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Réforme des retraites : François Bayrou, le tonton râleur qui agace les macronistes

Trois mois avant Noël, le repas de famille s’annonçait déjà bien tendu. Emmanuel Macron réunissait mercredi soir la fine fleur de la Macronie pour un dîner à l’Elysée. L’occasion de resserrer les rangs alors que sa majorité s’écharpe sur l’épineuse réforme des retraites. Parmi les invités, François Bayrou. Depuis plusieurs semaines, le patron du MoDem clame haut et fort son opposition à un « passage en force » sur ce sujet. Dans ce contexte tendu, le président de la République rend visite ce vendredi au maire de Pau, qui ne cesse d’agacer une partie des macronistes.

« Il faut toujours qu’il fasse entendre sa différence »

Car la sortie de François Bayrou sur les retraites le 17 septembre dernier a fait l’effet d’une petite bombe. Quelques minutes à peine avant le grand raout de lancement du nouveau parti présidentiel Renaissance, le patron du MoDem a étrillé dans le Parisien le souhait du président « d’accélérer » sur les retraites et l’éventualité de faire voter le texte par simple amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Le maire de Pau a gâché la fête et refusé même d’y participer, obligeant les macronistes à enlever en catimini son nom d’une chaise présente au premier rang du meeting… Malgré la colère des macronistes, François Bayrou a renouvelé ses critiques contre « une mesure brutale » à plusieurs reprises, les jours suivants, dans les médias.

« En réalité, il était tout colère de ne pas avoir eu la parole au congrès de Renaissance, alors il l’a fait savoir », peste un macroniste, proche du chef de l’Etat. « Il faut toujours qu’il fasse entendre sa différence. Alors qu’on a des difficultés en ce début de mandat, avec une majorité relative. Il veut rappeler qu’il existe », poursuit-il.

« Il est important de parler avec franchise »

Ce n’est pas la première fois, depuis le début du second quinquennat, que François Bayrou agace ses pairs. Après la claque des législatives, il a balancé un joli taquet à Elisabeth Borne, alors fragilisée, exigeant un Premier ministre « plus politique ». Fin juin, le Haut-commissaire au plan s’est opposé à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, pourtant défendue par LREM. Ces derniers jours, dans la foulée des critiques de François Bayrou sur les retraites, les députés MoDem ont assuré qu’ils voteraient contre le gouvernement, en cas d’amendement au projet de budget de la Sécurité sociale.

« On a notre identité politique, forte et affirmée. Ca fait partie d’une bonne relation que chacun puisse s’exprimer, assure le député MoDem du Finistère, Erwan Balanant. Quand on est comme François Bayrou, une sorte de conseiller, voire de repère pour le président, il est important de parler avec franchise ».

Mais le maire de Pau, nommé récemment secrétaire général du Conseil national de la refondation (CNR), garde-t-il une influence réelle sur les choix de l’exécutif ? « Contrairement à 2017, où Bayrou avait eu un ralliement décisif, Emmanuel Macron n’a cette fois eu besoin de personne pour se faire réélire… », grince un élu Renaissance. Sur les retraites, le Béarnais a en partie gagné son bras de fer, puisque l’exécutif a décidé d’ouvrir un cycle de concertations pour l’adoption d’un projet de loi « avant la fin de l’hiver ». Erwan Balanant ajoute : « Si François Bayrou ou nous au MoDem, on agace parfois les marcheurs, c’est bien la preuve qu’on garde une certaine influence ».