtant, parmi les 87 familles d’activité professionnelles (FAP) distinguées par la Dares, plus d’un tiers (35) emploie une proportion d’immigrés supérieure à la moyenne.

Outre les employés de maison, les immigrés sont surreprésentés dans le bâtiment, les travaux publics, la sécurité ou l’hôtellerie-restauration. Principalement, il s’agit d’emplois peu qualifiés ou d’ouvriers qualifiés et non qualifiés. Mais on trouve aussi des cadres et artisans dans des secteurs en tension. Plus anecdotique, le nombre d’immigrés dans la catégorie des « professionnels de la politique et du clergé » est aussi supérieur à la moyenne, en raison d’une forte proportion de religieux étrangers.

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Un phénomène exacerbé en Ile-de-France

L’importance des travailleurs immigrés dans l’économie est encore plus nette en Ile-de-France, où ils représentent 22,1 % de la population active (1,25 million de personnes en 2018), et même jusqu’à 37 % dans le département de la Seine-Saint-Denis, selon une étude de l’Insee. Ce taux est bien supérieur aux autres régions métropolitaines, où il oscille entre 4 % en Bretagne et 11,7 % en Corse.

Dans la région Ile-de-France, douze métiers sont occupés par des immigrés à plus de 39 %, dans des secteurs d’activités comparables à la situation nationale : métiers de services, de la sécurité et du bâtiment.

Comme le rappelle l’étude de l’Insee, ces professions se définissent par un « niveau de qualification plutôt faible, (…) des conditions de travail plus contraignantes que la moyenne, avec des efforts physiques nombreux, des tâches répétitives dans le travail ainsi que des horaires décalés (tardifs, décalés ou morcelés). (…) La tension de recrutement est source d’enjeux d’autant plus forts qu’il s’agit, pour partie, de métiers-clés, dits “essentiels” pour le bon fonctionnement d’un territoire. Certains ont même été en “première ligne” lors de la crise sanitaire. »

« En moyenne, les actifs immigrés sont moins diplômés que les actifs non immigrés. Les métiers les plus contraignants ont une probabilité plus grande d’être occupés par des actifs moins diplômés », résume Mustapha Touahir, responsable de l’étude et chef du service des études de l’Insee Ile-de-France, interrogé par Le Monde.

Les métiers en tension et les conditions de travail contraignantes

D’après l’étude de la Dares, deux facteurs principaux expliquent la présence accrue d’immigrés dans des secteurs spécifiques : la pénibilité du travail et la tension sur le recrutement. Lorsqu’un métier est « en tension » (ce qui est défini par la Dares comme « un excès de demande de travail »), des facilités peuvent être utilisées par les employeurs pour pallier le manque d’effectif en se tournant vers des immigrés. Une liste est établie dans un arrêté d’avril 2021, qui sera révisée « début 2023 », selon le ministre du travail, Olivier Dussopt.

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Quant aux métiers aux conditions d’exercice contraignantes, « la population non-immigrée est réticente à [y] travailler », explique au Monde Odile Rouhban, chargée d’études au sein de la cellule Statistiques et études sur l’immigration de l’Insee. Sur les trente-cinq familles professionnelles dans lesquelles les immigrés sont surreprésentés, six sont des professions exclusivement ouvrières, qui cumulent contraintes et tensions de recrutement supérieures à la moyenne.

Des métiers réservés aux Français ou aux citoyens de l’UE

A l’inverse, certaines familles professionnelles connaissent un taux de travailleurs immigrés plus faible que la moyenne. C’est le cas dans la fonction publique, où les postes de titulaires sont ouverts aux seuls citoyens européens et où « les étrangers non européens peuvent être recrutés en tant que contractuels », précise l’étude. Certains emplois publics (militaire, policier, etc.) sont même réservés aux seuls Français.

En y ajoutant des professions privées régies par des règles particulières (buraliste, huissier), des métiers nécessitant un diplôme français (médecins, dentistes, avocats) ou dans des entreprises publiques (Banque de France, Commissariat à l’énergie atomique), l’Observatoire des inégalités a calculé en 2019 que plus d’un emploi sur cinq était inaccessible aux non-ressortissants de l’Union européenne.

Au-delà des restrictions légales, les auteurs de l’étude de la Dares expliquent aussi la sous-représentation des travailleurs immigrés par plusieurs facteurs : « pratique de la langue française, équivalence des diplômes, logiques de recrutements, comportements discriminatoires des recruteurs ou des publics dans le cas des professions de contact ».

Dorian Jullien

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