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Retraites : après l'invitation de Borne, l'exécutif dit ne pas vouloir «réécrire le texte», les syndicats méfiants

«Ce n'est pas possible que ce ne soit pas à l'ordre du jour», a insisté ce mercredi matin Laurent Berger.

La main tendue par l'exécutif sera-t-elle saisie par les syndicats ? Alors que le président de la République avait fermé la porte à une rencontre avec l'intersyndicale, et que le gouvernement a adressé une fin de non-recevoir à leur proposition de nommer un médiateur sur la réforme des retraites, Élisabeth Borne a finalement saisi la balle au bond, mardi soir. La première ministre a ainsi invité les organisations derrière le mouvement social à Matignon, «lundi ou mardi» prochain, selon Laurent Berger.

Mais quel sera, précisément, l'objet de cette rencontre ? Interrogés mercredi matin, plusieurs membres du gouvernement ont indiqué qu'elle porterait notamment - mais pas que - sur la réforme des retraites. Le sujet sera «forcément» abordé, a noté le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure, sur France Inter, tout en précisant que «la question c'est de savoir si, quand on est d'accord pour ne pas être d'accord, on est capables de parler d'autre chose ou pas. Je pense qu'on doit parler d'autre chose», a-t-il déclaré, appelant à «ouvrir des pistes sur l'après», en attendant la décision du conseil constitutionnel sur le texte.

«La question des retraites sera centrale, mais [...] il y a un texte qui a été adopté par le Parlement», a renchéri son collègue chargé des Transports, Clément Beaune, sur Europe 1. Autrement dit, la rencontre sera l'occasion de revenir sur le texte, et plus spécifiquement sur des points qui «dépendent de l'application de la réforme», comme la pénibilité, mais il ne sera nullement question de «réécrire le texte adopté au Parlement». De même, la conversation devrait aborder d'autres thématiques ouvertes par le mouvement social, comme les salaires ou le travail, a considéré le ministre : «L'idée n'est pas d'avoir un deuxième débat parlementaire autour de la table de la première ministre» sur la seule question des retraites, a-t-il insisté. Le recul de l'âge légal à 64 ans ne devrait pas non plus être négociable.

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«Attention à la déception»

Pour le gouvernement, cette rencontre est donc aussi l'occasion d'une transition vers une normalisation souhaitée des relations avec les organisations syndicales, durement éprouvées par la séquence sur les retraites. Il faudra, pour cela, retisser des liens avec des représentants des salariés particulièrement méfiants. De même, l'exécutif souhaite préparer l'après, et mettre définitivement ce sujet explosif derrière lui. De leur côté, cependant, les représentants des salariés restent prudents : «L'invitation de Mme Borne est bien faite à l'intersyndicale. C'est donc dans ce cadre que nous en discutons. Mais attention à la déception si ce qui fâche n'est pas écarté. L'effet serait désastreux et le 6 prendrait une autre tournure», a mis en garde Laurent Escure, patron de l'Unsa, sur Twitter.

Même constat chez Laurent Berger. «Ce n'est pas possible que ce ne soit pas à l'ordre du jour», a prévenu le patron de la CFDT, sur FranceInfo. Le syndicaliste espère pouvoir «parler des 64 ans, de ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays», mais avec un préalable : «suspendre les 64 ans» pour les salariés concernés, et démarrer une médiation pour «faire baisser la confrontation». Deux points d'ores et déjà écartés par le gouvernement : Roland Lescure a ainsi fermé la porte à cette hypothèse d'un médiateur «deus ex machina», comme François Hollande ou Jean-Dominique Senard, pour faire s'entendre les différentes parties. De même, François Bayrou a prévenu que mettre de côté le texte n'est «pas possible», sur France 2, mercredi matin.

Malgré cela, Laurent Berger a donc appelé ses partenaires à accepter la proposition de la première ministre, estimant que «jusqu'à hier soir, il n'y avait aucune raison que la CGT n'y aille pas». «Il est encore temps de se parler et de mettre en suspend cette réforme pour trouver un compromis social», a-t-il plaidé.