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Retraites : chaque camp fourbit ses armes avant une semaine tumultueuse

La réforme des retraites arrive lundi dans le chaudron de l’Assemblée, avec un ministre chef de file affaibli. Un nouveau front a en effet été révélé vendredi soir pour Olivier Dussopt : le parquet national financier (PNF) a retenu l’infraction de « favoritisme » à l’encontre du ministre du Travail, dans une affaire liée à un cadeau d’œuvres d’art en 2017 par une entreprise de traitement des eaux.

« Aucune corruption » ne lui est reprochée, a-t-il fait valoir. Reste que ce dossier arrive au plus mauvais moment pour ce ministre en première ligne en défense, dans la phase qui s’ouvre au Parlement.

Dans l’opinion, la contestation va grandissante contre la réforme phare du second quinquennat Macron. Mais le gouvernement n’en démord pas : elle est « indispensable » pour « préserver notre système de retraites par répartition », a réaffirmé jeudi la Première ministre, sans dévier sur le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans.

L’appel des syndicats à « amplifier » la mobilisation

Elisabeth Borne s’est cependant montrée ouverte à des aménagements sur l’emploi des seniors ou les carrières longues. Mais le bras de fer se poursuit avec l’intersyndicale, qui organise deux nouvelles journées d’action, ce mardi et samedi prochain. À entendre la cheffe du gouvernement, « on a l’impression qu’il n’y a pas en ce moment un mouvement social dans ce pays », tacle le leader de la CFDT Laurent Berger, qui appelle à encore « amplifier » la mobilisation.

Même mot d’ordre du numéro un de la CGT Philippe Martinez, qui précise : « On a conjugué un jour en semaine et un samedi, on verra sur l’ensemble des deux jours, malgré cette période de congés scolaires ».

Le record historique de 2010 a été dépassé le 31 janvier : ce jour-là, les manifestations ont réuni plus de 1,27 million de personnes selon le ministère de l’Intérieur, et plus de 2,5 millions selon les syndicats. C’était déjà davantage que la première mobilisation du 19 janvier.

La locataire de Matignon a assuré cette semaine entendre les « interrogations » et « doutes », tout en renvoyant au débat parlementaire pour « enrichir » la réforme.

« Gérer le tempo »

La bataille s’engage lundi après-midi dans l’hémicycle du Palais Bourbon, après trois jours d’un examen non achevé en commission, faute de temps. Et c’est une course d’obstacles qui attend le gouvernement.

Les députés LFI défendront d’emblée une demande de rejet de l’ensemble de la réforme, « brutale » et « injuste ». Le vote sur leur motion pourrait donner quelques sueurs froides au camp présidentiel, qui a battu le rappel des troupes.

Puis le groupe RN portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a elle peu de chances d’être votée par l’Assemblée.

Les députés s’attelleront ensuite aux quelque 20 000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13 000 par LFI. Les macronistes, qui ne disposent que de la majorité relative, ne sont pas à l’abri d’accidents de parcours.

Si l’Assemblée ne vient pas à bout des amendements d’ici le 17 février minuit, le texte pourra tout de même passer au Sénat, du fait du choix de l’exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécu.

Ce temps contraint est vivement critiqué par les oppositions, qui comptent néanmoins parvenir à discuter de l’article 7 consacré au report de l’âge de la retraite.

« On va gérer la séquence, le tempo », assure le chef de file des députés PS Boris Vallaud, qui veut avec l’alliance Nupes prendre le temps de « faire surgir ce qu’on entend partout sur le territoire dans l’hémicycle ».