France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Retraites : les grèves dures dans l’énergie et les transports ne sont pas pour tout de suite

Retraites : les grèves dures dans l’énergie et les transports ne sont pas pour tout de suite
Les salariés de TotalEnergies ne sont pas « prêts » à arrêter les raffineries du groupe dans l’immédiat.

Photo AFP

publié le 2 février 2023 à 21h51.

Pas d’arrêt de la production dans les raffineries en vue, un seul jour de grève unitaire, pour l’instant, à la SNCF.

Pas « prêts », ou du moins pas encore : alors qu’un blocage énergétique du pays semblait se profiler pour la semaine prochaine, avec un arrêt des raffineries TotalEnergies, leurs employés ont souhaité temporiser. « Le seul impact sur l’outil de travail, ça va être des baisses de débit de production mais pas un arrêt », a expliqué Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe, selon qui, « pour l’instant, les salariés nous disent : « on ne veut pas partir seuls »».

Même son de cloche du côté de la SNCF. Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail, se dit convaincu que c’est la grève reconductible « qui fera plier le gouvernement », mais il souhaite des « garanties » pour les cheminots qui se mettraient en grève « de ne pas être les seuls », avec un élargissement maximum de la mobilisation interprofessionnelle. À la SNCF comme à la RATP, on entend souvent des syndicalistes dire qu’ils ne veulent pas faire « grève par procuration » et se battre pour les autres.

Quand on fait le bilan des derniers grands mouvements sociaux, c’est à chaque fois ces secteurs-là qui vont au charbon.

Pour les raffineries, donc, comme lors des précédentes journées d’action contre le recul de l’âge de la retraite à 64 ans, est au menu une suspension des expéditions vers les dépôts de carburant. La CGT avait pourtant pris date pour mettre au vote des salariés un arrêt des raffineries, un durcissement qu’elle voyait comme un « moment crucial » dans le mouvement.

« Quand on fait le bilan des derniers grands mouvements sociaux, c’est à chaque fois ces secteurs-là qui vont au charbon : raffineurs, transports, énergie », souligne Stéphane Sirot, historien spécialiste des médias, selon qui ces professions, « au bout du compte se retrouvent aussi à devoir en assumer les conséquences ».

Autre facteur, la volonté de préserver un front syndical uni face au gouvernement. « Il y a du monde dans les rues, on bat même certains records historiques » et l’union des syndicats est « très démonstrative et paraît très solide : chacun joue une même partition en harmonie », souligne Dominique Andolfatto, politologue et spécialiste du monde syndical. « Le but c’est d’être le plus nombreux possible sur les mêmes dates et de taper tous en même temps sur le même clou au même moment », a déclaré Thierry Defresne.

Partie remise ?

Une unité qui semble convenir à l’opinion : 66 % des personnes interrogées souhaitent que la mobilisation continue, selon un sondage Elabe pour BFM-TV publié mercredi, un soutien qu’il serait fâcheux de s’aliéner en compromettant par des blocages les départs en vacances.

Un durcissement n’est peut-être que partie remise : la semaine prochaine, entre les deux journées nationales du 7 et du 11 février, « on va pouvoir peut-être assister à une radicalisation du mouvement, qui va faire que la décision d’arrêt des installations va être franchie » ultérieurement, a estimé Thierry Defresne. « On a décidé d’avoir une démarche plutôt positive avec l’action des Robins des bois » (gratuité, rétablissement du courant pour les ménages coupés par leur fournisseur), mais beaucoup sur le terrain disent être « prêts pour des actions plus dures, n’attendant que le top départ », indique pour sa part Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-Energie, un des fers de lance du mouvement.

Le mouvement pourrait très bien connaître le même sort qu’en 2010, pour Stéphane Sirot : « les organisations syndicales avaient multiplié les journées d’action sur plusieurs mois », et avaient « gagné la bataille de l’opinion », mais elles n’avaient pas empêché le gouvernement Fillon de porter à 62 ans l’âge légal de départ à la retraite.