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Rennes : « Rien ne laissait présager d’une telle horreur »… Les parents, victimes collatérales des viols du magicien

Elle n’a pas commencé à raconter son histoire depuis une minute que les sanglots la font tressauter. Les yeux bleus de Sandra sont plissés, sa bouche est figée. Depuis la révélation des faits dont est accusé le magicien, Sandra est restée bloquée. Le 1er janvier 2018, celle qui était alors une amie très proche apprend que Sébastien C. est en prison. La justice le soupçonne de multiples faits de viols et agressions sexuelles sur plusieurs petites filles âgées de 3 à 15 ans. « Je m’inquiétais parce qu’il ne répondait plus à mes messages. Ce n’était pas son genre », se souvient-elle. Son ami était alors derrière les barreaux. Cinq ans après son incarcération, il sera jugé devant la cour d’assises des mineurs de Rennes. Au total, la justice a recensé 27 victimes, garçons comme filles.

Quelques semaines après cette révélation fracassante, Sandra est convoquée au commissariat de Rennes pour que ses enfants soient entendus. Maman de deux garçons, elle est loin d’imaginer qu’eux aussi ont été abusés par celui qui était son confident. Dylan, son aîné, explique alors qu’il a été victime d’attouchements alors qu’il avait 10 ans. « On était dans ma chambre, il m’avait prêté son téléphone. Ça arrivait souvent. Et puis là, il a commencé à me caresser, à passer sa main sous mes vêtements, à me masturber. Il faisait des simulations de va-et-vient », raconte Dylan, aujourd’hui âgé de 20 ans. Le garçon qu’il était n’ose alors rien dire, comme figé, pétrifié. « J’étais très jeune, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je ne savais pas si c’était bien ou si c’était mal ».

La psychologue intervenue auprès des enfants évoque « un état de dissociation hypnotique » causé par le téléphone et l’emprise de l’accusé sur les enfants. Le petit frère de Dylan a été abusé par le même homme. Mais il lui aura fallu des années supplémentaires pour le révéler. Son agression sera examinée ultérieurement dans le cadre d’un procès correctionnel. La preuve que les 27 victimes qui témoigneront devant les assises de Rennes ne sont pas les seules.

Les tours de magie le rendaient fascinant

A chaque fois, le « mode opératoire » était le même. Sébastien C. devenait d’abord l’ami des parents, partant en vacances avec eux. A chaque fois, il a couvert les enfants de cadeaux, passait du temps avec eux. Les quelques tours de magie le rendaient rapidement populaire, fascinant pour les petits comme pour les grands. « Je n’ai jamais eu d’alerte, jamais rien vu. Les enfants le réclamaient, ils l’adoraient. Rien ne laissait présager d’une telle horreur », assure Sandra. Depuis les révélations, la maman est dévastée. Anéantie par les traumatismes subis par ses enfants et par toutes les autres victimes.

« Je me sens tellement mal. Je l’ai présenté à plein d’amis, je lui ai fait rencontrer ma famille, il venait aux anniversaires. Il y avait des enfants partout. J’ai mis tellement d’enfants en danger. »

L’enquête a démontré qu’aucun des enfants de son entourage n’avait été a priori abusé. « Il bougeait tellement en France et à l’étranger que j’ai peur qu’il y en ait d’autres », concède Sandra.

La maman est inconsolable, brisée à vie. En plus d’assumer les violences subies par ses garçons, elle a dû contacter tous ses amis pour leur expliquer l’inexplicable. Quand elle pense au procès, elle est pétrifiée. « J’ai peur de le revoir tellement j’ai de colère, de haine, de tristesse. Quand je pense à tous ces enfants, ça me rend malade. Je me sens coupable de n’avoir rien vu. » Pendant les quinze jours du procès devant la cour d’assises, elle ne pourra pas être présente tous les jours. La mère de famille attend pourtant des réponses. De l’accusé, évidemment, mais aussi des enquêteurs et de la justice. Elle veut comprendre comment on a pu laisser un homme déjà condamné pour agression sexuelle sur une enfant de 9 ans en 2011 exercer auprès d’enfants. « Je me sens terriblement coupable. Mais la justice est la première responsable. »

Combien de victimes pour une plainte mal examinée ?

En 2014, une plainte avait été déposée par la mère d’une fillette de 3 ans et demi qui avait été victime d’attouchements lors d’un anniversaire animé par le magicien. Sa plainte n’avait jamais été instruite et le mis en cause n’avait pas même pas été interrogé. Il aura fallu attendre presque quatre ans pour que Sébastien C., se sentant acculé, se présente de lui-même à la police pour se dénoncer. « Pendant ces quatre années, il a fait des ravages », résume un avocat. On ne peut pas s’empêcher d’y penser. Combien de victimes auraient pu être épargnées si l’enquête avait été bien menée ?

Le procès qui se tiendra à huis clos s’ouvre ce vendredi devant la cour d’assises des mineurs à Rennes et durera quinze jours. Récidiviste, l’accusé encourt une peine de vingt ans de prison.