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Retraites : nouvelle journée de mobilisation le 28 mars

[Article publié le jeudi 23 mars 2023 à 07h21 et mis à jour à 20h18] L'interview télévisée d'Emmanuel Macron aura réussi à crisper les syndicats. Ces derniers ont appelé ce jeudi à une nouvelle journée d'action, la première depuis que la loi sur la réforme des retraites a été adoptée par les parlementaires. Ce jeudi soir, le ministère de l'Intérieur a recensé 1,08 million de manifestants en France, dont 119.000 à Paris. Les syndicats ont annoncé jeudi une dixième journée de grèves et de manifestation, le 28 mars, et des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end.

La mobilisation a battu un record à Paris et est en hausse par rapport à la 8e journée de mobilisation le 15 mars, où 480.000 personnes étaient descendues dans la rue en France, selon la Place Beauvau. Selon le décompte du cabinet Occurrence effectué pour un collectif de médias, dont l'AFP, 83.000 personnes ont manifesté à Paris. La CGT dénombre elle 800.000 manifestants dans la capitale, et 3,5 millions de manifestants en France.

Les premiers cortèges attestaient d'un net rebond par rapport à la dernière journée de mobilisation, avec, selon les autorités, 14.800 personnes à Rouen, et 18.000 à Montpellier. A Marseille, les syndicats ont compté 280.000 personnes et la préfecture 16.000.

Regain de mobilisation dans des villes moyennes

Participation également en forte hausse à Lyon (22.000 à 55.000), Brest (20.000 à 40.000) ou Montpellier (18.000 à 40.000), où la mobilisation est toutefois restée en-deçà des sommets enregistrés, surtout le 31 janvier et le 7 mars. Le regain était aussi observé dans des villes moyennes comme Agen (4.000 à 6.000), Laval (5.200 à 9.600) ou Valenciennes (3.100 d'après la police). Si les estimations variaient le plus souvent du simple au double, certaines villes se distinguaient par des écarts plus prononcés, notamment Saint-Etienne (6.200 à 35.000), Nice (5.200 à 40.000)

Quelque 800.000 personnes ont manifesté jeudi à Paris pour la neuvième journée de mobilisation, a indiqué la CGT à l'AFP. Des violences ont rapidement éclaté en tête de cortège : pavés, bouteilles et feux d'artifice lancés sur les forces de l'ordre, vitrines et abribus brisés et feux de poubelles. La préfecture de police, qui a recensé « environ un millier » d'éléments radicaux dans la capitale, faisait état de 14 interpellations peu avant 17 heures.

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Des tensions entre manifestants et forces de l'ordre dans plusieurs villes

Peu avant le départ du cortège parisien, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a noté un« regain de mobilisation » et appelé « à la non-violence », ajoutant que « jusqu'au bout il va falloir garder l'opinion » qui est une « pépite ».

Un quart des salariés d'EDF en grève

Côté participation, le ministère de l'Education a recensé 21,41% d'enseignants grévistes jeudi, contre 32,71% le 7 mars dernier. Dans le détail, la participation au mouvement social s'élève à 23,22% dans le primaire et 19,61% dans le secondaire (collèges et lycées). Entre 40 et 50% de grévistes étaient attendus dans les écoles maternelles et élémentaires, selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Le taux de grévistes le plus élevé chez les enseignants date du 19 janvier, lors de la première journée d'action, avec 42,35% dans le primaire et 34,66% dans le secondaire, selon les chiffres du ministère. Le gouvernement a recensé 15,5% de grévistes dans la fonction publique d'Etat à la mi-journée.

Un peu plus d'un quart des salariés d'EDF (25,3%) ont cessé le travail jeudi à la mi-journée. Cette participation est en légère hausse par rapport à la précédente journée de mobilisation, le 15 mars, lors de laquelle la direction avait comptabilisé 22,45% de grévistes à mi-journée par rapport aux effectifs totaux de l'entreprise. De son côté, Engie a comptabilisé 27,2 % de grévistes à la mi-journée (19,2% le 15 mars).

La pénurie d'essence et de diesel en stations-service va croissant. Selon l'AFP, 15% des stations françaises manquent de l'un ou l'autre jeudi, et 7,65% des stations sont à sec.

15% des stations-service en pénurie

L'approvisionnement en kérosène de l'Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie « devient critique » en raison des grèves dans les raffineries, a indiqué ce jeudi à l'AFP le ministère de la Transition énergétique. Compte tenu de cette situation, le gouvernement « a pris un arrêté de réquisition » à l'égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie. Cette raffinerie a été mise à l'arrêt le week-end dernier.

Plus de la moitié des stations-service de Loire-Atlantique sont touchées par des pénuries d'au moins un carburant, et environ une sur six à l'échelle de toute la France, selon des données publiques analysées jeudi par l'AFP. Au total, 15,14% des stations-service de France étaient en pénurie d'au moins un des carburants à 9 heures ce jeudi matin. Seule une raffinerie TotalEnergies sur quatre est en fonctionnement.

Des lycées bloqués

Des dizaines de lycées et d'universités étaient bloqués en France : à Paris, l'université d'Assas, bloquée pour la première fois, le prestigieux lycée Louis-le-Grand, ainsi que Racine, Rodin, Jules Ferry... Même chose pour plusieurs établissements à Marseille, Toulouse et Rennes, entre autres.

Le ministère de l'Education nationale a signalé « 148 incidents » dans des lycées en France, dont 38 blocages, 70 blocages filtrants, 14 tentatives de blocages et 26 autres formes de perturbations. Le syndicat étudiant L'Aternative comptabilisait quelque 80 écoles et universités mobilisées en France, dont une soixantaine bloqués au moins partiellement ou occupés.

Jeudi noir dans les transports

Le syndicat FO-RATP, première organisation chez les conducteurs de métro, a appelé à faire de ce jeudi « une journée noire » dans les transports. Pour autant, si le trafic des RER et du métro parisien sera « très perturbé », il le sera moins que celui observé au début de la mobilisation.

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Pour la journée de vendredi, la RATP prévoit un trafic normal vendredi, sauf sur les lignes A et B du RER, selon un communiqué publié jeudi. La régie table en moyenne sur 3 trains sur 4 sur le RER A et 2 trains sur 3 sur le B, les interconnexions étant maintenues. Les métros, tramways et bus doivent circuler normalement.

A la SNCF, seule la moitié des TGV Inoui et Ouigo, ainsi que le tiers des TER roulent. Le taux provisoire de grévistes atteignait 25% jeudi midi à la SNCF. Selon une source syndicale, la mobilisation reprend de la vigueur, mais reste bien moindre qu'au début de la mobilisation. Quelque 15% des cheminots devraient être en grève vendredi, selon la même source.

Amélioration du trafic SNCF vendredi

La SNCF prévoit vendredi une amélioration sur les grandes lignes et les TER, avec notamment 3 TGV sur 5. SNCF Voyageurs prévoit de maintenir les trois quarts des TGV Inoui et Ouigo, trois cinquièmes des Intercités et trois cinquièmes des TER, a indiqué un porte-parole à l'AFP jeudi. Aucun train de nuit ne roulera.

Sur le réseau ferroviaire francilien, la circulation des trains restera passablement perturbée, les lignes les plus affectées étant la partie SNCF du RER B (au nord), les RER C et E et les lignes Transilien N et P, avec 1 trains sur 2. La direction prévoit de faire rouler 3 trains sur 5 en moyenne sur le RER D et la ligne R, mais des trains supplémentaires sont prévus sur la D pour la desserte du Stade de France à Saint-Denis. Les deux tiers des trains programmés seront maintenus sur les lignes H, J, L et U.

La direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% dans d'autres aéroports, une demande qu'elle a réitéré ce jeudi pour la journée de vendredi.

La Tour Eiffel et le château de Versailles, entre autres lieux touristiques de Paris et de sa région, étaient à nouveau fermés au public. L'Arc de triomphe, en haut des Champs-Elysées, était également fermé.

« Il y a un délai de décence »

Selon une source proche du gouvernement, l'exécutif s'attend à ce que la mobilisation « s'étiole » après la manifestation de jeudi, et à ce que tout rentre dans l'ordre « ce week-end ». Emmanuel Macron veut par ailleurs « réengager » un dialogue avec les partenaires sociaux sur le rapport au travail.

Mais « il faut attendre quelques jours, quelques semaines », a-t-il observé. Réponse immédiate de Laurent Berger : « Ce sont des mots creux, pour l'instant, il y a un gros conflit social, une crise démocratique, une crise sociale. Faut être dingue, il y a un délai de décence ».

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Les syndicats fulminent

L'interview du président de la République Emmanuel Macron a été suivie par 10 millions de téléspectateurs sur TF1 et France 2 mercredi à 13 heures. « Cette intervention va attiser la colère », a affirmé sur RTL le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui quittera la semaine prochaine la direction de la Confédération, lors du 53e Congrès de l'organisation.

« La provocation vient de la part du pouvoir », a-t-il dit, dénonçant une comparaison « scandaleuse » avec les émeutes du Capitole et la volonté de l'exécutif de « casser la grève » en envoyant la police sur les piquets de grève. « Déni et mensonge », a fulminé son homologue de la CFDT Laurent Berger, alors qu'Emmanuel Macron venait d'affirmer qu'aucun syndicat n'avait proposé de compromis sur les retraites.

(Avec AFP)