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Retraites : le report de l'âge de départ à 64 ans n’est « plus négociable », avertit Elisabeth Borne

Le calendrier s'accélère pour le très contesté projet de réformes des retraites : alors que les députés s'emparent en commission du texte ce lundi, pour un galop d'essai sur 7.000 amendements, les opposants préparent une vaste journée de mobilisation dès le lendemain. Galvanisés par le succès de leur première mobilisation du 19 janvier (1,12 million de manifestants selon Beauvau, plus de deux millions d'après les organisateurs), les syndicats appellent en effet à de nouvelles manifestations partout en France mardi, et menacent de grèves en février.

De quoi pousser le gouvernement à rappeler ses conditions, contestées par l'essentiel des oppositions. « La retraite à 64 ans et l'accélération [de l'allongement de la durée des cotisations, ndlr] de la réforme Touraine [...] ce n'est plus négociable », a prévenu dimanche sur franceinfo la Première ministre, Elisabeth Borne.

« C'est le compromis que nous avons proposé après avoir entendu les organisations patronales et syndicales, après avoir échangé avec les différents groupes parlementaires [...] C'est nécessaire pour assurer l'équilibre du système », a-t-elle fait valoir dans cet entretien réalisé samedi, en marge d'un déplacement dans la circonscription du Calvados dont elle a été élue députée.

Et d'affirmer que la durée des cotisations aurait pu être encore allongée, si le gouvernement ne s'en tenait qu'à ses calculs : « Si on n'avait qu'un seul paramètre, alors ça ne serait pas 43 ans de cotisation et 64 ans pour pouvoir partir à la retraite, ça pourrait être 45 ans de durée de cotisation, ce qu'il nous semble impossible de demander aux Français », a-t-elle assuré.

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Evolution possible du texte pour protéger les femmes

La locataire de Matignon a notamment défendu la réforme sur un volet qui fait particulièrement polémique ces derniers jours : celui de ses conséquences sur la retraite des femmes. Et pour cause, une étude d'impact présentée le 23 janvier montre que le report de l'âge de 62 à 64 ans va beaucoup plus toucher les femmes que les hommes. Pour celles nées en 1972, par exemple, l'âge moyen de départ va augmenter de neuf mois contre cinq pour les hommes de la même année. Et pour la génération de celles nées en 1980, l'écart sera encore plus marqué, puisqu'il sera deux fois plus important  : 8 mois de plus pour les femmes contre quatre pour les hommes.

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Malgré ces chiffres, Elisabeth Borne a continué de défendre le texte. Car selon elle, celle-ci « protège les femmes qui ont des plus petits revenus tout au long de leur vie professionnelle et qui sont largement majoritaires dans celles qui ont la retraite minimale, en revalorisant cette retraite minimale ».

« Les deux tiers des retraités qui vont bénéficier d'une revalorisation, ce sont des femmes. Et les deux tiers des retraités qui demain partiront avec 100 euros de plus par mois, ce sont des femmes », a-t-elle insisté ce dimanche.

Cependant, la Première ministre a suggéré une évolution possible du projet en vue d'une meilleure utilisation des trimestres « éducation » et « maternité » obtenus par les femmes au cours de leurs carrières. « Dès aujourd'hui, il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas les utiliser à plein, on est en train d'analyser la situation de ces femmes », a-t-elle avancé. Par ailleurs, la cheffe du gouvernement s'est montré ouverte à l'instauration par les députés d'une clause de revoyure de la réforme.

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Mobilisation massive ce mardi

Côté opposition et syndicats en tout cas, le soufflé ne retombe pas. Avant l'examen en commission, plus de 7.000 amendements ont été déposés, essentiellement par la gauche qui entend faire durer les débats, tandis que la droite cherche à faire monter les enchères, consciente que ses voix seront cruciales pour adopter la réforme.

La rue compte aussi se faire entendre : les huit principaux syndicats français ont appelé « à se mobiliser encore plus massivement le 31 », afin de venir à bout d'une « réforme injuste » et de sa mesure phare sur le report de 62 ans à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite. Si le LFI Jean-Luc Mélenchon a suggéré samedi aux syndicats d'organiser prochainement une « très grande marche » un weekend, c'est dès ce mardi que la participation sera scrutée dans les nombreux rassemblements (plus de 200) prévus. A Paris, le parcours doit cette fois-ci s'achever aux Invalides, tout près de l'Assemblée nationale, où l'examen du projet de loi aura débuté lundi en commission.

Mais après la première journée réussie, « la barre a été placée haut », note le politologue Dominique Adolfatto, et les syndicats « ne peuvent pas se permettre un faux pas ». Reste que ces derniers se montrent plutôt confiants. « Nous sommes bien partis pour être plus nombreux », assure ainsi à l'AFP Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT. Espoir conforté par des sondages attestant d'un rejet croissant de la réforme dans l'opinion. « La population est très défavorable au projet et cet avis tend à prendre de l'ampleur », constate aussi le numéro un de la CFDT, Laurent Berger. Qui met en garde l'exécutif : ne pas tenir compte des mobilisations « serait une faute ».

Des perturbations sont donc attendues dans les transports en commun, en particulier à la SNCF et à la RATP, et des fermetures de classes, voire d'écoles, sont aussi à prévoir, le taux de grévistes chez les enseignants de primaire devant être connu lundi.

Suite incertaine

Au-delà de cette journée phare, la suite du mouvement reste néanmoins incertaine. Du côté de la CGT, certaines fédérations poussent pour un durcissement. De nouvelles grèves sont déjà annoncées dans les ports, raffineries et centrales électriques à partir du 6 février. Chez les cheminots, ce sera le 7 et le 8, prélude à un préavis reconductible « dès la mi-février », ont prévenu la CGT et SUD. En plein pendant les vacances d'hiver et son grand weekend de chassé-croisé du 18-19.

Mais la CFDT préfère « garder l'opinion » de son côté. « Le niveau d'efficacité syndicale ne se mesure pas au niveau d'emmerdements concrets pour les citoyens », explique Laurent Berger, qui ne veut pas non plus multiplier les journées d'action « car de nombreux travailleurs ne peuvent pas tenir sur un rythme aussi intense ». « Une ou deux démonstrations de force » supplémentaires suffiront selon lui à faire entendre raison à l'exécutif.

Reste à en convaincre les autres leaders syndicaux, qui se réuniront mardi soir au siège de Force ouvrière.

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(Avec AFP)