France
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Retraites : les syndicats tiraillés sur la stratégie à suivre

Les grévistes étaient moins nombreux ce mardi : 36,9 % chez EDF, selon la direction, en fin de journée, contre 46,5% le 31 janvier. À la SNCF, 25 % de cheminots étaient ce mardi en grève, soit un recul de 10 points. 11% de grévistes dans la fonction publique d'Etat contre 19 % la semaine dernière. Tandis que chez les enseignants, la mobilisation est presque deux fois moins importante que la semaine passée. Cette chute s'explique néanmoins également par le fait qu'une zone est déjà en congé.

Dans les rues, également, les cortèges étaient un peu moins fournis. À Paris, les manifestants étaient 400.000 selon la CGT, soit plus que le 19 janvier. C'est toutefois 100.000 personnes de moins que le 31 janvier.

Dans le reste de la France, « près de deux millions » de personnes ont manifesté pour cette troisième journée de mobilisation, selon la CGT, qui avait évoqué 2,8 millions de participants le 31 janvier, et plus de deux millions le 19.

Ailleurs, dans de nombreuses villes de province les cortèges étaient moins denses, selon les chiffres des autorités et des organisateurs qui ont observé des cortèges réunis parfois à peine quelques heures. Certes, ils étaient un peu moins qu'en janvier, mais la police a néanmoins compté 9.200 personnes dans le cortège à Clermont-Ferrand ( contre 17.000 le 31 et 19.000 le 19), selon la préfecture, 8.700 à Rouen (contre 13.800 le 31 janvier et 13.000 le 19) ou encore 5.000 à Angoulême (contre 8.500 le 31 janvier et 9.000 le 19 janvier).

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Vers une érosion du mouvement ?

Mais pour les syndicats, il serait naïf de croire que l'opposition des Français au projet de loi débattu en ce moment à l'Assemblée nationale diminue. Simplement, les salariés et agents économisent leur force pour tenir plusieurs semaines. Et en période d'inflation élevée, faire grève est difficile. Tout le monde n'en a pas les moyens.

Si les syndicats se montrent confiants, c'est aussi parce qu'ils se fient à d'autres indicateurs. La CFDT évoque par exemple un mois de janvier exceptionnel avec 10.000 nouvelles adhésions. La CGT revendique 7.300 nouveaux venus. Même élan chez Force Ouvrière, qui assure avoir enregistré 5.000 nouveaux adhérents depuis novembre.

Par ailleurs, la pétition lancée sur Change.org, est en passe d'atteindre le million de signataires...

Samedi prochain, journée décisive

Pour l'intersyndicale, la mobilisation de samedi prochain, 11 février, est déterminante. Des manifestations sont prévues un peu partout sur le territoire, pour permettre aux salariés du secteur privé de les rejoindre. Sont visés surtout les employés précaires, les intérimaires, mais aussi les familles, qui n'ont pas toujours de solution en semaine lorsque l'école fait grève - de rejoindre les cortèges.

Laurent Berger, le leader de la CFDT a pesé de tout son poids pour que la CGT accepte une journée d'action le week-end. Il espère une démonstration de force populaire, avec des rues noires de monde, dans une ambiance bon enfant et sans violence. Histoire de montrer à l'exécutif que les Français sont majoritairement contre le projet de réforme.

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Pour l'heure, l'unité syndicale tient. Les huit grandes organisations parviennent à faire front commun sans débordement. À la SNCF, elles ont même réussi à s'accorder pour ne pas faire grève le 11 février prochain, et ne pas perturber le chassé croisé des congés d'hiver.

Des divergences syndicales à venir ?

Mais la situation est tendue et chacun essaie de contenir ses troupes. A la CGT, notamment, pressé par sa base, Philippe Martinez a durci le ton, ce mardi, appelant, « à des grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives.  » Au départ du cortège cet après midi à Paris, il a expliqué : « Si le gouvernement persiste à ne pas écouter, forcément, il faudra monter d'un cran ».

Et pour cause, certaines fédérations de la CGT piaffent. Au premier rang, les raffineries, l'énergie, les transports etc... Elles sont partisanes de faire monter d'un cran la pression. « C'est bien gentil de suivre la CFDT, de manifester bien sagement, mais pour quel résultat au final ? », s'interroge le leader d'une de ces fédérations. Et d'ajouter : « Si c'est pour perdre des jours de salaire et ne rien obtenir à la fin... ce sera perdu.  ». À l'entendre, la moitié de la direction de la CGT est sur cette ligne, et souhaite des blocages. Un autre confirme : « Ce gouvernement ne comprend que le rapport de forces : qui a obtenu des choses ces dernières années ? Les Gilets jaunes qui ont tout cassé... » Et de citer, en exemple, le blocage des raffineries Total en octobre dernier qui avait paralysé le pays, mais qui avait permis aux grévistes d'obtenir des hausses de salaires. Où encore les contrôleurs à la SNCF qui en perturbant le trafic lors des vacances de Noel avaient contraint la direction à accepter une partie de leurs revendications.

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De son côté, Laurent Berger, à la CFDT, qui n'est pas favorable à des grèves reconductibles et dures, ne cache pas sa détermination mais également son inquiétude  : « Ce serait une folie démocratique de rester sourd à la contestation.  »

Les syndicats devaient se réunir, ce mardi soir, à l'issue de la mobilisation, pour définir de la conduite à suivre. L'enjeu étant aussi de ne pas perdre la bataille de l'opinion. Pour l'heure, les différents sondages laissent penser qu'une majorité de Français soutient les grévistes. Des actions coups de poing ou plus dures ne risqueraient-elles pas de la retourner ?