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Réforme des retraites : la stratégie du gouvernement se précise

Les discussions rentrent dans leur phase la plus délicate. Au ministère du Travail, le dernier cycle de concertations autour de la réforme des retraites se tient cette semaine. « On entre dans le dur, autour du financement du régime », assure un membre de la délégation de Force ouvrière. Les syndicats se font toutefois peu d'illusions, il s'agit bien de concertations et non de négociations. A la fin, le gouvernement tranchera comme il le souhaite. Et ce dernier, ne s'en cache pas, il veut aller vite. Très vite même.

Un projet de réforme présenté autour du 15 décembre

En effet, le gouvernement envisage de présenter un texte autour du 15 décembre prochain. Patronat et syndicats n'ont pas reçu encore le bristol officiel d'invitation, mais le ministère leur a mentionné une réunion multilatérale juste avant les vacances scolaires. Il pourrait à cette occasion leur dévoiler le contenu de sa réforme, avant de l'envoyer au Conseil d'Etat, et de l'inscrire en Conseil des ministres en janvier prochain.

L'exécutif a donc décidé de laisser passer les élections professionnelles dans la fonction publique qui se tiennent la semaine prochaine, puis de dégainer sans tarder son projet de loi.

La discussion parlementaire pourrait ainsi se tenir en début d'année. Faute de majorité, le gouvernement n'exclut pas de recourir au 49.3. « Nous espérons toutefois trouver la voie étroite possible, pour rallier les Républicains... le recul de l'âge de départ à la retraite, c'est quand même son ADN ! », analyse un ministre.

L'exécutif tient à une application effective de sa réforme des retraites l'été prochain. Histoire de faire entrer rapidement de l'argent dans les caisses - il évoque 20 milliards d'euros d'économie à horizon 2027- , et tenir son déficit. Mais aussi de rassurer nos voisins européens, qui attendent que la France mène des réformes de fond.

Une mesure d'âge mais dont le curseur n'est pas encore dévoilé

Et pour cela, une chose est sûre : le gouvernement a prévu d'inscrire une mesure d'âge, conformément à la promesse du candidat Emmanuel Macron... Il n'a pas encore énoncé où il placera le curseur : 64 ou 65 ans, contre 62 actuellement pour le départ légal à la retraite dans le privé. Un recul de l'âge contre lequel les Français restent largement opposés. Comme pour toute négociation classique, il pourrait commencer haut et présenter une copie à 65 ans, pour ensuite ramener l'âge de départ à 64 ans.

« Dans ce contexte, il ne faut pas attendre », plaide un membre du gouvernement. « Il n'y a jamais de bon moment pour engager une réforme impopulaire. »

Limiter la contestation sociale

Tout l'enjeu du gouvernement est de travailler à désamorcer une opposition sociale trop forte. D'éviter que la CGT et la CFDT, toutes deux opposées au recul de l'âge de départ ne fassent cause commune, et ne mobilisent leurs troupes ensemble.

Chance pour l'exécutif, la CGT de Philippe Martinez est très affaiblie. A quelques semaines de son futur congrès qui se tient en mars, elle est embourbée dans la succession de son chef de file. Le gouvernement va tout faire pour la renvoyer à une forme de contestation systématique.

L'exécutif sait qu'il lui sera très difficile - voire impossible - d'obtenir le soutien de la CFDT de Laurent Berger. Mais il espère la neutraliser.

« De lui donner suffisamment de gages pour qu'elle ne soit pas trop face à nous », assure un conseiller de l'Elysée. C'est avec cette intention qu'il y a une quinzaine de jours, Olivier Dussopt, le ministre du travail annonçait un minimum vieillesse à plus de 1.100 euros mensuels, qu'il travaille à améliorer l'emploi des seniors, ou qu'il cherche à tordre le bras du patronat pour une meilleure prise en charge de la pénibilité.

« Laurent Berger a tout intérêt à faire monter les enchères...pour apparaître à la fin, comme celui qui est responsable et évite une réforme trop dure aux Français », reconnait un proche du dossier. Et de confier : « Ainsi si le gouvernement retient 64 ans après avoir annoncé 65, et que la CFDT a bataillé, elle pourra dire qu'elle a eu de l'influence ».

Reste que derrière les stratégies, la réalité pourrait vite reprendre le dessus. Et un membre du gouvernement d'ironiser : « Le plus inquiétant dans tout ça, reste le pouvoir d'achat des Français.... leur annoncer une réforme difficile dont ils ne veulent pas, en plein mois de janvier, quand l'inflation est à la hausse et qu'il y a des coupures de courant... c'est soit ambitieux soit suicidaire ! »

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