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Ravensburger condamné à payer des droits à l'image pour son puzzle de L'Homme de Vitruve

Saisi par la Galleria dell'Accademia, où est conservé le dessin de Léonard de Vinci, la justice a rappelé que l'image d'une œuvre détenue par une institution ne peut être utilisée sans contrepartie.

Reproduire L'Homme de Vitruve requiert une compensation financière a tranché le tribunal de Venise dans une ordonnance rendue dans la bataille judiciaire opposant la Galleria dell'Accademia (où est conservé le chef-d'œuvre) et la société Ravensburger,

En jeu, un puzzle de 1000 pièces vendu jusqu'à 20 euros, reproduisant l'un des plus célèbres dessins de Léonard de Vinci. Depuis 2009, il est commercialisé en Italie, à l'étranger et en ligne, sans qu'aucun droit de reproduction n'ait été versé par la filiale italienne Ravensburger SRL ou les allemandes Ravensburger AG et Ravensburger Verlag GmbH.

La Galleria dell'Accademia a donc demandé aux sociétés concernées, le reversement de droits de reproduction à hauteur de 10 %. Avant d'essuyer une fin de non-recevoir, explique La Repubblica dans un article du 23 février. «Depuis 2019, dès ma nomination, j'ai lancé un projet visant à récupérer l'utilisation commerciale illicite de produits dérivés de l'image du chef-d'œuvre de Léonard», expliquait alors Giulio Manieri Elia, directeur des Galeries de l'Académie vénitienne, au quotidien.

Ce puzzle de 1000 pièces est vendu jusqu'à 20 euros dans les boutiques et en ligne. Ravensburger

La cour de Venise s'est appuyée sur le code italien des biens culturels, stipulant que l'image d'une œuvre conservée par une institution ne peut être utilisée sans le paiement de royalties, pour donner gain de cause à l'institution culturelle. Concrètement, il établit que l'organisme public a droit à une redevance comme s'il était l'auteur de l'œuvre. Une manne non négligeable, les droits sur les œuvres représentent une part substantielle des revenus des musées.

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Pour sa défense, le groupe Ravensburger a soutenu que l'œuvre est tombée dans le domaine public et que les redevances devaient être payées pour les produits uniquement vendus en Italie. Selon la société, les sites internet et les filiales étrangères ne sont pas concernés, étant donné que leur siège social réside en dehors du territoire italien. Des arguments réfutés par la justice italienne.

« Il s'agit d'une décision très importante, s'est félicité le juge Giacomo Galli toujours auprès de nos confrères de La Repubblica. D'autres musées italiens pourraient faire usage de cette ordonnance d'autant plus que certains, notamment ceux de Florence, ont depuis longtemps lancé des initiatives pour lutter contre la reproduction illicite des œuvres qu'ils conservent». En octobre dernier, les Offices de Florence ont notamment poursuivi Jean-Paul Gaultier pour avoir copié la Vénus de Botticelli, «sans demander la permission (...) et payer les droits afférents, comme cela est prévu expressément par la loi», dénonçait alors l'institution qui a intimé à la maison de couture le retrait du marché des vêtements en question ou de contacter le musée pour arriver à un accord commercial.

Rarement exposé au public

Concernant le litige autour du dessin de Léonard de Vinci, il aurait pu être conclu autrement si Ravensburger avait accepté de payer 10% de royalties, comme le demandait en 2019 le musée vénitien, et de transmettre ses chiffres de vente pour convenir de la somme à régler, rappelle le quotidien italien. À ce jour, plus de 320.000 euros ont néanmoins pu être récupérés. De manière générale, le musée vénitien a collecté plus de 460.000 euros sur l'ensemble des œuvres exposées depuis 2019, pour la plus grande satisfaction de son directeur.

Réalisé vers 1490 à la plume, encre et lavis, L'homme de Vitruve, est une œuvre fragile conservée dans le cabinet des dessins de la Galleria dell'Accademia. Il est rarement exposé au public. Ce symbole de l'humanisme qui représente des proportions idéales du corps humain parfaitement inscrit dans un cercle et un carré, avait été au cœur de tensions entre l'Italie et la France, lors de la grande rétrospective que le Louvre dédiait au peintre de la Renaissance en 2019, pour célébrer le cinquième centenaire de sa mort.

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La Galleria dell'Accademia n'étant pas favorable au déplacement du chef-d’œuvre, son prêt au musée parisien a été fortement compromis. Un différend qui a nécessité un travail diplomatique à plusieurs niveaux.