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RER : Emmanuel Macron et le « new deal » ferroviaire des métropoles

C’était jusqu’à présent une exclusivité réservée aux habitants de la région Île-de-France. Emmanuel Macron a annoncé dimanche 27 novembre dans une vidéo sur le réseau social YouTube qu’il voulait que dix métropoles disposent à leur tour de RER, l’acronyme d’un nom souvent oublié par ses usagers : « Réseau express régional ».

« Pour tenir notre ambition écologique, je veux qu’on se dote d’une grande ambition nationale », a déclaré le chef de l’État, ajoutant que ce projet de transport du quotidien devait « faire en sorte que dans les grandes métropoles françaises aujourd’hui congestionnées, les personnes qui ont des trajets pendulaires puissent les faire sans voiture, en décarbonant leurs trajets grâce à ces RER métropolitains ».

Emmanuel Macron a bien évoqué des RER et non des TER (transports express régionaux) que connaissent les usagers du rail dans les régions françaises. « La première différence entre les deux réside dans la distance parcourue, pointe Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut). Les RER traversent les villes centres en s’y arrêtant le plus souvent et irriguent les alentours, alors que les trains régionaux vont bien plus loin, parfois même au-delà des limites régionales. »

Toutes les demi-heures

L’autre particularité des RER concerne la fréquence. « Pour rencontrer le succès, un tel réseau doit offrir aux usagers la certitude d’horaires cadencés, c’est-à-dire de départ aux mêmes minutes à chaque heure, et avec des intervalles qui n’excèdent pas la demi-heure, voire le quart d’heure dans certaines métropoles aux heures de pointe », observe Gilles Dansart, éditeur du site spécialisé dans les transports Mobilettre. C’est en effet la seule manière de sécuriser les déplacements des voyageurs et de les inciter à abandonner leur voiture.

« Depuis trop longtemps, on a concentré les efforts sur les réseaux urbains et la première ou deuxième couronne, oubliant un peu les territoires périphériques, poursuit le spécialiste. Des territoires où les politiques sentent la colère monter. »

Il faudra toutefois que des pannes régulières et des rames surchargées ne découragent pas les usagers comme cela peut être parfois le cas en Île-de-France. « Du fait de la densité démographique, le nombre de voyageurs y est assez unique en Europe, indique Bruno Gazeau. Ce ne sera évidemment pas le cas sur les futures lignes en région. » Les cinq lignes de RER franciliennes transportent plus de 2,5 millions de personnes par jour – 1,2 million sur le seul RER A, dont le premier tronçon a été inauguré en 1969, et qui est la ligne ferroviaire la plus chargée d’Europe.

Service express métropolitain

Si le président de la République a employé ce terme de RER pour la commodité, on utilise davantage le terme de « SEM » pour service express métropolitain dans les différentes régions où des projets s’esquissent déjà depuis des années. Car si Emmanuel Macron a surpris, l’idée de transports maillant les centres-villes et les périphéries n’est pas nouvelle.

En octobre 2020, SNCF Réseau avait remis au gouvernement un schéma directeur avec l’objectif de développer de nouveaux services métropolitains. La première ministre Élisabeth Borne était alors ministre des transports, et c’est d’ailleurs elle, aujourd’hui, qui devrait suivre l’évolution du dossier. Cette idée de RER en région figurait d’ailleurs dans la loi d’orientation des mobilités (LOM) promulguée en 2019. Depuis, une quinzaine de projets plus ou moins avancés sont en phase de développement, notamment à Bordeaux ou à Strasbourg.

« Nous allons inaugurer le 12 décembre un réseau express métropolitain strasbourgeois », annonce ainsi Jean Rottner, président de la région Grand Est et président de la commission transport à Régions de France, selon lequel « il faut vraiment que le réseau ferré, colonne vertébrale de nos mobilités, soit modernisé. Et il faut aussi que les efforts de transports vers les zones rurales ne soient pas oubliés ». Régions de France avait publié une tribune le 22 octobre dans la presse pour appeler l’État à un « New Deal ferroviaire », passant par un investissement massif dans la modernisation du réseau ferroviaire.

13 grandes villes pour 13 milliards d’euros

Parmi les autres villes concernées par l’annonce présidentielle, outre Bordeaux et Strasbourg, le ministre des transports Clément Beaune a évoqué le 28 novembre sur RMC des « projets relativement mûrs » à Lille et Toulouse. Certains observateurs évoquent aussi Nantes, Lyon ou Marseille…

Reste la question cruciale des financements, de leur montant et de leurs financeurs. En juillet 2022, le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou avait évoqué la création de 13 RER métropolitains dans 13 grandes villes, pour un total de 13 milliards d’euros. Fin 2018, le projet de RER bordelais était à lui seul estimé à 1,8 milliard d’euros.

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Coup de chaud sur les tarifs des transports franciliens

Le 7 décembre, Île-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports de la région, va délibérer sur le prix de la carte Navigo, ce forfait qui permet d’emprunter les transports publics, du métro aux trains régionaux, en passant par les bus et les tramways.

Aujourd’hui fixé à 75,20 € par mois pour l’ensemble de la région, son prix pourrait augmenter jusqu’à 90 € en raison de l’envolée inédite des coûts de fonctionnement des transports, estimée à près d’un milliard d’euros en 2023.

Le forfait fait encore l’objet d’intenses négociations entre la région Île-de-France, les parlementaires et le gouvernement pour tenter de limiter la hausse à 80 €, notamment grâce à une augmentation du versement mobilité des entreprises, une taxe pesant sur les entreprises de plus de onze salariés.