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Qui sont réellement les Casques blancs, fer de lance des opérations de secours en Syrie ?

La Défense civile syrienne, tel est le nom officiel de l’organisation connue aujourd’hui sous le nom de Casques blancs, largement médiatisée aujourd’hui depuis le séisme qui a frappé lundi le sud de la Turquie et la Syrie. Cette organisation, composée de bénévoles de tous horizons, représente à ce jour la majorité des forces de secours présentes en Syrie – où l’on compte à l’heure actuelle au moins 2 600 victimes – dans les régions contrôlées par les rebelles qui contestent le pouvoir de Bachar al-Assad. Car les secouristes internationaux peinent à accéder aux zones rebelles. A cause de la complexité des enjeux géopolitiques de la région, des réticences de certains Etats à collaborer avec le régime syrien, ou encore des conditions matérielles et climatiques désastreuses. Autant de facteurs qui retardent ainsi fortement l’arrivée de l’aide promise par la communauté internationale et qui, tout visibilisant leur travail, mettent sous pression les Casques blancs.

Apparue en 2013 au début de la guerre civile, la Défense civile syrienne compte aujourd’hui près de 3 300 bénévoles d’horizons variés. Elle est active dans toutes les régions contrôlées par les rebelles syriens, soit un territoire réduit aujourd’hui au seul nord-ouest du pays. La zone est régulièrement attaquée par les forces gouvernementales, notamment la province d’Idlib, particulièrement affectée par le séisme de lundi. Les Casques blancs étaient donc déjà sur place, contrairement aux forces de secours que le monde entier mobilise depuis le drame. Ils sont dramatiquement seuls : les aides gouvernementales de Bachar al-Assad ne concernent que les territoires qui sont sous son contrôle. Damas vient d’ailleurs de solliciter l’aide de l’Union européenne pour fournir une assistance aux populations civiles dont la situation est très préoccupante et dont les chances de survie sous les décombres et dans le froid diminuent d’heure en heure.

Cruel manque de moyens

L’action des Casques blancs dans les zones rebelles est menée sans relâche dans ces zones paralysées par des conditions météo désastreuses. Facilement identifiables grâce à leurs casques blancs et leurs vestes orange et noir, les membres de cette organisation sont une figure d’espoir pour les populations accablées par des années de guerre. Reste que les Casques blancs sont confrontés à un cruel manque de moyens. «Toutes les équipes sont épuisées, mais nous continuons à travailler», déclare à l’AFP une bénévole de l’organisation. Les Casques blancs ont «besoin d’équipements lourds, de pièces de rechange pour leurs équipements», signale, toujours à l’AFP, le porte-parole sur place, Mohammad al-Chebli. «Nous demandons à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités à l’égard des victimes civiles. Il faut que des équipes internationales de sauvetage entrent dans nos régions, […] des gens meurent toutes les secondes sous les décombres.»

Face au mépris du gouvernement syrien envers la situation en zone rebelle, les Casques blancs sont de facto l’interlocuteur légitime pour les secouristes internationaux dans la région. L’organisation, déjà aidée par des financements étrangers, va recevoir du Royaume-Uni «800 000 livres supplémentaires» (environ 900 000 euros) à la suite d’une annonce du ministre de l’Intérieur britannique.

«Indépendants, neutres et impartiaux»

Leur légitimité et leur vocation humanitaire sont cependant vivement critiquées par Bachar al-Assad. En avril 2017, il les accusait d’être des membres d’Al-Qaeda : «Ils ont rasé leurs barbes, portent des casques blancs, et sont apparus comme des héros de l’humanitaire. Ce qui n’est pas vrai.» Les rares alliés du régime comme la Russie partagent également ce point de vue. Ces derniers ont d’ailleurs fourni une aide humanitaire à la Syrie mais seulement dans les zones contrôlées par les forces gouvernementales.

L’organisation porte et proclame cependant des revendications humanitaires et humanistes, leur devise, «qui sauve une vie sauve toute l’humanité», est une phrase tirée du Coran qui prend ici une dimension universelle. Le chef des Casques blancs a ainsi déclaré : «Nous sommes indépendants, neutres et impartiaux, nous ne sommes affiliés à aucun groupe politique ou armé.» Leurs actions leur ont notamment permis de recevoir, en 2016, le prix suédois Right Livelihood, qui a vanté «leur courage exceptionnel, leur compassion et leur engagement humanitaire» après la publication sur les réseaux sociaux de vidéos les montrant en train de secourir des enfants dans les ruines d’immeubles bombardés.