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Réforme des retraites : « On n’est pas dans un amphi ou dans une manif ! »… Le récit de la journée à l’Assemblée

Salle des Quatre colonnes ou des Pas perdus, dans les tribunes de la presse ou dans les couloirs, 20 Minutes a passé la journée de lundi à l’Assemblée nationale pour le premier jour de l’examen en séance de la réforme des retraites. La journée, c’était attendu, a été particulièrement animée, mais le gouvernement s’en est sorti sans encombre : ni la motion de rejet préalable, ni la motion référendaire n’ont été adoptées par les députés et députées. Voilà un premier obstacle passé. Entre petites et grandes infos, le récit de cette première journée.

Le micmac des motions

Le principal intérêt de cette première journée de débats sur la réforme des retraites était l’étude des motions de rejet préalable et référendaire. La gauche n’a pas digéré que sa motion référendaire, déposée en premier et avec le plus de signataires, doit subir un tirage au sort qui a favorisé le texte déposé par le Rassemblement national. Pour tenter de contourner ce vide dans le règlement de l’Assemblée (jamais deux motions référendaires n’avaient été déposées en même depuis 1958), la Nupes a aidé le petit groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), qui réunit des députés divers gauche et divers droite, à en déposer une troisième, dans les temps.

L’idée : forcer un nouveau tirage au sort mais aussi avoir un texte possiblement plus rassembleur. Un député LR, Ian Boucard, l’a même signée. Le début de la séance a été une longue litanie de rappels au règlement pour demander une réunion de la conférence des présidents. Il n’en sera rien, et la Nupes et Liot crient au déni de démocratie. Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, défend sa position face à une gauche hurlante : « Je ne sais pas, mes chers collègues, où est le déni de démocratie quand la présidente de l’Assemblée nationale ne peut pas s’exprimer ! », elle est ovationnée par la majorité mais aussi applaudie par l’extrême droite.

Dussopt stoppé

La présidente de l’Assemblée nationale appelle alors comme il se doit le gouvernement, et donc le ministre du Travail, Olivier Dussopt, à monter à la tribune pour le début de la discussion générale sur le projet de réforme des retraites. Tout ne va pas se passer comme prévu, c’est un euphémisme. La tension est l’hémicycle est palpable, on ne s’entend plus, les pupitres claques.

Plusieurs députés de la Nupes, dont la socialiste pourtant modérée Valérie Rabault, demandent la parole pour de nouveaux rappels aux règlements. Le président du groupe communiste, André Chassaigne, se lève pour parler dans un micro qu’on ne lui ouvre pas et pour cause, Yaël Braun-Pivet considère que tout le monde a pu s’exprimer. Elle ne veut pas suspendre la séance, mais y sera contrainte par la gauche qui empêche littéralement Olivier Dussopt de commencer son discours.

Après cinq minutes de suspension, finalement chaque groupe qui le demandait aura le droit à son rappel au règlement supplémentaire. Olivier Dussopt va pouvoir commencer son discours, mais dans quelle ambiance. Il faudra attendre de très longues minutes avant les députés, surtout LFI, calment leurs ardeurs. « Est-ce que nous allons passer 15 jours comme ça ? », demande la présidente ; « OUIIII », lui répond LFI. « On n’est pas dans un amphi, on n’est pas dans une manif, on est dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale », s’énerve alors Yaël Braun-Pivet. Majorité, LR mais aussi RN se lèvent pour applaudir : le ton est donné.

Avec l’atout SNCF, c’est possible ?

Mais tout n’est pas perdu pour la Nupes. Il reste encore une chance pour que la motion référendaire du RN ne soit pas celle débattue : qu’il manque un signataire à l’appel dans l’hémicycle au moment de son examen. Et, en l’occurrence, on passe à la prochaine proposition.

« Si votre train arrive en retard, voilà, pas de chance… », badine un socialiste en début d’après-midi avec des journalistes. Il ne répondra pas à la question de savoir si la CGT est dans le coup. La blague prend néanmoins un tour plus sérieux vers 19 heures quand vient à l’ordre du jour le débat sur la motion référendaire. Marine Le Pen a dénoncé des messages reçus par « quatre ou cinq » de ses députées, indiquant que leur enfant était hospitalisé, afin de les faire sortir au moment opportun. Impossible de vérifier mais des copies de ces messages devraient être envoyées à la présidence de l’Assemblée.

Le show Attal

Olivier Dussopt, toujours très technique, a fini par progressivement endormir la gauche de l’Assemblée même si, ici où là, des « mensonges ! » ou « vendu ! » ont été adressés au ministre. À la tribune lui a succédé le ministre délégué aux Comptes public, le beaucoup plus flamboyant Gabriel Attal. Il a livré un discours plus politique et plus enlevé de son collègue du gouvernement, lui aussi ancien socialiste : « C’est la réforme ou la faillite », tout de suite ça réveille. « Nous voilà à l’heure ou sur l’intérêt électoral il faudra faire primer l’intérêt général », affirme le ministre, qui dit aller « contre la popularité de l’instant ». Ça, c’est pour les LR.

Mais c’est bien entendu contre la gauche que ses piques seront les plus aiguisées. « La Nupes propose de financer les retraites par 110 milliards d’impôts en plus », assure Gabriel Attal qui s’emploie à démontrer à une anaphore marquante que les premières victimes de cette hausse des cotisations (et non des impôts, comme le dit le ministre) seraient « les salariés, pas les milliardaires ». « Avant d’être un parti d’opposition, vous êtes un parti d’imposition, vous ne pensez qu’à une seule chose, taxer les Français », a lancé Gabriel Attal dans une forme d’estocade. Plus que jamais, c’est le ministre qui monte.

Le retour d’Adrien Quatennens

Il était déjà revenu en commission, début janvier, mais jamais dans l’hémicycle : Adrien Quatennens a bien choisi son jour pour revenir discrètement. Après sa condamnation à quatre mois avec sursis pour violences conjugales, le député de Lille a été exclu du groupe insoumis pour quatre mois. Il siège donc désormais comme non-inscrit, à la lisière des groupes LFI et Renaissance, tout en haut des gradins. Non-inscrit, mais pas isolé, même pour faire semblant : en arrivant, Adrien Quatennens était accompagné, et pas de n’importe qui. Il était avec Manuel Bompard, le coordinateur de LFI. Le député de Marseille est de ceux, avec la direction du mouvement, qui milite le plus ardemment pour un retour sans conditions du député du Nord mi-avril, au bout des quatre mois.