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Référendums en Ukraine : quels résultats ? Le Donbass annexé et ensuite ?

Référendums en Ukraine : quels résultats ? Le Donbass annexé et ensuite ? UKRAINE. Les référendums sur l'annexion de quatre régions d'Ukraine par la Russie prennent fin ce mardi 27 septembre 2022. Une victoire du "oui" est annoncée et si elle se concrétise le Donbass deviendra russe. Quelles seraient les conséquences ?

[Mis à jour le 27 septembre 2022 à 10h26] Dernier jour pour participer aux référendums sur l'annexion de l'Ukraine par la Russie. Ce mardi 27 septembre 2022, les autorités russes vont collecter les derniers bulletins de vote et pour la première fois depuis le début du scrutin, les bureaux de vote sont ouverts pour permettre aux habitants des régions du Donetsk, de Louhansk, de Zaporijjia et de Kherson d'aller voter. Depuis vendredi, la participation au scrutin se fait essentiellement par la récolte des votes au domicile des citoyens par des brigades mobiles et parfois armées selon euronews. Ces modalités de vote interrogent mais ont permis selon Moscou d'atteindre le taux de participation suffisant pour valider l'annexion du Donbass par la puissance russe. Pourtant la communauté internationale continue de qualifier ces référendums de simulacres et n'entend pas reconnaître l'issue du scrutin qui est déjà annoncée.

Le "oui" devrait, selon toute vraisemblance, l'emporter aux référendums. Et pour cause seuls les séparatistes pro-russes du Donetsk et du Louhansk et les personnes retenues ou restées de leur plein gré sur les territoires occupés par les troupes russes ont participé au vote. Il va sans dire que leur préférence va à l'annexion des régions ukrainiennes par la Russie. Les Ukrainiens opposés à l'idée de revenir sous le giron russe ayant déjà quitté les lieux, étant trop peu nombreux pour renverser le vote des séparatistes et peut-être ayant été contraints de voter favorablement à l'annexion. Quoi qu'il en soit le Donbass et les régions voisines devraient être fixées sur le sort dans les prochaines heures. L'heure de l'annonce officielle des résultats des référendums en Ukraine n'a pas été communiquée mais l'issue du scrutin pourrait être dévoilée dans la journée du 28 septembre.

Bien que biaisé à plusieurs égards et non reconnue par la communauté internationale, si l'annexion est votée elle sera mise en place de force par Moscou. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est déjà avancé en déclarant que les dates d'adhésion des régions au territoire national ruse seraient annoncées en temps voulu après approbation du Parlement mais selon euronews Vladimir Poutine pourrait s'exprimer le vendredi 30 septembre et officialiser à l'occasion l'annexion d'une partie de l'Ukraine.

Les référendums organisés en Ukraine invitent les électeurs à se prononcer pour ou contre l'annexion de leur par la Russie. Si le "non" l'emporte il marquera le statu quo mais l'hypothèse la plus probable voit le "oui" majoritaire à l'issue du scrutin. Cela aurait pour conséquence l'intégration rapide des quatre régions ukrainiennes - le Donetsk, le Louhansk, Zaporijjia et Kherson - au territoire national russe. Ainsi et comme l'a fait savoir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le 23 septembre "la Russie considérera les tentatives de l'Ukraine de reprendre 'les territoires libérés' comme une attaque contre son territoire". Le sous texte de cette déclaration est une mise en garde contre une riposte de Moscou et une possible attaque nucléaire comme l'a laissé entendre Vladimir Poutine dans son allocution du 21 septembre. 

Les référendums en Ukraine sont finalement une tentative du Kremlin de justifier son "opération militaire" qui devait soit disant secourir les régions ukrainiennes oppressées par le gouvernement de Kiev. Et l'issue du vote pourrait à l'avenir justifier une offensive nucléaire russe, une menace plusieurs fois brandie par Moscou mais qui ne pouvait pas encore être mise en exécution. Selon la politologue Tatiana Stanovaya interrogée par le Monde, l'objectif derrière ces scrutins est de poser "un ultimatum" : "Soit l'Ukraine bat en retraite, soit c'est la guerre nucléaire. Le but n'est pas de gagner sur le champ de bataille, mais de forcer Kiev à capituler."

L'annexion des régions ukrainiennes par la Russie permettrait aussi à Moscou de bénéficier de nouveaux renforts car tous les Ukrainiens vivant dans les territoires annexés seraient mobilisables pour la guerre. Un détail qui a toute son importance alors que quelques jours avant le début des référendums, Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation de centaines de milliers d'hommes. Face à cette perspective, les Ukrainiens ont été nombreux à quitter les régions occupées jusqu'à ce que les troupes russes retiennent de force les hommes de 18 à 35 ans.

Les référendums en Ukraine se sont tenus pendant cinq jours et prennent fin ce mardi 27 septembre mais comme pour chaque scrutin il faudra attendre le dépouillement pour connaître les résultats des votes. L'issue des référendums pourrait être dévoilée dans la journée du mercredi 28 septembre. Si quelques doutes subsistent sur la date de l'annonce, les résultats eux font assez peu de doutes. La tenue des scrutins fait d'ailleurs écho au référendum organisé en 2014 lors de la guerre de Crimée et auquel près de 97% des votants, des électeurs à majorité russophone comme dans les régions séparatistes du Donbass, avaient exprimé le souhait de voir la Crimée être rattachée à la Russie.

A noter que l'annonce des résultats des référendums, même si le "oui" l'emporte, n'actera pas l'annexion immédiate des régions d'Ukraine à la Russie. Si le processus devrait être rapide il pourrait tout de même prendre quelques jours.

Quatre régions ukrainiennes sont concernées par les référendums d'annexion. Il s'agit des régions de Donetsk et Lougansk, qui forment ensemble à l'est du pays ce qui est appelé le Donbass, mais aussi celles de Kherson, située dans le Sud-Ouest, et de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine. Ces quatre régions sont particulièrement affectées par les combats qui opposent Russes et Ukrainiens. Lors du référendum sur l'indépendance de l'Ukraine, en 1991, ces différentes régions avaient toutefois largement voté en faveur du "Oui" (entre 80 et 90%), contrairement à la Crimée, qui s'était distinguée avec un score particulièrement faible (54%). 

© Maxime Gil / Linternaute

Les référendums sur l'annexion par la Russie de plusieurs régions de l'Ukraine se tiennent du 23 septembre au 27 septembre 2022. Ils se sont organisés en urgence puisqu'initialement les forces russes prévoyaient d'organiser des scrutins le 4 novembre, jour de l'unité nationale en Russie.

Le terme employé par les autorités pro-russes étant "référendum", ce sont a priori bien les citoyens qui sont amenés à se prononcer en faveur ou contre une annexion de leur région par la Russie. Toutefois, dans un contexte de guerre et d'occupation, et alors que de nombreux Ukrainiens ont fui ces territoires particulièrement touchés par les combats, la légitimité des résultats semble d'ores et déjà compromise.

Depuis plusieurs semaines, l'offensive de la Russie en Ukraine stagne. Les troupes de Vladimir Poutine ne gagnent plus de terrain, le conflit s'enlise et les Ukrainiens ont même lancé une contre-offensive qui semble mettre à mal leur adversaire. Acculé jusque dans son propre pays, le président russe entend ainsi passer par la voie "démocratique" pour atteindre son objectif : annexer officiellement les régions de Donetsk et Lougansk, lesquelles sont autoproclamées indépendantes depuis 2014 et dirigées par un parlement de dirigeants pro-russes, bien que non reconnu par la communauté internationale. En revanche, Vladimir Poutine avait reconnu leur indépendance à l'époque. Dans les régions de Kherson et Zaporijjia, les Russes contrôlent à présent une partie de ces territoires et entendent s'y établir officiellement.

Outre la réponse de Kiev, qui a d'emblée dénoncé un "chantage" uniquement motivé par "la peur de la défaite", les Occidentaux n'ont pas manqué de réagir. Olaf Scholz, le chancelier allemand, a jugé "très clair que ces référendums fictifs ne sont pas acceptables et qu'ils ne sont pas couverts par le droit international". De son côté, Paris a dénoncé "une parodie" et "une provocation supplémentaire". "La seule chose qui existe, c'est la guerre décidée par la Russie, la résistance de l'Ukraine et la fin de la guerre que nous souhaitons", a estimé Emmanuel Macron. Enfin, Washington a, pour sa part, accusé Moscou d'organiser "hâtivement des simulacres de référendums". "Les États-Unis ne reconnaîtront jamais les prétentions de la Russie sur des parties prétendument annexées de l'Ukraine", a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, à l'occasion d'un point presse.

Ni les Etats-Unis, ni aucun autre pays, à l'exception de la Corée du Nord et de la Syrie nations alliées de Moscou, n'entend reconnaître le vote, pas plus qu'ils ont reconnu l'annexion de la Crimée en 2014. Au contraire, la tenue des référendums en Ukraine est considérée par certains comme un motif appelant à de nouvelles sanctions contre la Russie.