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Réforme des retraites : « Je ne lâcherai rien, même si je dois être là tous les week-ends ! »

REPORTAGE. Les opposants à la réforme des retraites sont à nouveau descendus dans la rue mardi pour une dixième journée d’action à l’appel des syndicats.

Par Louis Chahuneau
Selon la CGT, 450 000 personnes ont defile mardi a Paris contre la reforme des retraites.
Selon la CGT, 450 000 personnes ont défilé mardi à Paris contre la réforme des retraites. © JULIEN DE ROSA / AFP

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« Retraite à 64 ans, mon stage ne peut pas attendre autant ! ». C'est la drôle de pancarte qu'a bricolée Kenza, étudiante en 3e année dans une école de communication. Avant que le cortège ne s'élance, mardi 28 mars, pour la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, l'atmosphère était plutôt détendue. Vers 13 heures, les rangs du cortège parisien ont commencé à grossir, d'abord derrière les camions des principaux syndicats, qui ont branché leurs baffles à fond pour mettre l'ambiance avec leur musique, puis les jeunes manifestants, lycéens ou étudiants, ont pris le relais aux cris de « Macron, président des patrons, grève générale, c'est ça, la solution ».

Paul, 22 ans, étudiant en audiovisuel, se mobilise d'abord pour ses aînés : « Ça nous concerne aussi pour nos parents. Ma mère est infirmière, elle a déjà un travail avec lequel elle est à bout. » Celui qui avait voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour puis pour Emmanuel Macron au second à l'élection présidentielle de 2022 défile derrière les banderoles d'universités (Paris-1 et Paris-3, notamment). Ce matin, il s'est joint à un piquet de grève du technicentre SNCF de Châtillon (Hauts-de-Seine). « On avait fait une banderole en solidarité », affirme-t-il.

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Dans le cortège parisien. © Louis Chahuneau
Un peu plus loin, Sébastien et Julien, aides-soignants à l'hôpital psychiatrique Paul-Guiraud à Villejuif, font partie des rares membres du personnel soignant à être venus manifester : « C'est normal, on est assignés par nos directeurs. Ceux qui travaillent le week-end et les jours fériés sont réquisitionnés d'office, donc il faut manifester sur nos jours de repos », explique le second. De son côté, Sébastien, veste en cuir sur les épaules, est de toutes les mobilisations depuis les Gilets jaunes : « J'étais déjà là à cause du coût de la vie, et maintenant, c'est encore pire. Je ne lâcherai rien, même si je dois être là tous les week-ends », résume celui qui redoute la violence qui a émaillé les cortèges lors des précédentes mobilisations. « La Brav-M, c'est la pire, ça n'a rien à voir avec du maintien de l'ordre. »

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« Manifester jusqu'à ce que le gouvernement craque »

Assise sur un banc, Séverine, 50 ans, professeure de mathématiques au lycée professionnel Charles-de-Gaulle, dans le 20e arrondissement, attend tranquillement ses amis. À ses pieds, une pancarte affiche « Moins de 49.3, plus de moula (d'argent) ». L'enseignante a été de toutes les mobilisations contre la réforme des retraites et espère encore que celle-ci sera retirée par le gouvernement, comme cela avait été le cas en 2006 avec le contrat première embauche (CPE), adopté mais non appliqué. Elle se veut optimiste : « Quand Élisabeth Borne a fait passer le 49.3, on a senti que le gouvernement avait chaud aux fesses, mais tant pis, on va continuer à manifester jusqu'à ce que le gouvernement craque. »

En direct de la 10e mobilisation contre la réforme des retraites avec Séverine, 50 ans, prof de maths dans un lycée pro du 20e arr : « Ils vont bien finir par craquer ! », lance celle qui est engagée depuis le début du mouvement. Début de la manif à 14h. @LePoint pic.twitter.com/ZocOYiPmxg

— Louis chahuneau (@LouisChahuneau) March 28, 2023

À LIRE AUSSIRéforme des retraites : des lycéens nous expliquent pourquoi ils se mobilisentUne nouvelle fois, les manifestants redoublent d'imagination pour dénoncer la réforme. Une femme s'est habillée en Dalton et tient une pancarte « deux ans ferme » dans ses mains. Un autre, coiffé d'un chapeau tricorne, porte un carton sur lequel on peut lire « Compagnie 64 retraité sénile ». Du côté des Rosies et de leurs célèbres bleus de travail, on n'a pas encore commencé à danser quand la manifestation s'élance de République.

Les personnalités publiques sont bien là, à l'image de Laurent Berger, président de la CFDT, dont la proposition de médiation a été refusée ce matin par le gouvernement, ou des députés La France insoumise Louis Boyard, Alexis Corbière et bien sûr de leur chef de file, Jean-Luc Mélenchon. À Paris, entre 70 000 et 100 000 manifestants sont attendus à Paris cet après-midi, selon les syndicats.