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Réforme des retraites: bataille en vue à l’Assemblée

Les débats débutent lundi 6 février à l’Assemblée par une motion de rejet préalable de LFI et une motion référendaire du Rassemblement national.

Le ton est donné: la bataille sera âpre et l’issue, incertaine. Pour sa réforme des retraites, qui vise notamment le report de l’âge légal à 64 ans et dont l’examen commence ce lundi à l’Assemblée nationale, le gouvernement sait que rien n’est encore gagné. Pendant deux semaines, la majorité relative va devoir faire face à des attaques qui surgiront de toutes parts. Et répondre à une équation politique pour le moins complexe.

Alors qu’il pensait récupérer sans peine les voix des 62 députés des Républicains, après une alliance conclue avec LR sur la base d’intérêts convergents, l’exécutif se heurte ces derniers jours aux coups de pression répétés de certains parlementaires de droite.

Raison pour laquelle la première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé dimanche dans le JDD avoir entendu les demandes de certains d’entre eux sur les carrières longues. En annonçant notamment que ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans et non à 64. Insuffisant, lui ont, dans la foulée, répondu plusieurs parlementaires. Un simple «doigt tendu» a notamment tancé le député LR Fabien Di Filippo sur BFMTV, tandis que l’élu du Lot Aurélien Pradié et certains de ses proches ont précisé qu’en «l’état actuel», ils ne soutiendraient pas la réforme. «Je souhaite que ceux qui ont commencé à travailler à 21 ans ne soient pas les dindons de la farce. (…) C’est désormais un amendement cosigné par tous les députés LR. S’il n’est pas repris à la virgule près, je m’opposerai à cette réforme», a prévenu Pradié, dans le JDD.

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«On sent une vraie fragilité dans nos rangs» 

Un avis loin d’être unanime à droite, où certains relativisent la capacité d’influence du jeune parlementaire du Lot. Le doute est néanmoins semé au sein des troupes présidentielles. Combien de députés LR voteront-ils, in fine, la réforme? Et combien s’y opposeront réellement? Car en plus des exigences de certains élus Républicains, l’exécutif doit également faire face aux réticences d’élus de sa propre majorité. «On sent une vraie fragilité dans nos rangs…», avoue, inquiet, un cadre macroniste. Tout ceci tandis qu’une colère sociale, menée par les syndicats, gronde un peu plus chaque semaine dans la rue. Et que le ministre au banc pour cette réforme, Olivier Dussopt (Travail), est fragilisé par une enquête du parquet national financier le soupçonnant de favoritisme.

«On va les fumer»

De leur côté, les élus de la Nupes, regonflés par les nombreuses mobilisations, souhaitent monopoliser la parole dans l’Hémicycle pour «dévoiler le ridicule et l’injustice de cette réforme», dixit l’Insoumis Antoine Léaument. «Le gouvernement est fébrile… pendant deux semaines on va aller à la castagne et on va les fumer», se réjouit d’avance un député socialiste.

Oui, nous faisons de l’obstruction sur le fond pour répondre à ce qui est en train de se passer dans la rue, car nous devons bloquer ce projet de loi

Sandrine Rousseau, écologiste

À elle seule, pour l’examen en séance publique, l’alliance de gauche a déposé près de 18.000 amendements. Un nombre qui «ne donne pas l’impression que la Nupes ait envie d’avoir un vrai débat sur les retraites», a dénoncé la première ministre, Élisabeth Borne, dans le JDD. Avant d’espérer que «les oppositions retireront leurs amendements» pour que la discussion, «projet contre projet», puisse avoir lieu. Un blocage parlementaire dénoncé dans le camp présidentiel mais assumé par la gauche. «Oui, nous faisons de l’obstruction sur le fond pour répondre à ce qui est en train de se passer dans la rue, car nous devons bloquer ce projet de loi», affirme l’écologiste Sandrine Rousseau.

Dans l’Hémicycle, le combat sera rude. Les séances seront agitées et les nuits courtes. «Ça va être infect. Les incidents de séance, rappels au règlement, suspensions vont se multiplier… Ça va cogner H24 et on va sortir de là rincés», anticipe un élu Horizons. La tonalité sera rapidement donnée: l’examen du texte commencera par une motion de rejet préalable du texte défendue par La France insoumise, puis par une motion référendaire qui devrait, sauf changement de dernière minute, être présentée par le Rassemblement national.

L’option du 49.3

Les débats iront-ils à leur terme? Au vu de la masse d’amendements à étudier, beaucoup de parlementaires en doutent. Mais les élus de la Nupes ont déjà prévu - si cela est nécessaire - d’en retirer afin de débattre de l’article 7 sur l’âge légal du départ à la retraite. «S’il y a un vote sur cette question, je suis certaine que le gouvernement sera mis en minorité», anticipe la députée RN Laure Lavalette.

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En cas de difficultés, le gouvernement pourrait en tout cas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, qui lui permettrait de faire adopter ce texte sans le vote des parlementaires. Mais l’option n’est, pour l’instant, pas envisagée par l’exécutif, promet la première ministre. «En l’état actuel, on y va tout droit», pronostique un cadre du camp présidentiel. Avant de se reprendre: «Mais on ne peut pas… Si on fait ça, ça va être violent.»