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Real Madrid : Vinicius, l'ennemi public numéro 1

L'attaquant du Real Madrid, Vinicius, a été victime de racisme à trois reprises cette saison, en plus d'être ciblé par les adversaires sur le terrain. Un traitement de faveur nauséabond.

Il y a de la colère, de la lassitude, et un peu de dépit. Sous le soleil de Majorque, dimanche dernier, Vinicius n'a pu empêcher la défaite du Real Madrid en Liga (1-0). Un résultat surprise et passé au second plan. La télé espagnole a diffusé les images d'un spectateur traitant Vinicius de «singe», puis de «putain de singe». En septembre dernier, déjà, des supporters de l'Atlético de Madrid avaient été filmés entonnant des paroles racistes à l'encontre de l'attaquant brésilien. L'enquête menée par la police n'avait pas permis d'identifier les auteurs.

Il y a une semaine, la Commission espagnole contre la violence dans le sport a annoncé que des supporters de Valladolid seraient sanctionnés pour des insultes racistes proférées à Vinicius fin décembre. À l'époque, le joueur avait chargé l'inaction de la Ligue espagnole dans une vidéo publiée sur Instagram. «Les racistes continuent de se rendre dans les stades et de voir jouer le meilleur club du monde de près, et la Liga continue de ne rien faire», avait-il soufflé, désemparé face à la répétition d'incidents loin d'être inédits au pays.

Éclosion précoce et rançon de la gloire

Ce racisme, Vinicius le vit aussi sur les réseaux sociaux depuis des mois, voire des années. Mais ça «n'affecte pas Vinicius», écartait son entraîneur Carlo Ancelotti en septembre. «On ne parle pas de ce genre de sujets dans le vestiaire. Je ne suis pas son père ou son frère, je ne suis que son entraîneur. Je ne regarde que le côté footballistique», arguait le légendaire coach de 63 ans. Les mois qui ont suivi ont prouvé que le racisme était, au moins pour le principal concerné, un sujet.

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Au Maroc, où le Real affronte Al-Ahly en Coupe du monde des clubs ce mercredi (20h), Vinicius espère s'offrir une respiration. Il n'a que 22 ans, mais le Brésilien est sous les feux des projecteurs depuis son transfert à l'été 2018, pour 45 M€ en provenance de Flamengo. Longtemps critiqué pour des performances en dents de scie, Vinicius a passé un cap la saison dernière, avec en point d'orgue son but en finale de Ligue des champions contre Liverpool au stade de France (1-0). Plus que jamais en 2023, Vinicius est confronté à la rançon de la gloire. Et ce n'est pas qu'une question de racisme.

10 fautes en un match, 79 fautes en 20 matches

Ne comptez pas sur les adversaires du Madrilène pour dénoncer ces actes odieux, ni pour le ménager sur le terrain. À Majorque ce week-end, Vinicius a subi 10 fautes. C'est un record pour un joueur du Real Madrid en Liga depuis Isco le 18 août 2013. Cette saison, après 20 matches de championnat, Vinicius a subi 79 fautes. Le deuxième joueur le plus ciblé, Isaac Palazon, en a subi 54.

La grosse faute de Gabriel Paulista (Valence) qui lui a valu un carton rouge le 2 février dernier. JAVIER SORIANO / AFP

«Personne ne protège Vinicius», dénonçait le journal pro-Madrid AS en janvier dernier, citant les tacles «borderline» de Ronald Araujo, défenseur du FC Barcelone, lors d'un Clasico en Supercoupe d'Espagne. «Vinicius était perdu dans une atmosphère extrêmement hostile» à Bilbao, relevait le quotidien Marca , après un match chez l'Athletic le 22 janvier (0-2). «Tout le monde lui met la pression, les fans, les adversaires, les arbitres», alertait Ancelotti, adoucissant ses propos de septembre : «Il est jeune et très sensible, ça l'affecte. Je lui parle pour qu'il reste concentré. Nous voulons qu'il soit plus respecté.»

«Quand on le qualifie de provocateur, Vinicius utilise le joker du racisme»

Mais pourquoi Vinicius est-il autant pris à partie ? Il y a son statut, on l'a dit. Il y a le fait de jouer pour le prestigieux Real Madrid. Il y a aussi son style de jeu. «Il est dans la provocation par son jeu», a observé le milieu français de Majorque, Clément Grenier, pour RMC Sport . Vinicius, c'est un pur dribbleur, à l'instar de son compatriote Neymar, sur qui les nombreuses fautes ont aussi défrayé la chronique en France par le passé.

Vinicius, c'est aussi un Brésilien pur jus. Sourire et danser font partie de son ADN, notamment à travers ces célébrations après un but. «Qu'il danse, mais qu'il ne manque pas de respect, n'insulte pas ni ne rabaisse ses collègues», a averti Antonio Raillo, défenseur de Majorque, en septembre dernier. «Puis quand on le qualifie de provocateur, il utilise le joker du racisme», s'est emporté Raillo, beaucoup moins bavard lorsque ce racisme est avéré, notamment chez ses propres supporters.

Tout ce que veut Vinicius, c'est jouer au football.

Carlo Ancelotti, entraîneur du Real Madrid

«Si demain je devais donner à mes enfants un exemple de joueur, je donnerais peut-être Modric ou Benzema, mais je ne pourrais jamais donner Vinicius», a insisté Raillo au micro de DAZN dimanche, au terme d'un match houleux (10 cartons jaunes). «Tout ce que veut Vinicius, c'est jouer au football», a défendu Ancelotti.

Au-delà du racisme, des fautes et des critiques, la question qui dérange est la suivante : combien de temps Vinicius pourra-t-il tenir à ce rythme ? L'attaquant brésilien n'a inscrit que 2 buts lors des 13 derniers matches de Liga, et n'a plus été décisif depuis 8 matches à l'extérieur, preuve que, loin du Santiago Bernabeu, il y a un problème. La Coupe du monde des clubs, dont le Real joue sa demi-finale ce mercredi au Maroc, prend des airs de parenthèse enchantée.