France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Retraites : entre 1 et 1,2 million de manifestants attendus dans la rue mardi

INFO LE FIGARO - Les analystes de la place Beauvau s'attendent à une mobilisation historique. 11.000 policiers et gendarmes seront mobilisés.

L'exécutif, qui n'avait pas tout à fait bien mesuré l'ampleur première vague qui s'est abattue le 19 janvier dernier contre le projet de loi sur les retraites, s'attend cette fois à une déferlante de colère. Selon les dernières prévisions portées à la connaissance du Figaro, les analystes de la place Beauvau estiment qu'entre 1 et 1,2 million de personnes va descendre dans les rues de France ce mardi. C'est-à-dire un niveau de contestation qui devrait renouer avec le plus haut pic enregistré à l'automne 2010, au paroxysme de la fronde contre la loi Woerth défendant le passage de l'âge légal de départ de 60 à 62 ans.

« La jauge dépassera celle des manifestations en décembre 2019 contre le projet de retraite à points, premier grand choc social qu'avait eu à encaisser Emmanuel Macron », anticipe une source informée, rappelant qu'à l'époque, « les cortèges avaient réuni jusqu'à 800 000 opposants avant que la pandémie du printemps 2020 interrompe l'examen de la loi et le mouvement d'opposition à celle-ci ». Dans les régions, la mobilisation devrait être particulièrement forte à Toulouse, Marseille, Montpellier, Lyon ainsi que des berceaux traditionnels de l'ultra-gauche comme Grenoble, Nantes ou Rennes.

À lire aussiLes Français veulent-ils partir tôt en retraite pour s'occuper de leurs petits-enfants ?

Surpris par la mobilisation dans les moyennes et petites villes de France le 19 janvier dernier, les services spécialisés n'ont pas vu venir les 4000 manifestants à Gueret (Creuse), les 5000 à Troyes ou encore à Épinal. Et encore moins les 1000 répertoriés à Verdun ou les 550 à Junien en Haute-Vienne. « Du jamais vu, souffle un cadre de la police. Cela montre l'ampleur de la cristallisation de la colère jusque dans la profondeur des territoires, où le sentiment de déclassement prédomine. Nous sommes dans la continuité de l'esprit « gilets jaunes » dont la colère n'est pas soldée..». Au total, plus de 220 cortèges se sont formés jusque dans les replis les plus reculés du territoire.

Premier round d'observation

Si la tempête s'annonce forte ce mardi, les experts de Beauvau ne s'attendent cependant pas au « grand soir » : « Les huit grandes centrales syndicales font tout pour garder la main sur le mouvement et s'emploient à ce que la dynamique ne soit pas fissurée par des actions isolées », décrypte-t-on de même source. La mouvance autonome et d'ultra-gauche, qui a considéré les cortèges du 19 janvier dernier comme un « premier round d'observation », pourrait revenir en force sachant que les services de renseignement estiment qu'il y a en France entre 2000 et 3000 émeutiers potentiels. « Pour l'instant, nous avons le sentiment que les syndicats ont fait passer des appels au calme et qu'ils vont pouvoir tenir les cortèges, comme ils l'ont fait il y a dix jours », espère un analyste qui observe une « perméabilité permettant de faire passer des messages » entre certaines organisations traditionnelles et les groupuscules plus radicaux. Actuellement en réserve, ils pourraient passer à l'action à la moindre occasion en mode «black bloc», surtout si les manifestations de rue ne suffisent pas.

L'équation épineuse de la jeunesse

L'équation du maintien de l'ordre va devenir d'autant plus épineuse que les lycéens et les étudiants vont rejoindre le mouvement de colère. Jusqu'ici en retrait - à peine 30 blocages de lycées recensés le 19 janvier dernier -, ils pourraient suivre en nombre les appels à la mobilisation que font circuler leurs syndicats. La présence d'adolescents et de jeunes adultes dans les défilés est toujours un défi pour les forces de l'ordre, encore marquées par la mort de Malik Oussekine, en décembre 1986 à Paris.

Comme à chaque journée d'action nationale, les regards seront tournés sur Paris où, selon nos informations, entre 80 000 et 100 000 personnes sont attendues ce mardi. Au total, pas moins de onze mille policiers et gendarmes seront mobilisés partout en France mardi, dont 4000 à Paris, pour encadrer les cortèges, a annoncé lundi 30 janvier à Marseille le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. « C'est 1000 policiers et gendarmes supplémentaires» par rapport à la journée de manifestations du 19 janvier, a indiqué le ministre en marge d'un déplacement à Marseille, exprimant le vœu que les protestations se déroulent «dans les mêmes conditions sans incident grave» que la précédente mobilisation.

À lire aussiRéforme des retraites : pourquoi les «villes moyennes» sont-elles massivement dans la rue ?

« C'est un message de fermeté que je passe mais aussi de grand souci démocratique (pour) que les Français qui le souhaitent puissent manifester » dans de « bonnes conditions» grâce à «une présence très importante des forces de l'ordre», a-t-il indiqué. « Parce que le nombre fait évidemment la sécurité des cortèges », a ajouté Gérald Darmanin. « C'est l'honneur de la police nationale et de la gendarmerie de permettre ce droit à manifester », selon lui.

Le ministre a prévenu que les personnes qui «s'en prendraient aux policiers et aux gendarmes, aux autres manifestants, aux biens, seront interpellées», tout en saluant la bonne entente avec les organisations syndicales qui «jouent le jeu». « Je salue leur esprit de responsabilité », a-t-il souligné.