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Retraites : et maintenant quelles stratégies ? [Le point de vue de CL]

Retraites : et maintenant quelles stratégies ? [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 7 février 2023 à 23h12.

Retrouvez notre éditorial du mercredi 8 février.

À force de suivre son idée fixe, chacun est surpris de ne pas avancer. Dans la rue après cette troisième journée de mobilisation comme dans l’hémicycle après cette deuxième journée de débat, la situation semble plus que jamais figée. Les stratégies politiques ou syndicales enlisent cette réforme des retraites.

À première vue, seul le gouvernement pourrait en tirer profit, pariant sur la lassitude des opposants. À un détail près : si personne ne sait comment le rapport de force va évoluer, la seule certitude est que cela ne peut rester en l’état jusqu’au 26 mars, date de la fin programmée des débats à l’Assemblée, texte voté ou pas, après l’aller-retour au Sénat. 47 jours où tout peut se passer.

D’abord dans la rue : les trois premières journées de mobilisation ont rencontré peu ou prou le même succès. Mais le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait prévenu dès la première journée : « Le nombre de manifestants ne change pas les choses pour nous. »

Dans les cortèges ce mardi comme chez les leaders syndicaux, la question se pose: marcher peut-il suffire? Ce qui donne un début de divergence stratégique entre des syndicats unis jusque-là comme rarement. Une unité qui participe à rendre cette mobilisation populaire mais qui influence peu le gouvernement. Ce n’est pas tant la question du durcissement qui provoque des différends mais le moment où il faudrait le faire. Pour la CGT, c’est tout de suite, pour la CFDT de Laurent Berger, « le débat parlementaire est encore long » et la priorité reste la manifestation de samedi.

Force est de constater que même en cas de succès populaire, l’exécutif ne modifiera pas sa feuille de route. Avec une inquiétude qui en dit long sur l’absence de dialogue dans notre démocratie et ses dangereuses conséquences : les seules fois où Macron a vraiment changé de position - et sorti les milliards - c’est après les manifestations les plus violentes des gilets jaunes en décembre 2018.

Politiquement, la stratégie gouvernementale ne se limite qu’à une obsession : donner des gages aux Républicains pour en convaincre suffisamment de voter la réforme. Mais chaque concession d’Élisabeth Borne n’est pas forcément suivie d’adhésions de députés LR et permet à Éric Ciotti d’installer la Première ministre sur un supplice chinois.

Cette torture très politique montre surtout que le projet n’a plus beaucoup de cordes à son arc pour sortir d’une impasse au mur de plus en plus haut et étanche à tout bruit venant de la rue ou de l’Assemblée.