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Retraites: bruit et fureur à l’Assemblée nationale

RÉCIT - Lundi, les discussions sur la réforme ont été marquées par les hurlements répétés d’une grande partie des élus de l’alliance de gauche Nupes.

«Est-ce que vous croyez que nous allons passer quinze jours comme ça dans l’Hémicycle?»Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, s’adresse aux députés de la Nupes, une demi-heure après l’ouverture de la séance donnant le coup d’envoi des discussions. «Ouiiiiii!», hurlent, hilares et tout en faisant claquer leurs pupitres, les députés de Nupes.

Depuis le début des débats, les parlementaires de l’alliance de gauche multiplient les rappels au règlement. Ils crient, invectivent, conspuent, protestent, sous le regard désemparé des autres bancs. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, monte à la tribune. Il doit présenter les grandes lignes de sa réforme, qui vise notamment à reporter l’âge légal de la retraite à 64 ans. Mais le brouhaha est tel que personne n’entend son propos. Yaël Braun-Pivet est contrainte de suspendre la séance. Vives interpellations.

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La discussion générale est encore loin. Les débats sur les différents articles et amendements, encore plus. L’obstruction a déjà commencé. Les rangs de gauche sont unis dans la colère. Tous prennent la parole, dans un Hémicycle ressemblant plus à une cour de récréation qu’à une enceinte parlementaire. Les députés, de gauche particulièrement, multiplient les rappels au règlement, dénonçant tantôt un «déni de démocratie», tantôt un «coup de force» de la présidente de l’Assemblée nationale, cette dernière ayant refusé d’effectuer un nouveau tirage au sort après le dépôt d’une motion référendaire par le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot). Cette motion sera défendue par le Rassemblement national, qui a remporté la mise la semaine dernière, après tirage au sort, au grand dam des communistes et de leurs alliés.

Hurlements incessants des députés de La France insoumise

Après plusieurs tentatives, Olivier Dussopt parvient finalement à prononcer son discours, sous les hurlements incessants des députés de La France insoumise. Il tance notamment «la brutalité» et «l’obstruction» des oppositions de gauche, déjà survoltées alors que les débats n’ont même pas encore commencé. Un avis partagé dans les rangs du camp présidentiel, qui ne s’attendait pas à tant de «violence verbale» dès le début des débats. «Refus du débat et invectives… La Nupes, c’est la zadification de la vie parlementaire couplée à une série téléréalité bas de gamme», cingle par exemple la députée macroniste Maud Bregeon. «Cela fait quarante minutes que nous avons perdues, quarante minutes que nous ne débattons pas des retraites. Qui dans cet Hémicycle fait la courte échelle à l’extrême droite?», tance au micro la patronne du groupe Renaissance, Aurore Bergé, pendant que les élus LFI tempêtent contre le gouvernement.

De l’autre côté de l’Hémicycle, le contraste est saisissant. Les troupes de Marine Le Pen ne manifestent aucun signe de mécontentement ni mouvement d’humeur. Celle-ci esquisse même un petit sourire satisfait, voyant déjà les bancs de la gauche pousser des cris d’orfraie… Même attitude chez les députés Républicains, dont beaucoup secouent la tête pour souligner leur accablement.

Taxer, taxer, taxer, voilà votre seul projet

Gabriel Attal, ministre du Budget

Pendant ce temps, à la tribune, le ministre du Budget, Gabriel Attal, distribue les coups. «Taxer, taxer, taxer, voilà votre seul projet», lance-t-il à la Nupes, avant d’attaquer le RN, «camp du mensonge et des privilèges». Et d’appuyer: les retraites, «c’est la réforme ou la faillite».

Deux heures plus tard, les esprits se sont calmés. Les grondements, sincères ou simulés, se font plus discrets et moins nombreux. Puis vient la redoutée motion de rejet préalable, défendue par Mathilde Panot. En cas d’adoption, la réforme serait tout simplement rejetée sans que les débats n’aient lieu. Tout le week-end, l’état-major macroniste a multiplié les appels et messages aux élus des Républicains pour que ces derniers soient présents dans l’Hémicycle afin d’aider à rejeter cette motion. La présidente du groupe LFI tempête contre l’exécutif: «Vous ne défendez pas la valeur travail mais la valeur servitude.» Avant d’ajouter, à destination des troupes macronistes: «Plus vous parlez, plus vous gonflez les rangs des opposants à cette réforme. Vous avez le don de faire l’unanimité contre vous.»

20.500 amendements

Pendant ce temps, l’Hémicycle se remplit… avant le vote tant attendu. Quelques minutes plus tard, la motion de rejet est repoussée - 292 voix contre, 243 pour -, grâce aux voix des Républicains et de la majorité relative. Les débats vont pouvoir commencer: plus de 20.500 amendements attendent les parlementaires. La plupart déposés par la Nupes, qui compte monopoliser la parole pour dénoncer «l’injustice» de cette réforme. Un long tunnel qui désespère d’avance les troupes majoritaires. À moins que… «Peut-être que le 49.3 viendra nous délivrer avant», espère, dépité, un cadre macroniste.