France
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Réforme de l’assurance-chômage : chômeurs, vos papiers !

Comment faire pour grappiller un peu d'argent ? Taxer les grosses fortunes, traquer l'évasion fiscale ? Non, le gouvernement préfère tout miser sur les chômeurs.

« Quand ça va bien, on durcit les règles. » Tel est le nouvel argument trouvé par la majorité et porté par Olivier Dussopt, ministre du Travail. La véritable raison de la réforme présentée ces jours-ci est connue : faire des économies sur le dos des chômeurs, économies qui ne vont pas être bien grasses, puisque seul un chômeur sur trois perçoit une indemnité, en raison du fort durcissement des règles ces dernières années. Mais, comme Emmanuel Macron pille l’État depuis qu’il a été nommé ministre de l’Économie, il faut bien gratter quelques centaines de millions en tondant les privés d’emploi.

Pour Dussopt, il s’agit bien sûr de favoriser « le retour à l’emploi », l’homme évoquant sans rire la perspective d’un plein-emploi «  [à l’]horizon 2027 ». Comme toujours avec les macronistes, il y a « urgence » à agir. Et ce même si l’exposé des motifs du projet de loi reconnaît une « absence de recul quant aux effets mêmes des règles actuelles ». De fait, celles-ci ne datent que de 2019, avec la réforme Pénicaud et l’immortel lapsus de la ministre, lorsqu’elle avait déclaré à Matignon que sa réforme était « résolument tournée vers le travail, vers l’emploi, contre le chômage et pour la précarité ».

Aucune évaluation ? Pas grave, Dussopt souhaite donc permettre à la réforme Pénicaud de « continuer à produire ses effets positifs ». L’idée, c’est de moduler les règles selon la situation économique du pays. L’économie va bien ? On « jivarote » les durées d’indemnisation. L’économie va mal ? On les allonge. Ce qui suppose de savoir en temps réel comment va la France. Chose impossible – et c’est bien pour cela que les statistiques de l’Insee sont toujours provisoires, les véritables chiffres n’étant connus qu’un an après.

Les technocrates fous de Renaissance sont tout en amour avec le « modèle canadien », dont ils ne connaissent rien mais dont ils « savent » qu’il marche hyper bien, à l’instar de Marc Ferracci, rapporteur du projet de loi et l’un des « cerveaux » de cette sinistre opération, qui déclare ceci au JDD : « On pourrait passer à sept ou huit mois [la durée minimale de travail pour avoir droit à l’indemnisation, contre six actuellement] en cas de reprise du marché du travail, ce qui inciterait à poursuivre une activité. La période de référence [période prise en compte pour le calcul de l’indemnité] pourrait aussi être allongée si la conjoncture est mauvaise, ou réduite si elle est bonne. »

Vous voyez l’usine à gaz que ces abrutis veulent construire, pour des personnes fragilisées, qui vivent avec quelques centaines d’euros par mois, et à qui la société dit maintenant bien clairement qu’elles sont des assistées ? Vous croyez qu’Olivier et Marc accepteraient d’être traités de la sorte, par exemple en voyant leur salaire indexé sur le taux de chômage ?

Enfin, il reste la blague des « difficultés de recrutement ». Il n’y a pas un économiste honnête pour dire que leur réforme va résoudre les réels blocages de certains secteurs, dus à des causes bien connues pour lesquelles le gouvernement ne cherche pas de solution : salaires trop faibles, mauvaises conditions de travail, problèmes de formation, éloignement géographique, difficultés de garde d’enfant, etc. Cadeau pour nos vieux lecteurs : même l’ancêtre fanatique du marché Jean-Marc Sylvestre, 75 ans, le dit ! Bref, la réforme actuelle ne repose sur aucun argument un tant soit peu solide. Mais, on l’a bien ­compris maintenant, dans le domaine économique et social, il y a longtemps que le « camp de la raison » ne sollicite plus trop ses petites cellules grises. •