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Réforme des retraites 2023 : les jeunes promettent de se mobiliser samedi

Lors de chaque conflit social, le chiffre de la mobilisation étudiante est observé de près car il constitue un test : « Quand lycéens et étudiants sortent dans la rue, il est difficile de les faire rentrer chez eux, et un conflit social a alors toutes les chances de durer », explique le sociologue Tristan Haute, à l’université de Lille.

Cette fois, si le nombre des professeurs grévistes a baissé depuis une semaine, les syndicats lycéens et étudiants affichent une certaine satisfaction. Ils revendiquent 175 lycées bloqués au moins partiellement ainsi qu’une dizaine d’universités. Pourtant, il ne s’agit que d’une poignée d’établissements à l’échelle du pays.

Tous les regards se tournent vers samedi

Ces chiffres en demi-teinte sont-ils annonciateurs d’un essoufflement du mouvement ? « Il est trop tôt pour le dire », temporise le sociologue Vincent Tiberj. Tous les regards se tournent en effet vers la journée de samedi, où l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée d’action.

Ainsi Manon, étudiante en 4e année d’orthophonie à l’université d’Amiens et militante de la Fage, sait qu’elle y sera, alors qu’elle n’a pas pu rater ses cours aujourd’hui. « Je n’avais pas le choix. C’était obligatoire. Beaucoup sont comme moi quand les universités refusent de reporter les cours. Nous ne pouvons pas multiplier les absences. » Autre frein, avance-t-elle : « Beaucoup d’étudiants cumulent la fac et un petit boulot ou suivent leur formation par alternance, ils ne peuvent pas poser un jour de congé à chaque manif. »

Manon sent la « vague monter »

Pourtant, sur le fond, ils resteraient motivés, selon Manon qui sent même « la vague monter ». L’envie de crier haut et fort son opposition au projet du gouvernement ne faiblit pas, assure-t-elle. « De plus en plus de personnes viennent nous aider à préparer nos pancartes, raconte-t-elle. Dans ma classe, des élèves osent désormais demander aux profs de déplacer les cours pour pouvoir manifester. Tous s’inquiètent pour leur avenir, mais aussi veulent se mobiliser en solidarité avec leurs parents. Ils se rendent bien compte que pour ces derniers, deux ans de plus, c’est dur. »

Du côté des lycéens, les signaux seraient aussi favorables, veut croire Gwenn Thomas, militant à la Fidl. Le mot d’ordre de son syndicat de bloquer les lieux d’enseignement a été bien suivi, assure cet élève du lycée Jean-Macé de Vitry-sur-Seine (Seine-et-Marne) : « Ce matin, il y avait entre 100 et 150 élèves devant la grille pour organiser un barrage filtrant. Puis nous sommes partis rejoindre les manifestants des autres lycées de la ville et rejoindre le cortège intersyndical. »

La journée de samedi, un test

Lui aussi a déjà préparé ses banderoles et ses pancartes pour rejoindre le cortège parisien de samedi. Il ne sera pas le seul, veut croire Louri Chrétienne, président du syndicat, qui voit un autre avantage à une mobilisation le week-end. « Il est bien certain qu’avec le contrôle continu, certains lycéens sont rebutés par des grèves en semaine. Ils savent qu’ils peuvent le payer cher s’ils n’ont pas de bonnes notes parce qu’ils ont été absents. » Certains établissements, comme le lycée Jean-Macé sont arrangeants. « Les profs justifient nos absences quand on manifeste », illustre Gwenn Thomas. Mais d’autres s’y refusent. En évitant cet écueil, la manifestation de samedi pourrait offrir une vision plus juste de l’ampleur de la contestation chez les jeunes.