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Réforme des retraites : des lycéens nous expliquent pourquoi ils se mobilisent

Ils manifesteront ce mardi à Montpellier. Adèle, Samuel et Noa, tous trois militants à la FIDL, confient leur inquiétude quant au monde à venir.

Par Henri Frasque
Noa, Samuel et Adele, tous trois adherents a la FIDL 34, comptent bien se mobiliser de nouveau, ce mardi, contre la reforme des retraites a Montpellier.
Noa, Samuel et Adèle, tous trois adhérents à la FIDL 34, comptent bien se mobiliser de nouveau, ce mardi, contre la réforme des retraites à Montpellier. © Céline Escolano

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Les manifestations contre la réforme des retraites  ? « J'en ai fait dix sur neuf », s'esclaffe Noa, 17 ans, lycéen en terminale, spécialités géopolitique et physique-chimie au lycée Jules-Guesde, un établissement public polyvalent de Montpellier. Entendez : les neuf jours de manifestation nationale, plus la journée de manifestation de La France insoumise le 21 janvier à Paris. Et sans compter les rassemblements sauvages, chaque soir, à 18 heures, devant la préfecture de Montpellier.

Veste noire, cheveux mi-longs et moustache naissante, Noa est le très actif secrétaire général de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) de l'Hérault, militant à LFI, et l'un des leaders de la contestation contre la réforme des retraites dans son établissement. Fils d'une prof d'EPS et d'un accompagnant en GIHP, le lycéen a été « Gilet jaune à 15 ans », et se souvient de sa première manif, enfant, avec ses parents, contre Nicolas Sarkozy. « Avant, au lycée, j'étais le gars chiant qui parlait politique, et maintenant, tout le monde vient me parler », rit le lycéen. « Les gens nous envoient des messages pour nous demander si on va lancer un nouveau blocage. On est devenus Uber-blocus ! »

« Des profs en grève qui sont venus nous soutenir »

« La première fois qu'on a bloqué le lycée, on n'avait pas beaucoup d'expérience, et on s'est fait un peu déborder », reconnaît Adèle, 16 ans, cosecrétaire générale de la FIDL34 et élève en seconde. « Mais vendredi dernier, on a tenu toute la journée. Il y a même des profs en grève qui sont venus nous soutenir. » « Maintenant, on a compris le truc, sourit Noa. On attache les poubelles ensemble avec des serre-câbles et des cordes. »

À LIRE AUSSIGrève du 28 mars : suivez la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites en directIls disent pouvoir compter à chaque blocage sur le renfort d'une trentaine de lycéens. « Plus nombreux au début de la journée qu'à la fin… » admet Samuel, 17 ans, en terminale générale, un fan de heavy metal nonchalant aux cheveux de jais, tout de noir vêtu, lui aussi militant de la FIDL. Ce fils d'agents immobiliers indépendants fera « un CAP de cuisinier ». Adèle, fille de médecins, voudrait être « journaliste ou députée ». Noa « n'en a pas la moindre idée. Peut-être assistant parlementaire ».

Une centaine de lycéens sur 18 000 manifestants

Les trois militants ne s'attendent pas à être suivis par une immense foule de lycéens en partant de leur établissement ce matin, pour rejoindre le départ de la 10e journée nationale de manifestation, dans le quartier Antigone. « La dernière fois, on était 42 derrière la banderole de la FIDL, et une centaine de lycéens dans la manif », a compté Noa. Une paille dans une manifestation qui a réuni 18 000 personnes selon la préfecture, 40 000 selon les syndicats.

À LIRE AUSSIMais qu'est-ce qui fait vraiment marcher les jeunes ? Dommage, estime-t-il, que « beaucoup de lycéens ne s'intéressent ni à la réforme ni à la politique. Pourtant, comme a dit Jean-Luc [Mélenchon] quand il est venu en meeting à Montpellier : si tu ne t'intéresses pas à la politique, la politique s'intéressera à toi ! » S'ils manifestent une nouvelle fois ce mardi, c'est bien sûr contre la réforme des retraites. « D'abord par solidarité intergénérationnelle : pour nos parents, nos oncles, nos tantes, nos grands-parents, tous ceux qui vont devoir travailler plus longtemps », énumère Adèle. Qui s'inquiète de se lancer dans « de longues études pour avoir un emploi stable, au détriment d'une retraite pour laquelle on n'aura pas suffisamment cotisé ».

« J'ai peur d'être lycéen dans ce monde qu'on nous prépare »

Mais s'ils manifestent, c'est aussi « contre Parcoursup, contre le service national universel, et pour protester contre l'inaction climatique du gouvernement ». Adèle est aussi très impliquée dans les Marches pour le climat de Youth for Climate, et s'inquiète du dernier rapport du Giec. « Ça fait peur d'être lycéen dans ce monde qu'on nous prépare », lâche Noa. En attendant, il tente de concilier son activisme avec le bac, qu'il passe en redoublant. « La semaine dernière, je passais les épreuves le jour, et j'allais en assemblée générale ou en manif le soir. » Tous trois comprennent que leurs parents puissent s'inquiéter de leur engagement : « Ils ont peur que quelque chose m'arrive, confie Adèle. Moi-même, j'ai peur, après avoir vu ce que s'est passé dans les manifestations contre les mégabassines. » Mais ils veulent aller jusqu'au bout. « Jusqu'au retrait ! » L'adolescente en est sûre : « avec le passage en force du 49.3, il y a une nouvelle donne. Ce n'est pas le moment d'abandonner la lutte ! »