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Retraites: la com’ sans le fond [Le point de vue de CL]

Retraites: la com’ sans le fond [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Eric DECOUTY - e.decouty@charentelibre.fr, publié le 4 décembre 2022 à 21h53.

Retrouvez notre éditorial du lundi 5 décembre.

Élisabeth Borne jeudi dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, Emmanuel Macron samedi sur TF1-LCI puis hier, encore dans Le Parisien : le moins que l’on puisse écrire est que l’exécutif n’est pas avare d’interventions médiatiques pour défendre...

Élisabeth Borne jeudi dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, Emmanuel Macron samedi sur TF1-LCI puis hier, encore dans Le Parisien : le moins que l’on puisse écrire est que l’exécutif n’est pas avare d’interventions médiatiques pour défendre sa réforme des retraites. À dix jours de la présentation du projet de loi, on pourrait voir dans cette profusion d’entretiens, une stratégie ordinaire de communication politique. Le problème est que derrière le message martelé de longue date de la nécessité de travailler plus longtemps pour sauvegarder l’équilibre financier de notre système de répartition, nulle explication ne vient justifier la réforme. Et au bout du compte, à dix jours de la présentation du texte, le discours du Président de la République et de la Première ministre sonne creux.

Certes il est à peu près acquis que l’âge de départ sera repoussé de 62 ans à 65 ans et que le minimum retraite sera fixé à 1200 euros ce qui, convenons-en, n’est pas rien. Mais quid par exemple des questions des régimes spéciaux, des carrières longues, de l’inégalité des pensions entre les hommes et les femmes ? À ces interrogations Emmanuel Macron et Élisabeth Borne se gardent bien de répondre renvoyant vers des partenaires sociaux frustrés par la pauvreté du dialogue avec le gouvernement et dont on peut parier qu’il n’apportera pas de réponses d’ici le 15 décembre.

Les Français, adultes et responsables, conscients de l’allongement de la vie et des contraintes budgétaires, peuvent à coup sûr comprendre la nécessité d’une telle réforme. Mais à la condition qu’un véritable argumentaire leur soit donné. Or à ce jour impossible de voir à voir au-delà des objectifs comptables, à quoi va servir de travailler plus longtemps. Difficile également de mesurer la pertinence et la justice d’un bouleversement du régime des retraites du privé (géré par les partenaires sociaux) très largement excédentaire si ce n’est de permettre à l’État d’avoir la main sur le pactole.

Il ne suffit pas de multiplier les interviews pour être compris, surtout si le contenu n’est pas à la hauteur de l’enjeu. On sait depuis Victor Hugo que « la forme c’est le fond qui remonte à la surface ». Mais en choisissant d’éluder les questions essentielles sur sa réforme des retraites, le pouvoir prend le risque d’un embrasement social d’une autre ampleur que celui enclenché en 2019 et interrompu par le Covid.