France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Référendums en Ukraine : le "oui" victorieux ? Quelles conséquences sur le conflit ?

Référendums en Ukraine : le "oui" victorieux ? Quelles conséquences sur le conflit ? UKRAINE. Les référendums pour l'annexion des territoires ukrainiens par la Russie se tiennent jusqu'au 27 septembre. La victoire du "oui" est annoncée mais serait lourde de conséquences sur la guerre en Ukraine.

[Mis à jour le 26 septembre 2022 à 11h24] Les référendums en Ukraine sont toujours en cours. Depuis vendredi et jusqu'au mardi 27 septembre, les habitants de quatre régions ukrainiennes sont appelés à se prononcer pour ou contre l'annexion de ces territoires par la Russe. L'issue des votes organisés par les occupants venus de Moscou ou les séparatistes pro-russes est connue d'avance et pour cause, les scrutins se tiennent là où seuls les défenseurs de la Russie sont encore présents : au Donetsk et à Louhansk où les habitants séparatistes pro-russes défendent depuis le premier jour un retour de leurs régions dans le giron russe tandis qu'à Zaporijjia ou à Kherson les troupes russes ont pris le pouvoir et la plupart des Ukrainiens ont déserté pour se réfugier dans les régions voisines.

Les référendums d'Ukraine, dans le Donbass, mettent la communauté internationale d'accord : ils ne sont pas légitimes et le résultat des votes ne sera pas reconnu. Seules la Russie et deux de ses alliés, la Syrie et la Corée du Nord entendent tenir compte des votes et ce malgré les biais, très nombreux. Les référendums se tiennent d'abord dans des zones de guerre où les forces russes sont en position dominante et exercent une pression sur les populations ; les listes électorales sont loin d'être complètes et les votants restants ont tous, pour l'écrasante majorité, des profils pro-russes ; enfin les modalités de vote posent question. Les votants ne pourront se rendre dans les bureaux de vote que le mardi 27 septembre, dernier jour de scrutin, avant ça les votes sont recueillis par des représentants russes par démarchage à domicile.

Reconnus ou pas, les référendums en Ukraine auront à coup sûr de graves conséquences du la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Tellement que les votes peuvent apparaître comme une stratégie de Moscou pour justifier l'invasion du 24 février et peut-être pour expliquer de futures attaques de plus grande ampleur. Si le "oui" l'emporte, comme tout porte à le croire, les quatre régions ukrainiennes deviendront russes aux yeux du Kremlin et alors une attaque de Kiev sur ces terres appellerait à une réponse offensive de Moscou. D'autant que quelques jours avant le début des référendums, Vladimir Poutine a assuré dans un discours que "l'intégrité territoriale, [la] liberté, [la] souveraineté seront défendues [de la Russie] par tous les moyens nécessaires".

Lors des référendums organisés en Ukraine, les électeurs doivent indiquer si oui ou non ils souhaitent que leur région devienne russe. Si le non l'emporte il marquera le statu quo mais l'hypothèse la plus probable voit le "oui" majoritaire à l'issue du scrutin. En cas de victoire du "oui", la Russie intègrerait sous peu les régions ukrainiennes du Donbass à son territoire national. Ainsi et comme l'a fait savoir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le 23 septembre "la Russie considérera les tentatives de l'Ukraine de reprendre 'les territoires libérés' comme une attaque contre son territoire". Le sous texte de cette déclaration est une mise en garde contre une riposte de Moscou et une possible attaque nucléaire comme l'a laissé entendre Vladimir Poutine dans son allocution du 21 septembre. 

Les référendums en Ukraine sont finalement une tentative du Kremlin de justifier son "opération militaire" qui devait soit disant secourir les régions ukrainiennes oppressées par le gouvernement de Kiev. Et à l'avenir elle pourrait justifier une offensive nucléaire russe, une menace plusieurs fois brandie par Moscou mais qui ne pouvait pas encore être mise en exécution, mais la donne pourrait changer après le 27 septembre et les résultats des référendums. Selon la politologue Tatiana Stanovaya interrogée par le Monde, l'objectif derrière ces scrutins est de poser "un ultimatum : "Soit l'Ukraine bat en retraite, soit c'est la guerre nucléaire. Le but n'est pas de gagner sur le champ de bataille, mais de forcer Kiev à capituler."

L'annexion des régions ukrainiennes par la Russie permettrait aussi à Moscou de bénéficier de nouveaux renforts car tous les Ukrainiens vivant dans les territoires annexés seraient mobilisables pour la guerre. Un détail qui a toute son importance alors que quelques jours avant le début des référendums, Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation de centaines de milliers d'hommes. Face à cette perspective, les Ukrainiens ont été nombreux à quitter les régions occupées jusqu'à ce que les troupes russes retiennent de force les hommes de 18 à 35 ans.

Quatre régions ukrainiennes sont concernées par les référendums d'annexion. Il s'agit des régions de Donetsk et Lougansk, qui forment ensemble à l'est du pays ce qui est appelé le Donbass, mais aussi celles de Kherson, située dans le Sud-Ouest, et de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine. Ces quatre régions sont particulièrement affectées par les combats qui opposent Russes et Ukrainiens. Lors du référendum sur l'indépendance de l'Ukraine, en 1991, ces différentes régions avaient toutefois largement voté en faveur du "Oui" (entre 80 et 90%), contrairement à la Crimée, qui s'était distinguée avec un score particulièrement faible (54%). 

© Maxime Gil / Linternaute

Les référendums sur l'annexion par la Russie de plusieurs régions de l'Ukraine se tiennent du 23 septembre au 27 septembre 2022. Ils se sont organisés en urgence puisqu'initialement les forces russes prévoyaient d'organiser des scrutins le 4 novembre, jour de l'unité nationale en Russie.

Le terme employé par les autorités pro-russes étant "référendum", ce sont a priori bien les citoyens qui sont amenés à se prononcer en faveur ou contre une annexion de leur région par la Russie. Toutefois, dans un contexte de guerre et d'occupation, et alors que de nombreux Ukrainiens ont fui ces territoires particulièrement touchés par les combats, la légitimité des résultats semble d'ores et déjà compromise.

Depuis plusieurs semaines, l'offensive de la Russie en Ukraine stagne. Les troupes de Vladimir Poutine ne gagnent plus de terrain, le conflit s'enlise et les Ukrainiens ont même lancé une contre-offensive qui semble mettre à mal leur adversaire. Acculé jusque dans son propre pays, le président russe entend ainsi passer par la voie "démocratique" pour atteindre son objectif : annexer officiellement les régions de Donetsk et Lougansk, lesquelles sont autoproclamées indépendantes depuis 2014 et dirigées par un parlement de dirigeants pro-russes, bien que non reconnu par la communauté internationale. En revanche, Vladimir Poutine avait reconnu leur indépendance à l'époque. Dans les régions de Kherson et Zaporijjia, les Russes contrôlent à présent une partie de ces territoires et entendent s'y établir officiellement.

Il fait assez peu de doutes que les référendums organisés dans les différentes régions devraient faire gagner le "Oui" à l'annexion par la Russie. Tout d'abord, le vote est organisé sur des territoires déjà en partie contrôlés par des Russes, où la population restante est plutôt en accord avec le pays voisin. Par ailleurs, en 2014, lors de la guerre en Crimée, un référendum avait également été organisé par la Russie pendant les combats. Près de 97% des votants avaient exprimé le souhait de voir la Crimée être rattachée à la Russie. Les électeurs étaient en majorité russophones. Un scénario qui pourrait se répéter dans les jours à venir.

Outre la réponse de Kiev, qui a d'emblée dénoncé un "chantage" uniquement motivé par "la peur de la défaite", les Occidentaux n'ont pas manqué de réagir. Olaf Scholz, le chancelier allemand, a jugé "ces référendums fictifs" et de ce fait, "pas acceptables". "Il est très clair que ces référendums fictifs ne sont pas acceptables et qu'ils ne sont pas couverts par le droit international", a-t-il déclaré. De son côté, Paris a dénoncé "une parodie" et "une provocation supplémentaire". "La seule chose qui existe, c'est la guerre décidée par la Russie, la résistance de l'Ukraine et la fin de la guerre que nous souhaitons", a estimé Emmanuel Macron. Enfin, Washington a, pour sa part, accusé Moscou d'organiser "hâtivement des simulacres de référendums". "Les États-Unis ne reconnaîtront jamais les prétentions de la Russie sur des parties prétendument annexées de l'Ukraine", a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, à l'occasion d'un point presse.