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Réforme des retraites : « Chouchous » VS « alliés de Macron »… Entre RN et Nupes, l’autre bataille de l’Assemblée

Marine Le Pen regarde sa montre. « Avant l’heure, ce n’est pas l’heure, on va attendre un peu… » Pressée d’en découdre, la présidente du groupe Rassemblement national était en avance ce mardi pour sa conférence de presse à l’Assemblée nationale. « Nous allons utiliser tous les moyens à notre disposition pour que ce texte ne soit pas voté en l’état », dit-elle au micro, martelant son opposition à la réforme des retraites, débattue à partir de ce lundi dans l’hémicycle. Cette première journée d’échanges a été le terrain d’une bataille dans la bataille entre le RN et les élus de la Nupes. L’objectif : incarner la force principale d’opposition au texte du gouvernement.

Marine Le Pen met la pression sur la gauche

Le choix d’organiser une conférence de presse n’était donc pas anodin. Le RN souhaitait mettre la pression sur la gauche avant même l’ouverture des débats. Face aux journalistes, Marine Le Pen prend soir de préciser que ses troupes voteront bien en faveur de la motion de rejet, déposée par la Nupes, pour faire tomber le projet de loi. Mais qu’en sera-t-il de la gauche concernant sa propre motion référendaire ? « De nature optimiste, j’espère encore qu’une majorité de députés va voter cette motion, à commencer par ceux de la Nupes… » La cheffe de file RN sourit. Elle sait déjà que les députés insoumis, écologistes, socialistes et communistes ne joindront pas leur voix à celles du RN. Qu’importe, l’occasion est trop belle pour attaquer ses adversaires : « Ils ne punissent pas le RN mais leurs propres électeurs. Ils ont défendu depuis longtemps le principe d’un référendum sur les retraites, mais vont en priver les Français uniquement par sectarisme et par de basses considérations politiciennes ».

La Nupes tente un coup pour doubler le RN

Quelques instants après cette conférence de presse, l’ensemble des élus de la Nupes arrive en même temps, en rang serré, par les jardins du Palais Bourbon. La gauche s’était donné le mot pour mettre en scène le front commun contre le projet du gouvernement. « Nous sommes unis et déterminés pour faire retirer le texte », lance l’insoumise Mathilde Panot. « Nous représentons aujourd’hui la mobilisation sociale et le peuple de France, ajoute André Chassaigne, le patron des députés communiste. Nous en sommes les porte-paroles, les bras armés. Le combat s’annonce acharné, nous ne lâcherons pas ».

Arrivée groupir des députés de la Nupes à l’assemblée. #ReformeDesRetraites « Le combat sera acharné. Nous ne lâcherons pas », lance l’élu PCF André Chassaigne. pic.twitter.com/zJNJCAq1KL

— Thibaut Le Gal (@LGThibaut) February 6, 2023

En coulisses, les élus de gauche n’ont en effet rien lâché, en tentant un coup inespéré. Agacés d’avoir été doublés par le RN sur la motion référendaire (en perdant le tirage au sort la semaine passée), les élus de la Nupes en déposent une seconde in extremis avec le groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Le coup tactique vise à forcer la présidente de l’Assemblée nationale à lancer une nouvelle fois la pièce en l’air. Mais à l’ouverture des débats, après des échanges houleux et même une interruption de séance, Yaël Braun-Pivet balaie la demande de la gauche sous les huées.

Deux stratégies d’opposition différentes

Ce jeu de chat et de la souris ne doit, lui, rien au hasard. Les deux camps espèrent bien incarner le leadership de l’opposition au texte, et donc à Emmanuel Macron. Même objectif, stratégie différente. La Nupes compte faire reculer le gouvernement par la rue, et dans l’hémicycle, en déposant des milliers d’amendements, rien que 13.000 pour les insoumis. Le RN, lui, n’en a déposé qu’une poignée, se disant prêt à voter ce que bon lui semble. Au micro, la cheffe de file LFI, Mathilde Panot, ironise d’ailleurs en s’adressant au gouvernement : « Dans cet hémicycle, vous avez vos chouchous. Votre opposition de confort s’appelle le Rassemblement national. Ils ont déposé 219 petits amendements, soit moins que Renaissance. Une opposition qui ne s’oppose pas, rien d’étonnant ».

Du côté du RN, on tient peu ou prou le même discours, à l’image de Laure Lavalette, députée RN du Var et porte-parole du groupe : « La Nupes, ce sont les alliés de la macronie. Ils ont un problème de cohérence, car ils ont fait élire Emmanuel Macron en 2022 et sont donc responsables de cette réforme des retraites ».