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Retraites : le taux provisoire de grévistes atteint 25% à la SNCF, mobilisation en baisse chez les enseignants

[Article publié le jeudi 23 mars 2023 à 07h21 et mis à jour à 12h39] L'interview télévisée d'Emmanuel Macron aura réussi à crisper les syndicats. Ces derniers appellent ce jeudi à une nouvelle journée d'action, la première depuis que la loi sur la réforme des retraites a été adoptée par les parlementaires, les deux motions de censure déposées par l'opposition ayant été rejetées à l'Assemblée.

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Au total, le ministère de l'Education a recensé 21,41% d'enseignants grévistes jeudi, contre 32,71% le 7 mars dernier. Dans le détail, la participation au mouvement social s'élève à 23,22% dans le primaire et 19,61% dans le secondaire (collèges et lycées). Entre 40 et 50% de grévistes sont attendus dans les écoles maternelles et élémentaires, selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Pénurie d'essence croissante

Le taux de grévistes le plus élevé chez les enseignants date du 19 janvier, lors de la première journée d'action, avec 42,35% dans le primaire et 34,66% dans le secondaire, selon les chiffres du ministère.

Le taux provisoire de grévistes atteignait 25% jeudi midi à la SNCF. Selon une source syndicale, la mobilisation reprend de la vigueur, mais reste bien moindre qu'au début de la mobilisation. Quelque 15% des cheminots devraient être en grève vendredi, selon la même source.

La pénurie d'essence et de diesel en stations-service va croissant. Selon l'AFP, 15% des stations françaises manquent de l'un ou l'autre jeudi, et 7,65% des stations sont à sec.

Si les syndicats n'avancent pas de chiffres sur l'ampleur globale de la manifestation, la police anticipe « entre 600 et 800.000 personnes sur environ 320 actions », dont 40 à 70.000 à Paris. Dans la capitale, le cortège s'élancera à 14 heures de la place de la Bastille, en direction de la place de l'Opéra. Environ 500 gilets jaunes et 500 éléments radicaux sont attendus à Paris, et « en province plus d'une dizaine de villes verront des démonstrations de l'ultra gauche, encouragées par le climat de violence des derniers jours ».

15% des stations-service en pénurie

L'approvisionnement en kérosène de l'Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie « devient critique » en raison des grèves dans les raffineries, a indiqué ce jeudi à l'AFP le ministère de la Transition énergétique. Compte tenu de cette situation, le gouvernement « a pris un arrêté de réquisition » à l'égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie. Cette raffinerie a été mise à l'arrêt le week-end dernier.

Plus de la moitié des stations-service de Loire-Atlantique sont touchées par des pénuries d'au moins un carburant, et environ une sur six à l'échelle de toute la France, selon des données publiques analysées jeudi par l'AFP. Au total, 15,14% des stations-service de France étaient en pénurie d'au moins un des carburants à 9 heures ce jeudi matin. Seule une raffinerie TotalEnergies sur quatre est en fonctionnement.

Des lycées bloqués

Des dizaines de lycées et d'universités étaient bloqués en France : à Paris, l'université d'Assas, bloquée pour la première fois, le prestigieux lycée Louis-le-Grand, ainsi que Racine, Rodin, Jules Ferry... Même chose pour plusieurs établissements à Marseille, Toulouse et Rennes, entre autres.

Devant Louis-le-Grand, 150 à 200 personnes étaient rassemblées, avec des pancartes « Macron démission » ou « La retraite avant l'arthrite », scandant « Paris, Paris soulève toi », selon une journaliste de l'AFP.

Le syndicat étudiant L'Aternative comptabilisait quelque 80 écoles et universités mobilisées en France, dont une soixantaine bloqués au moins partiellement ou occupés.

Jeudi noir dans les transports

Le syndicat FO-RATP, première organisation chez les conducteurs de métro, a appelé à faire de ce jeudi « une journée noire » dans les transports. Pour autant, si le trafic des RER et du métro parisien sera « très perturbé », il le sera moins que celui observé au début de la mobilisation.

Grèves du jeudi 23 mars : le trafic sera très perturbé dans les transports

A la SNCF, seule la moitié des TGV Inoui et Ouigo, ainsi que le tiers des TER rouleront. Selon plusieurs sources syndicales, le taux de déclaration d'intention, qui concerne les salariés obligés de se déclarer grévistes 48 heures à l'avance pour permettre d'organiser le plan de transports, atteint 35% à la SNCF.

A Quimper ce jeudi matin, des manifestants ont bloqué les accès à la gare et occupé les voies depuis l'aube. Les dépôts de bus sont bloqués par des manifestants à Rennes, Saint-Brieuc et Evreux. Plusieurs centaines de manifestants ont envahi les voies Gare de Lyon, à Paris, interrompant la circulation des trains, jeudi matin.

La direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% dans d'autres aéroports, une demande qu'elle a réitéré ce jeudi pour la journée de vendredi.

« Il y a un délai de décence »

Selon une source proche du gouvernement, l'exécutif s'attend à ce que la mobilisation « s'étiole » après la manifestation de jeudi, et à ce que tout rentre dans l'ordre « ce week-end ». Emmanuel Macron veut par ailleurs « réengager » un dialogue avec les partenaires sociaux sur le rapport au travail.

Mais « il faut attendre quelques jours, quelques semaines », a-t-il observé. Réponse immédiate de Laurent Berger : « Ce sont des mots creux, pour l'instant, il y a un gros conflit social, une crise démocratique, une crise sociale. Faut être dingue, il y a un délai de décence ».

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Les syndicats fulminent

L'interview du président de la République Emmanuel Macron a été suivie par 10 millions de téléspectateurs sur TF1 et France 2 mercredi à 13 heures. « Cette intervention va attiser la colère », a affirmé sur RTL le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui quittera la semaine prochaine la direction de la Confédération, lors du 53e Congrès de l'organisation.

« La provocation vient de la part du pouvoir », a-t-il dit, dénonçant une comparaison « scandaleuse » avec les émeutes du Capitole et la volonté de l'exécutif de « casser la grève » en envoyant la police sur les piquets de grève. « Déni et mensonge », a fulminé son homologue de la CFDT Laurent Berger, alors qu'Emmanuel Macron venait d'affirmer qu'aucun syndicat n'avait proposé de compromis sur les retraites.

(Avec AFP)