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Rafale, SCAF : les tentations embryonnaires de l'Arabie Saoudite

C'est un signal encore très faible, porté par des discussions informelles et préliminaires à bas bruit entre la France et l'Arabie Saoudite. Selon des sources concordantes, Ryad semble s'intéresser au Rafale, qui vole déjà au Proche et au Moyen Orient (Égypte et Qatar) et volera bientôt dans le ciel des Émirats Arabes Unis (EAU). Les Saoudiens ne seraient pas insensibles au fait que ses voisins aient déjà acheté l'appareil tricolore. Ce qui est déjà en soi un petit coup de tonnerre tant le royaume est la chasse gardée des Américains (F-15) et des Britanniques (Tornado puis Typhoon) depuis plus de 50 ans.

"Itar free", "German free"

Il est fort possible que le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier aille faire une visite discrète en Arabie Saoudite dans les prochaines semaines pour vérifier si l'intérêt des Saoudiens pour le Rafale est vraiment solide. Il faut se rappeler qu'en 2006, Paris avait tenté le tout pour le tout pour vendre de gré à gré 72 Rafale. Mais Jacques Chirac s'était cassé le nez, l'Arabie Saoudite portant in fine son choix sur le Typhoon, porté par Londres. Si l'intérêt des Saoudiens était finalement avéré, certains évoquent déjà une commande d'au moins une centaine de Rafale, voire de 200 appareils. Soit beaucoup plus que les Émirats Arabes Unis qui en ont commandé 80 pour la somme de 16 milliards d'euros (armements compris).

Les Saoudiens auraient fait passer quelques messages très clairs aux Français : ils souhaiteraient des avions de combat "itar free" et "german free". En dépit du passage d'Olaf Scholz en Arabie Saoudite fin septembre, le prince héritier Mohammed bin Salman ne veut plus dépendre de l'Allemagne en matière d'armements (Typhoon, armements terrestres). Il est vrai que Berlin a imposé un embargo sur les exportations d'armements vers Ryad mis en œuvre après l'assassinat de Jamal Khashoggi en octobre 2018. Il se méfie de la coalition au pouvoir, qui souhaite renforcer les restrictions sur les ventes d'armes à l'international (hors pays Union européenne et OTAN) en général, et en particulier vers l'Arabie Saoudite. Ryad se méfie également des États-Unis par rapport aux engagements à long terme de Washington au Moyen Orient.

L'intérêt de Ryad pour le SCAF

Enfin, les Saoudiens, qui cherchent à renforcer leur autonomie stratégique pour réduire leurs dépendances technologiques, semblent également s'intéresser au programme SCAF. Ils pourraient monter à bord de ce projet s'il devait capoter avec l'Allemagne et participer éventuellement à un plan B en partenariat avec la France. Tout comme pour le Rafale, ces discussions sont très, très embryonnaires. Mais le courant passe mieux sur certains canaux. Ce qui n'a pas été le cas lors de la visite à Paris en juillet dernier du prince héritier, qui a répondu favorablement à l'invitation d'Emmanuel Macron.

Reçu à l'Élysée pour un dîner de travail avec Emmanuel Macron, Mohammed bin Salman est parti très mécontent à l'issue de ce diner où le chef de l'État français aurait évoqué entre autres les droits de l'homme en Arabie Saoudite. Le président devait aborder des cas individuels ainsi que la situation générale dans le Royaume. Deux autres sujets auraient également irrité le prince héritier, qui aurait finalement quitté Paris dans la foulée alors qu'il était prévu qu'il passe la nuit dans sa somptueuse résidence de Louveciennes (Yvelines) où son proche entourage l'y attendait. Selon nos informations, Paris a même dû batailler pour pouvoir publier un communiqué à l'issue de cette visite, Ryad n'y étant pas favorable. Aussi le chemin sera long, très long avant de parvenir à la signature d'un contrat Rafale, qui pourrait être tout aussi bien in fine un nouveau mirage français en Arabie Saoudite...