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Réforme des retraites 2023 : la troisième manche de la mobilisation syndicale

Nouveau chapitre dans l’épreuve de force. Alors que les députés ont démarré l’examen du projet de loi retraites en séance publique lundi 6 février, les opposants au projet vont de nouveau se compter dans la rue, ce mardi, lors d’une troisième journée de grève syndicale nationale. Après plus de 1 million de manifestants les 19 et 31 janvier, selon la police, de nombreux secteurs d’activité annoncent une nouvelle « journée noire ».

À commencer par les transports : les opérateurs prévoient une circulation « fortement perturbée », légèrement moins tendue que lors de la précédente mobilisation. La CGT-cheminots et SUD-rail ont aussi appelé à poursuivre la grève mercredi 8, en même temps que leurs homologues du secteur de l’énergie. À la FNME-CGT, principal syndicat d’EDF, le mouvement a déjà commencé lundi 6 et durera trois jours.

La tortue plutôt que le lièvre

Finalement, même les plus contestataires ont fait le choix de la mesure. « Les syndicats savent qu’il vaut mieux jouer la carte de la tortue que celle du lièvre : le vrai défi sera de tenir dans le temps », analyse Bernard Vivier, de l’Institut supérieur du travail.

Ainsi, la CGT TotalEnergies a annoncé une grève de quarante-huit heures, à partir de mardi, plutôt que de soixante-douze heures et renonce à bloquer la production comme elle l’avait initialement envisagé. De même, les syndicats représentatifs de la SNCF n’appelleront pas à la grève samedi 11 février, journée de départ en vacances pour la zone B et milieu des congés pour la zone A, mais seulement à manifester.

La modération poussée par la CFDT

« Le pôle contestataire fait des concessions », poursuit Bernard Vivier. Une modération poussée par la CFDT, premier syndicat de France, qui permet « un mouvement syndical uni » : « Ils privilégient la bataille de la rue, qui a pris de l’ampleur » entre les deux mobilisations précédentes, rappelle l’économiste de formation. Le 31 janvier a ainsi vu le nombre des grévistes baisser, mais celui des manifestants augmenter. « Cela leur permet de garder l’attention de l’opinion publique et d’éviter une perte de popularité » lors des départs en vacances.

Le défi, pour les partenaires sociaux, sera aussi de garder la main sur cette « colère sociale », alors qu’ils sont concurrencés sur le terrain politique, notamment par La France insoumise. Mais aussi par des collectifs ou des coordinations de plus en plus présents dans les cortèges, particulièrement dans les petites et moyennes villes. « Sous les cendres du mouvement des gilets jaunes, analyse l’économiste, la braise est toujours là. »

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Les précédentes mobilisations

1995. Plus de trois semaines de paralysie totale des transports contre la réforme Juppé qui prévoit d’aligner les retraites du public et du privé.

2003. De 1 à 2 millions de manifestants et une série de grèves contre la réforme qui augmente la durée de cotisation et aligne en partie les régimes du public et du privé.

2010. Manifestations massives contre le projet du gouvernement Fillon qui souhaite le report de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans.

2019-2020. Grèves records contre le projet de création d’un régime de retraite « universel » par points.

2023. Le 31 janvier a rassemblé entre 1,27 million (police) et 2,5 millions de manifestants (syndicats), soit une mobilisation supérieure à celle du 19 janvier et au record historique de 2010 sur le même thème des retraites.