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Reprise : « Noir et blanc », quand le désir dépasse la friction

Le film de fin d’études de Claire Devers, Caméra d’or à Cannes en 1986, explore la jouissance d’un comptable timide s’abandonnant aux mains d’un masseur. Devenu quasi introuvable, il revient en salle en copie restaurée.

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Plutôt qu’une carte de visite ou un rite de passage, le premier long-métrage devrait être ce lieu des surgissements, où l’on ose tout. Rares sont ceux, en tout cas, à avoir fait aussi forte impression que Noir et blanc, film de fin d’études de Claire Devers à l’Idhec et pavillon trouble de l’année 1986, distingué d’office par une Caméra d’or à Cannes.

Ce coup d’essai incroyablement hardi d’une jeune débutante, inspiré dans les grandes lignes d’une nouvelle de Tennessee Williams (Le Masseur noir, publié en 1967), avait pour lui d’aller jusqu’au bout de son idée : explorer la jouissance en ses rouages et soubassements, avec un regard neuf, dégagé de toute influence comme des clichés usuels en la matière, qui pourtant ne manquent pas. Devenu avec le temps quasi introuvable, le film revient en salle dans les habits neufs d’une copie restaurée.

Qu’en était-il du plaisir, au tournant des années 1980 ? Plus enfoui et refoulé que jamais, si l’on en croit le protagoniste de Noir et blanc, Antoine (Francis Frappat), comptable timide et sans fantaisie, à qui se retrouvent confiés les registres d’un centre sportif doté d’équipements dernier cri – autant de machines à muscles qui exaltent le corps, le poussent à l’exsudation.

Pour mieux faire passer des irrégularités, le propriétaire (Marc Berman) invite l’agent à profiter lui aussi des installations et, pourquoi pas, des services d’un masseur maison. D’abord réticent, l’homme de chiffres livre son corps blanc et interdit aux mains noires et expertes de Dominique (Jacques Martial), masseur antillais qui le pétrit sans réserve, comme une bonne pâte. La rudesse du contact bouscule Antoine, mais elle ouvre aussi quelque chose en lui : l’accès à un désir insoupçonné, niché dans les recoins de la douleur, et donc d’essence masochiste. Chaque soir, il retourne dans la cabine et se livre à des frictions toujours plus percutantes.

Récit d’une révélation

Noir et blanc fait ainsi le récit d’une révélation, puis d’une complicité entre les deux hommes partageant le même secret, ce dispositif qui les réunit et leur devient peu à peu indispensable, au point de prendre toute la place. La plupart du temps, Claire Devers s’occupe moins du rituel en lui-même que de ses à-côtés et de ses répercussions sur le quotidien, chamboulé, bientôt balayé. Des massages concernés, elle préfère faire entendre les claquements et les râles, maintenant l’exercice de la violence hors champ.

Des massages concernés, Claire Devers préfère faire entendre les claquements et les râles, maintenant l’exercice de la violence hors champ

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