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Référendums en Ukraine : le "oui" à l'annexion russe grand vainqueur, quelles conséquences ?

Référendums en Ukraine : le "oui" à l'annexion russe grand vainqueur, quelles conséquences ? UKRAINE. De Louhansk à Kherson en passant par Zaporijjia et Donetsk, les autorités d'occupation prorusses ont livré, mardi 27 septembre 2022, le résultat des référendums. Le "oui" à l'annexion russe est, sans grande surprise, sorti victorieux des urnes.

[Mis à jour le 27 septembre 2022 à 23h39] Dès le milieu de l'après-midi, mardi 27 septembre 2022, les premiers résultats partiels des référendums d'annexion nous parvenaient. Un grand "oui" (plus de 97%) nous arrivait de Russie, où les réfugiés ukrainiens plaidaient pour l'annexion des quatre régions par Moscou. Mardi soir, les autorités d'occupation prorusses de Zaporijjia, située dans le sud de l'Ukraine, revendiquaient à leur tour la victoire du "oui". Évoquant des résultats préliminaires, la commission électorale affirmait que 93,11% des suffrages étaient en faveur du rattachement à la Russie. Dans la foulée, les autorités prorusses de Kherson ont également fait savoir que le "oui" l'avait emporté chez elles, recueillant 87,05% des voix. Même résultat, semble-t-il, à Louhansk, où le référendum s'est, d'après les autorités prorusses, soldé par la victoire du "oui". Sur place, 98,42% des électeurs auraient choisi de voter "oui". Enfin, les autorités pro-russes ont revendiqué la victoire du "oui" dans la région de Donetsk en fin de soirée.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a vivement réagit à ces annonces. Dans une vidéo diffusée lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, il a déclaré qu'il était désormais impossible pour Kiev de négocier avec Moscou. "La reconnaissance par la Russie des 'pseudo-référendums' comme 'normaux', la mise en œuvre du [même] scénario qu'en Crimée et une énième tentative d'annexer une partie du territoire ukrainien signifie que nous n'avons pas à discuter avec l'actuel président russe", a précisément indiqué Volodymyr Zelensky.

De leur côté, les pays occidentaux n'ont eu de cesse de dénoncer la "mascarade" des référendums d'annexion. La surprise vient davantage de Pékin qui a affirmé très clairement son opposition à la décision de Moscou. À l'ONU, l'ambassadeur chinois a fait savoir que "la Chine a pris note des dernières évolutions de la situation en Ukraine" et que la position de Pékin est "claire et constante : c'est-à-dire que la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les pays doivent être respectées". Jusqu'ici, l'empire du Milieu, considéré comme un allié de Moscou, était jugé trop conciliant avec la Russie. Voilà qui devrait trancher.

Après cinq jours de vote, les référendums en Ukraine ont pris fin ce mardi 27 septembre. De premiers résultats partiels avaient été diffusés avant même la fin du vote. En milieu d'après-midi, les agences de presse russes ont en effet publié les résultats sur environ 25% des bulletins dépouillés dans les bureaux qui se trouvent en Russie. Et l'issue était sans appel : le "oui" était largement majoritaire, avec plus de 97% des voix. 

Dans la soirée du mardi 27 septembre, les autorités d'occupation prorusses des différentes régions ukrainiennes directement concernées par les référendums ont, à leur tour, livré des résultats qualifiés de "préliminaires", après le dépouillement de 100% des bulletins. Dans la région de Zaporijjia (Sud), la commission électorale a affirmé que 93,11% des votes étaient favorables au "oui". Puis, Kherson (Sud) a annoncé que, dans sa région, le "oui" l'emportait également, avec 87,05% des voix. À Louhansk (Est), la commission électorale évoquait, quant à elle, 98,42% de "oui", selon les agences russes Ria Novosti et Interfax. En fin de soirée, la autorités prorusses de Donetsk a aussi annoncé la victoire du "oui" (99,23%).

À noter que l'annonce des résultats n'acte pas l'entrée immédiate des régions ukrainiennes dans le territoire national russe. Cette annexion pourrait en revanche se concrétiser le 30 septembre à l'occasion d'une prise de parole de Vladimir Poutine devant le Parlement russe selon le ministère de la Défense britannique.

Les référendums organisés en Ukraine invitent les électeurs à se prononcer pour ou contre l'annexion de leur par la Russie. Si le "non" l'emporte il marquera le statu quo mais l'hypothèse la plus probable voit le "oui" majoritaire à l'issue du scrutin. Cela aurait pour conséquence l'intégration rapide des quatre régions ukrainiennes - le Donetsk, le Louhansk, Zaporijjia et Kherson - au territoire national russe. Ainsi et comme l'a fait savoir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le 23 septembre "la Russie considérera les tentatives de l'Ukraine de reprendre 'les territoires libérés' comme une attaque contre son territoire". Le sous texte de cette déclaration est une mise en garde contre une riposte de Moscou et une possible attaque nucléaire comme l'a laissé entendre Vladimir Poutine dans son allocution du 21 septembre. 

Les référendums en Ukraine sont finalement une tentative du Kremlin de justifier son "opération militaire" qui devait soit disant secourir les régions ukrainiennes oppressées par le gouvernement de Kiev. Et l'issue du vote pourrait à l'avenir justifier une offensive nucléaire russe, une menace plusieurs fois brandie par Moscou mais qui ne pouvait pas encore être mise en exécution. Selon la politologue Tatiana Stanovaya interrogée par le Monde, l'objectif derrière ces scrutins est de poser "un ultimatum" : "Soit l'Ukraine bat en retraite, soit c'est la guerre nucléaire. Le but n'est pas de gagner sur le champ de bataille, mais de forcer Kiev à capituler."

L'annexion des régions ukrainiennes par la Russie permettrait aussi à Moscou de bénéficier de nouveaux renforts car tous les Ukrainiens vivant dans les territoires annexés seraient mobilisables pour la guerre. Un détail qui a toute son importance alors que quelques jours avant le début des référendums, Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation de centaines de milliers d'hommes. Face à cette perspective, les Ukrainiens ont été nombreux à quitter les régions occupées jusqu'à ce que les troupes russes retiennent de force les hommes de 18 à 35 ans.

Quatre régions ukrainiennes sont concernées par les référendums d'annexion. Il s'agit des régions de Donetsk et Lougansk, qui forment ensemble à l'est du pays ce qui est appelé le Donbass, mais aussi celles de Kherson, située dans le Sud-Ouest, et de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine. Ces quatre régions sont particulièrement affectées par les combats qui opposent Russes et Ukrainiens. Lors du référendum sur l'indépendance de l'Ukraine, en 1991, ces différentes régions avaient toutefois largement voté en faveur du "Oui" (entre 80 et 90%), contrairement à la Crimée, qui s'était distinguée avec un score particulièrement faible (54%). 

© Maxime Gil / Linternaute

Les référendums sur l'annexion par la Russie de plusieurs régions de l'Ukraine se terminent ce mardi 27 septembre 2022 après cinq jours de vote. Ils se sont organisés en urgence puisqu'initialement les forces russes prévoyaient d'organiser des scrutins le 4 novembre, jour de l'unité nationale en Russie.

Le terme employé par les autorités pro-russes étant "référendum", ce sont a priori bien les citoyens qui sont amenés à se prononcer en faveur ou contre une annexion de leur région par la Russie. Toutefois, dans un contexte de guerre et d'occupation, et alors que de nombreux Ukrainiens ont fui ces territoires particulièrement touchés par les combats, la légitimité des résultats semble d'ores et déjà compromise.

Depuis plusieurs semaines, l'offensive de la Russie en Ukraine stagne. Les troupes de Vladimir Poutine ne gagnent plus de terrain, le conflit s'enlise et les Ukrainiens ont même lancé une contre-offensive qui semble mettre à mal leur adversaire. Acculé jusque dans son propre pays, le président russe entend ainsi passer par la voie "démocratique" pour atteindre son objectif : annexer officiellement les régions de Donetsk et Lougansk, lesquelles sont autoproclamées indépendantes depuis 2014 et dirigées par un parlement de dirigeants pro-russes, bien que non reconnu par la communauté internationale. En revanche, Vladimir Poutine avait reconnu leur indépendance à l'époque. Dans les régions de Kherson et Zaporijjia, les Russes contrôlent à présent une partie de ces territoires et entendent s'y établir officiellement.

Outre la réponse de Kiev, qui a d'emblée dénoncé un "chantage" uniquement motivé par "la peur de la défaite", les Occidentaux n'ont pas manqué de réagir. Olaf Scholz, le chancelier allemand, a jugé "très clair que ces référendums fictifs ne sont pas acceptables et qu'ils ne sont pas couverts par le droit international". De son côté, Paris a dénoncé "une parodie" et "une provocation supplémentaire". "La seule chose qui existe, c'est la guerre décidée par la Russie, la résistance de l'Ukraine et la fin de la guerre que nous souhaitons", a estimé Emmanuel Macron. Enfin, Washington a, pour sa part, accusé Moscou d'organiser "hâtivement des simulacres de référendums". "Les États-Unis ne reconnaîtront jamais les prétentions de la Russie sur des parties prétendument annexées de l'Ukraine", a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, à l'occasion d'un point presse.

Ni les Etats-Unis, ni aucun autre pays, à l'exception de la Corée du Nord et de la Syrie nations alliées de Moscou, n'entend reconnaître le vote, pas plus qu'ils ont reconnu l'annexion de la Crimée en 2014. Au contraire, la tenue des référendums en Ukraine est considérée par certains comme un motif appelant à de nouvelles sanctions contre la Russie. Le mardi 27 septembre, l'Union européenne a d'ailleurs annoncé l'arrivée prochaine de nouvelles sanctions visant les organisateurs des référendums jugés "illégaux" par les 27. "Il y aura des conséquences pour toutes les personnes qui ont pris part à l'organisation de ces référendums illégaux et qui les ont soutenus", a ainsi déclaré le porte-parole de la commission européenne, Peter Stano, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.