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Réforme des retraites : "Les syndicats font la preuve de leur utilité", estime le politologue Bernard Sananès

Bernard Sananès, politologue, président de l’institut d’études Elabe évoque le rôle clé des syndicats dans le mouvement social contre la réforme des retraites. Si leur demande de "médiation" a été refusée par le gouvernement, Elisabeth Borne les invite à Matignon en début de semaine prochaine.

Quel regard portez-vous sur la demande de médiation formulée par le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger ?

Toute la difficulté pour Laurent Berger est de ne pas se désolidariser de l’intersyndicale tout en ne rompant pas avec l’ADN de la CFDT, un syndicat qui, à un moment, négocie un accord. Donc il lui faut ne pas s’isoler sur le front syndical tout en apparaissant comme un acteur de la sortie de crise. Et il est le premier à mettre sur la table une proposition de sortie de crise. Ce que le président de la République n’a pas semblé faire lors de son intervention télé.

Bernard Sananès, politologue, président de l’institut d’études Elabe.
Bernard Sananès, politologue, président de l’institut d’études Elabe. MAXPPP

Les syndicats forment-ils la vraie opposition au chef de l’État ?

Ce sont des acteurs qui veulent montrer qu’ils sont responsables. Ils l’ont été dans la gestion des cortèges, et ça a beaucoup joué en leur faveur, ils souhaitent l’être pour trouver une sortie de crise. Les syndicats ont montré une opposition très ferme à la mesure d’âge, mais avec une attitude différente de certains partis. Ils émergent comme un acteur un peu retrouvé, ils ont été très critiqués ces dernières années, là ils font preuve de leur utilité.

Philippe Martinez ou Laurent Berger ont même critiqué l’attitude des députés LFI à l’Assemblée nationale…

Exactement, ils ont montré une forme d’indépendance, et ils ont su garder LFI et Jean-Luc Mélenchon à distance.

Ce que l’on voit aujourd’hui est-il la conséquence de la volonté d’Emmanuel Macron de se passer des corps intermédiaires, des syndicats notamment ?

En tout cas, il n’a pas réussi à donner du concret à son engagement de campagne de mettre en place une nouvelle gouvernance. C’est un slogan aux yeux de l’opinion, on n’en a pas vu les traces. Contrairement au moment du Grand débat, qui était apparu comme un élément de sortie de crise posé par le président. Là, il a joué uniquement sur le registre de la fermeté. Et les sondages montrent que l’opinion rend l’exécutif responsable des blocages.

Le front syndical reste un autre fait marquant de ce mouvement social ?

Oui, alors qu’à l’inverse la fragmentation politique s’est étalée au grand jour. Ce front syndical uni a aussi signifié une forme d’homogénéité sociale du mouvement. L’alliance de la CGT et de la CFDT, deux visages du syndicalisme français bien perçus comme différents par l’opinion, a fait que le refus de la réforme est assez homogène chez les actifs, avec peu de différence du niveau de rejet chez les cadres ou les employés.