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Retraites : la crainte du « chaos » s’installe

Retraites : la crainte du « chaos » s’installe
Le succès de la mobilisation de jeudi dernier a été éclipsé par les accusations de violences.

Photo AFP

publié le 26 mars 2023 à 21h22.

À l’orée d’une dixième journée de manifestations mardi, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de « chaos ».

Un court répit, après plusieurs nuits tendues. La contestation de la réforme des retraites s’est poursuivie dans plusieurs villes samedi, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes. Des « rassemblements de proximité » encouragés par l’intersyndicale avant une nouvelle grande journée de mobilisation mardi.

Cheminot « éborgné » à Paris

Des dégradations de mobilier urbain et des jets de projectiles sur les forces de l’ordre ont été rapportés ce samedi à Rennes lors du cortège anti-réforme. Mais rien de comparable avec les « scènes de chaos » dans la capitale bretonne, dont s’était émue sa maire Nathalie Appéré lors de la manifestation de jeudi. Des débordements observés dans de nombreuses autres villes : commissariat attaqué à Lorient, porche de l’hôtel de ville incendié à Bordeaux, heurts et départs de feux innombrables à Paris. Les accusations de violences visent également les forces de l’ordre : pouce arraché pour une manifestante à Rouen, cheminot « éborgné » à Paris selon SUD-Rail, syndicats « visés par le canon à eau » à Rennes…

Le Conseil de l’Europe s’est alarmé d’un « usage excessif de la force » et les critiques se concentrant sur la BRAV-M, unité à moto chargée du maintien de l’ordre dans la capitale et dont la dissolution n’est « pas à l’ordre du jour » selon le préfet de police Laurent Nuñez.

La faute rejetée sur les opposants

Face à ce durcissement généralisé, le pouvoir rejette la faute sur une partie de ses opposants. « Ceux qui aujourd’hui tirent au mortier et tentent d’incendier » des bâtiments publics, « ont une volonté de désordre », a affirmé dimanche le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lors de l’émission politique de France Inter/France Télévisions et Le Monde. « Ce sont des gens qui ne respectent rien, certainement pas la vie humaine », a renchéri la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, évoquant sur le plateau du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI les menaces « abominables » qu’elle et d’autres élues de la majorité ont reçues récemment.

« Ceux qui protestent sont en colère, il nous faut les entendre », dit le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, dans le Journal du dimanche. Rien à voir avec « les factieux qui viennent pour semer le chaos dans le pays ».

Argument renvoyé par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui rappelle dans un entretien à la revue Le Grand Continent que la réforme des retraites vise à générer « à peine 10 milliards d’euros d’économies » et juge « absurde de risquer de faire sombrer la France dans le chaos pour si peu ».

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a pour sa part accusé l’exécutif de « spéculer sur la violence », ajoutant sur France 3 qu'« Emmanuel Macron prend un malin plaisir à ce désordre et à ce chaos ».

Borne veut «mettre de l’apaisement» avec les syndicats

Elisabeth Borne a souhaité dimanche, dans un entretien, «mettre de l’apaisement» avec les syndicats en se disant à leur «disposition» pour les rencontrer sur d’autres chantiers que celui des retraites, contesté depuis dix semaines dans la rue. La cheffe du gouvernement a prévu à cet égard dans son agenda un créneau pour recevoir éventuellement les organisations syndicales et les organisations patronales dans la semaine du 10 avril.
Alors que le recours au 49.3 pour faire adopter cette réforme a attisé la contestation, elle souhaite ne plus y recourir en dehors des textes financiers. «L’objectif que je fixe pour l’avenir c’est pas de 49.3 en dehors des textes financiers», dit-elle.
Chargée par Emmanuel Macron de bâtir un programme de gouvernement et un programme législatif, Elisabeth Borne recevra dans la semaine du 3 avril les groupes parlementaires et les partis politiques, y compris ceux de l’opposition, ainsi que les représentants des collectivités, dans le but «d’apaiser le pays» et de «dialoguer avec tous les acteurs sur la méthode qu’on veut mettre en place».