France
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Retraites : la colère monte et l’exécutif continue à regarder ailleurs

L’exécutif aurait voulu pousser un maximum de gens à manifester mardi dans les rues du pays qu’il ne s’y serait pas pris autrement. A force d’entendre la cheffe du gouvernement marteler que le report de l’âge de départ à 64 ans «n’est plus négociable» ou le ministre de l’Intérieur ironiser sur cette société «sans travail» et «sans effort» que prônerait une gauche composée essentiellement de «bobos» cherchant à «bordéliser» le pays – comme si la vulgarité était le meilleur moyen de se mettre à leur niveau et surtout de les décrédibiliser –, les Françaises et les Français se sont mobilisés en masse, jusque dans des petites villes peu habituées à ce type de mouvements, pour manifester leur colère. Colère devant un projet de réforme qu’ils considèrent comme injuste. Colère devant l’obstination d’un homme – le chef de l’Etat – qui s’est juré d’inscrire cette réforme des retraites dans son bilan, quel qu’en soit le coût politique et social. Colère devant un gouvernement qui donne l’impression d’avoir raison seul contre tous, lui détenant le savoir, et la masse des autres n’ayant pas la capacité de comprendre de quoi il retourne.

De toute évidence, les bobos – si tant est qu’il en existe une définition précise – étaient en nette minorité dans la foule de celles et ceux qui ont défilé mardi. A moins de qualifier de bobos les ouvriers syndiqués, les employés, les retraités, les enseignants, les infirmières, les femmes et les hommes de ménage. Et aussi tous ces jeunes qui commencent à se mobiliser pour défendre notamment le droit de leurs parents à partir en retraite avant d’être incapables d’en profiter. Le mouvement ne faiblit pas donc, bien au contraire. Et cette colère qui croît pourrait bien entamer la fragile majorité qui soutient ce projet à l’Assemblée nationale. Les élus Renaissance et même LR n’ont pas tous le petit doigt sur la couture du pantalon, ils perçoivent bien cette fureur qui remonte de leur circonscription et qui pourrait les mettre à mal. Certes, aucune élection, à l’exception des européennes en 2024, ne se profile à court et moyen terme, et c’est bien là-dessus que joue Emmanuel Macron. Il se croit tranquille, mais le fossé ne cesse de se creuser entre lui et le reste du pays.