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Réforme des retraites : à l’université de Montpellier, «le ras-le-bol est tel qu’on n’attend pas, on y va»

Moins engagée politiquement que la faculté de lettres Paul-Valéry, l’université de Montpellier (UM), qui regroupe les autres filières, est réputée difficile à mobiliser. C’est «historique», explique un syndicaliste tout juste retraité. Mais la soixantaine d’étudiants, d’enseignants et de personnels réunis ce lundi en assemblée générale à l’UM souhaitent changer la donne. Pour Alban Desoutter, responsable syndical FO-ESR de l’Hérault, le moment est venu pour tous de monter au créneau : «Jusqu’ici, à chaque journée de grève, tous les syndicats ont répondu présent en organisant des AG et en rejoignant les manifestations. On n’avait pas vu une telle mobilisation depuis des décennies. Et après le passage en force avec le 49.3, on a constaté le succès des rassemblements spontanés. Dès ce soir, nous irons manifester devant la préfecture. Et les autres soirs aussi, au moins jusqu’à jeudi. Le ras-le-bol est tel qu’on n’attend pas, on y va.»

Les actions possibles sont tour à tour envisagées par l’AG : l’occupation ou le blocage filtrant de ce bâtiment, des rassemblements spontanés, des manifestations sauvages organisées au dernier moment, à la fin des cortèges, ou encore des occupations inopinées sur la voie publique. Etudiants, enseignants et agents n’ont pas encore de vrai plan, mais tous partagent la même rage face à «un gouvernement qui a de la cire dans les oreilles». Patricia, retraitée du CNRS et syndicaliste CGT, se propose d’aller dans les amphis pour accélérer la mobilisation. «On peut créer un groupe d’intervention au CNRS pour faire le tour des laboratoires et préparer la grève massive de jeudi. Il faut se donner les moyens du blocage.» D’autres, comme Stan, proposent des «stratégies de lutte» plus radicales, comme le blocage de la gare ou du Polygone, le centre commercial du centre-ville de Montpellier, «un gros symbole du capitalisme, facile à défendre» (entendez : à bloquer). «Bloquer cette fac, poursuit-il, ça permettrait aussi de donner du temps aux étudiants pour aller manifester et organiser des actions.»

Si la mobilisation reste compliquée à organiser au sein même de cette université, l’idée de rejoindre les actions prévues «en ville» séduit la plupart des participants. Ils comptent ainsi rejoindre ce mardi les opérations de filtrage et de tractage organisées à l’entrée nord de Montpellier, puis la manifestation des cheminots en grève. Au-delà des actions locales, tous saluent la possibilité qu’un référendum d’initiative populaire (RIP) soit engagé, ou qu’un recours constitutionnel soit déposé. «Tout ça s’articule et se nourrit», estime Boris, un enseignant qui dit craindre de voir ce mouvement social «davantage réprimé». La motion adoptée par l’AG encourage étudiants et personnels «à se mettre en grève massivement, à fermer les services, les labos, à ne plus assurer les cours».

En marge de l’AG, ça tergiverse sec entre étudiants à propos des motions de censure qui doivent être déposées plus tard dans l’après-midi : passeront ? Ne passeront pas ? «Quel que soit le résultat de ces motions, on lâchera rien, tranche Alban Desoutter. On mènera la bagarre jusqu’au bout contre cette réforme.»