France
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Réforme des retraites : et si Macron nous aidait à bosser ?

On l’a dit et répété, le déficit des retraites est petit. On parle de 10 milliards d’euros, une somme importante en elle-même évidemment, mais qui est petite rapportée aux plus de 3 000 milliards actuels de la dette publique. En 2022, notre système de retraites est même en excédent de 3 milliards d’euros.

Loin de « l’urgence » à « réformer » pour « sauver notre système » claironnée par les décervelés de Renaissance, le fait que Macron s’énerve sur ce sujet est impossible à expliquer de façon rationnelle. Surtout au vu des très nombreux cadeaux effectués ces dernières années. Selon Bruno Le Maire lui-même, rien que le bouclier énergétique va coûter 100 milliards d’euros en deux ans. Dix fois plus que l’éventuel déficit futur des retraites !

Et on ne parle pas des dizaines de milliards d’euros perdus par l’État chaque année à cause de la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), de la très forte baisse des cotisations sociales, de la baisse de l’impôt sur les sociétés, etc. Pourquoi Emmanuel Macron fait-il cela ?

Plaire aux vieux, et à Bruxelles

Je pense que la première raison est politique : Macron sait qu’il est le président des riches certes, mais aussi et surtout des vieux, qui sont encore très nombreux et très inquiets pour leur avenir. Arrivé à 70 ou 80 ans, vous n’avez que votre pension de retraite. Vous ne pouvez plus travailler. Les dés ont été jetés.

Et donc ce que vous voulez avant tout, c’est être sûr que vous continuerez à la toucher pendant les décennies de canapé qu’il vous reste. En demandant à vos enfants et petits-enfants de travailler plus longtemps, Emmanuel Macron s’attaque au déficit des retraites. Vous votez pour lui. C’est aussi basique que cela.

La seconde raison est idéologique. Si Macron baisse les retraites – et les allocations chômage – c’est pour envoyer un message à l’extérieur. Depuis l’époque où il était ministre de l’Économie, Emmanuel Macron a toujours été clair sur le fait que ses interlocuteurs privilégiés, ce sont la Commission européenne, l’Allemagne, les entreprises multinationales – y compris françaises –, les banques et assurances du monde entier.

C’est pour cela qu’il a baissé leurs impôts, créé les sommets annuels « Choose France » juste avant le sommet de Davos, etc. Et donc, à ces gens-là, le président de la République dit : « Vous voyez que je suis un gars sérieux, je me préoccupe de la dette publique, et je fais en sorte de mettre au travail ces feignasses de gaulois réfractaires qui ne sont rien. »

Trop de solutions

Sur le fond, s’attaquer au déficit des retraites est loin d’être idiot. En effet, pour financer notre système social, c’est mieux si un maximum de gens travaille – à condition bien sûr qu’ils et elles aient un emploi épanouissant, sûr, et correctement payé.

Et c’est là que la politique d’Emmanuel Macron est incohérente. Il n’y aurait rien eu de plus facile de résorber le déficit du système de retraite si cela avait été son but réel. Par exemple, une faible hausse des cotisations suffirait. Ou, ainsi que l’a demandé même l’économiste en chef de la BCE, lever un impôt exceptionnel sur les entreprises qui ont été, de l’avis général, beaucoup trop aidées par notre gentil État durant le Covid.

De la même façon, l’économiste Michaël Zemmour, professeur à l’Université Paris 1, propose cinq solutions très simples pour « trouver 12 milliards », comme le dit le gouvernement, notamment en revenant sur certaines baisses de recettes fiscales décidées par le gouvernement qui plombent les recettes de la Sécurité sociale.

Travailler plus ? Si seulement !

Plus fondamentalement, la « simple » égalité salariale entre femmes et hommes conduirait le système de retraite à l’excédent, en raison des salaires, et donc des cotisations sociales, plus élevées de ces dernières. La grande majorité des entreprises françaises sont en effet toujours hors-la-loi dans ce domaine, sans que cela n’émeuve grand-monde, alors que la chose est simple à corriger.

De même, les agents de Pôle Emploi savent que de nombreuses personnes ne peuvent travailler parce qu’elles n’ont pas le permis. Si l’État payait, par exemple, 20 heures de conduite gratuite à tous les jeunes, de nombreux emplois seraient pourvus. On peut également évoquer la garde de jeunes enfants qui, même si elle plus développée en France que dans la plupart des pays, reste très insuffisante pour permettre aux mères célibataires peu diplômées de pouvoir travailler et, surtout, de pouvoir le faire à temps plein.

Enfin, le fait de laisser sombrer notre école, comme le fait avec un joli sourire Pap Ndiaye, est le meilleur moyen de creuser toujours plus le déficit futur des retraites. Les centaines de milliers de jeunes sans profs d’aujourd’hui, à l’image de ces élèves de Terminale sans prof de physique depuis septembre, alors que c’est leur matière principale, sont au pire les chômeurs, au mieux, les travailleurs mal payés de demain. Ils cotiseront beaucoup moins que ce qu’ils auraient pu faire si l’Éducation nationale avait rempli ses obligations minimales à leur égard.

Bref, assurer l’avenir du système de retraites, ce serait permettre à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent de travailler ; d’être formés quand ils ou elles en ont besoin ; et à toutes les femmes d’être aussi bien payées que les hommes. Autrement dit, il s’agit là d’un joli agenda progressiste, dont Emmanuel Macron s’était en partie fait le défenseur en 2017, mais qu’il a enterré depuis. ●