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Réforme des retraites : pour le gouvernement, les députés LR comptent-ils plus que la rue ?

Les syndicats, qui font front commun contre la réforme du gouvernement, préparent leur journée de mobilisation, ce mardi. Grève à la SNCF, à la RATP, manifestations partout en France.... Ils espèrent maintenir la pression sur l'exécutif qui présente aujourd'hui son projet de loi à l'Assemblée.

Les syndicats, toutefois, n'appellent pas à des grèves SNCF, samedi prochain, jour de départ en vacances. Ils tiennent à conserver le soutien de l'opinion, et espèrent qu'en organisant une journée d'action un week-end, ils mobiliseront les salariés du privé, mais aussi les familles. « Le gouvernement commence déjà à fustiger les grèves et les blocages, pointant le chassé-croisé des vacanciers, en espérant retourner l'opinion publique, » écrivent la CGT-Cheminot, l'Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail, et la CFDT-Cheminot, dans un communiqué commun. Et d'ajouter «  C'est peine perdue ».

Après les deux journées en janvier ayant réuni plus d'un million de personnes dans l'Hexagone, ils espèrent toutefois faire mieux. Mais beaucoup s'interrogent. Ainsi Laurent Berger, le leader de la CFDT, s'étonne : « que la première ministre fasse comme s'il n'y avait pas eu autant de gens dans la rue. »

Une poignée de députés LR à convaincre pèsent-ils plus qu'un million de manifestants ?

Dans l'hémicycle, l'examen du texte a débuté, ce lundi après-midi, dans une ambiance électrique. Le début de séance n'a pas manqué d'être particulièrement houleux. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, qui porte la réforme a même été empêché de prendre la parole à cause du brouhaha des députés de l'opposition. Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale a été obligée de suspendre la séance.

Au-delà de ces tensions, Elisabeth Borne et ses ministres cherchent surtout à convaincre la droite. «  Sa crainte est que les Républicains ne la lâchent », confie un ministre. La concession faite ce week-end par la Première ministre sur les carrières longues qui pourraient concerner les actifs ayant commencé à travailler avant 21 ans - et non 20 ans dans le texte initial et qui peuvent en plus de leur 43 annuités, justifier de 4/5 trimestres - en est le meilleur exemple.

Cette proposition a fait quelques remous au sein des Républicains - certains, comme Aurélien Pradié, le député du Lot, estimant que ce n'était pas suffisant-. Mais cette suggestion témoigne d'un véritable intérêt du gouvernement pour ce groupe politique. Sans les voix de la droite, impossible, en effet, d'échapper à un passage en 49.3. « Et sur un texte aussi crucial qu'une réforme des retraites, le recours au 49.3 serait perçu comme un véritable passage en force », précise encore ce ministre, un poids lourd du gouvernement.

Elisabeth Borne soigne aussi ses alliés Modem. En effet, elle se dit également favorable à une clause de revoyure de la réforme en 2027, comme le demande François Bayrou.

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Une équation budgétaire difficile à tenir

Reste que face à ses calculs politiques, beaucoup s'inquiètent au sein du gouvernement du rendement de la réforme. A Bercy, notamment, on fait les comptes. La réforme doit rapporter 17,7 milliards d'euros en 2030, et déjà plus d'un tiers est affecté à des mesures compensatoires, comme le fonds pour l'usure au travail, les pensions minimales à 1.200 euros etc. Attention de ne pas lâcher trop de concessions auxquels cas, les gains économiques d'un passage de 62 à 64 ans seraient vite estompés, disent en coulisses les grands argentiers de l'Etat. La Première ministre chiffre par exemple sa proposition sur les carrières longues entre 600 millions et 1 milliard d'euros. Faudra-t-il en faire d'autres sur les trimestres pour maternité ? Sur la pénibilité ?

A Bercy, les économistes se souviennent par exemple, que la réforme des régimes spéciaux menée par Nicolas Sarkozy en 2008, avait couté, au final bien plus cher que prévu. Et surtout qu'elle avait été bien plus chère que les effets même de la réforme. Car pour la faire passer sans trop de remous auprès des agents concernés, le gouvernement avait consenti à distribuer des bonifications de fins de carrière, des primes etc... « " Veillons à ne pas commettre la même erreur" », disent en substance, les locataires de Bercy.

Auquel cas, le gouvernement aura payé deux fois le recul de 62 à 64 ans... d'un point de vue politique mais aussi économique.

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