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Renault-Nissan : « L’alliance binationale, une belle utopie qui s’est délitée, lentement mais sûrement »

auteur

Stéphane Lauer

Editorialiste au « Monde »

Après vingt-quatre ans d’un mariage qui ressemble plutôt à une mésalliance, les deux entreprises ont abouti à un accord dans lequel le constructeur automobile français cède son contrôle sur le japonais sans véritable contrepartie, souligne Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

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Lundi 6 février, à Londres, Jean-Dominique Senard et Luca De Meo, respectivement président et directeur général de Renault, devaient accomplir une prouesse : transformer ce qui s’apparente à un acte de décès en faire-part de naissance. L’alliance Renault-Nissan est morte, vive Renault et vive Nissan !

Après des mois de rumeurs, de faux-semblants et de rapports de force mal assumés, les deux entreprises ont abouti à un rééquilibrage capitalistique dans lequel Renault cède tout bonnement le contrôle de Nissan sans véritable contrepartie. Sa participation tombe de 43 % à 15 % du constructeur japonais tandis que ce dernier se voit enfin octroyer des droits de vote pour les 15 % qu’il détient déjà chez le français.

« 15-15 » : derrière ce score de tennis et ses allures de parité censée ramener la concorde entre deux groupes qui n’arrivent plus à travailler ensemble depuis des années, s’esquisse la fin d’une aventure commencée il y a vingt-quatre ans. Une alliance binationale, aux antipodes de la brutalité d’une fusion, basée sur le respect mutuel et la préservation des cultures respectives. Une belle utopie, qui, après avoir semblé tenir ses promesses, s’est délitée, lentement mais sûrement.

Coopérations ponctuelles

Comme dans toute séparation, les divorcés tentent de sauver la face pour l’entourage en faisant mine qu’un lien subsiste. Après tout, vingt-quatre ans de vie commune ne peuvent s’effacer d’un trait de plume.

C’est le but des projets annoncés lundi. Une poignée de coopérations ponctuelles, qui sont monnaie courante dans le secteur automobile, mais qui n’ont plus rien à voir avec l’idée originelle de l’alliance. Ces initiatives ne font que dessiner en creux le fait que les deux groupes n’ont plus grand-chose à partager si ce n’est des opportunités à la marge qui portent sur de faibles volumes de production et des marchés périphériques.

L’Europe n’est plus une priorité pour Nissan ? Qu’à cela ne tienne, autant confier l’assemblage de sa petite citadine, la Micra, à l’usine Renault de Douai (Nord). Lancer un pick-up en Amérique du Sud ? Un vieux projet que la firme au losange n’est pas capable de mener seule, d’où l’idée de le ressusciter pour maintenir à flot son activité industrielle en Argentine. Quant à l’Inde, l’alliance n’a jamais réussi à percer sur ce marché. Plutôt que d’opter pour un retrait du pays, coûteux et compliqué, Nissan préfère limiter les dégâts en s’appuyant sur le savoir-faire de Renault dans les véhicules low cost, en attendant meilleure fortune.

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